Michel Volet (à droite): «Il était plus ou moins évident que si quelqu’un devait reprendre la fonction du président, c’était moi.» © McFreddy
La situation est tendue sportivement, mais aussi financièrement. Président ad interim depuis le 1er décembre, le Broyard établi en Gruyère l’admet tout en calmant le jeu.
Gottéron est sous la barre et ne fait plus recette. L’entraîneur Hans Kossmann a été licencié le 12 octobre. Il a été remplacé une semaine plus tard par Gerd Zenhäusern. Les gradins se vident. Le président Charles Phillot a quitté un navire qui prend l’eau de partout. Vingt mois après la finale perdue contre Berne, le Dragon est bien malade. Le club n’avait pas connu pareils remous depuis le dernier sauvetage, en 2006. Michel Volet, président par intérim, dit ses quatre vérités et répond à quelques questions que tout le monde se pose.
- Michel Volet, comment jugez-vous la situation de Fribourg-Gottéron?
D’un point de vue sportif, je constate un redressement très net depuis l’arrivée de Gerd Zenhäusern à la tête de l’équipe. Il n’est pas magicien au point de nous permettre d’engranger 60 points en 20 matchs. Il y a eu un coup d’arrêt sur le chemin du redressement parce que notre effectif est décimé. On tire sur les organismes de nos leaders qui ne sont pas des machines. Ce sera extrêmement compliqué jusqu’au bout. Mais je suis optimiste, d’autant plus en connaissant l’état d’esprit de chacun et la volonté affirmée d’atteindre les play-off.
- Et d’un point de vue administratif?
Nous vivons également une situation compliquée. Il y a eu le départ de notre président, de façon somme toute abrupte, et nous devons pallier cette absence. Il y a un travail énorme au quotidien. Pour moi, c’est beaucoup plus difficile que lors de mon premier intérim à la présidence (après le décès de Laurent Haymoz survenu le 3 février 2013, ndlr). La situation sportive difficile génère une diminution des recettes. L’affluence dans les secteurs debout nous cause les plus grands tourments. Il y a en moyenne 400 à 500 personnes de moins par match que ce que nous espérions. Notre budget a été établi sur de meilleures affluences.
- Pour quelle raison avez-vous accepté de reprendre la présidence par intérim?
Il y a eu urgence et on a tenu compte de l’équipe en place. Il était plus ou moins évident que si quelqu’un devait reprendre cette fonction, c’était moi, le vice-président, qui l’avait déjà fait il y a près de deux ans.
- Il paraît qu’être président de Gottéron rapporte 120 000 francs par année…
A qui dois-je envoyer ma facture? Plus sérieusement: Charles Phillot n’a jamais touché un centime de Gottéron! Il était effectivement prévu que, depuis la saison dernière, les membres du conseil d’administration et le président touchent quelque chose à titre de défraiement. Au regard de la situation difficile de la dernière saison, tout le monde avait renoncé. Nous avons également convenu qu’il en serait de même pour cette saison.
- Gottéron enregistre les plus mauvaises affluences depuis cinq ans avec un record négatif de 5579 spectateurs contre Kloten mardi 2 décembre. Comment réagissez-vous à cette désaffection du public?
La mauvaise passe sportive avec des résultats en dessous des espérances est un facteur. Pourtant, ne dit-on pas qu’on apprend à connaître ses vrais amis dans les moments difficiles? Ce serait toutefois simpliste de s’arrêter à ça. Il y a eu beaucoup de matchs depuis le début de la saison avec encore la Coupe de Suisse et la Champions Hockey League. En plus, nous avons souvent joué en semaine pour le compte de la ligue A. Sur l’ensemble de la saison régulière, cela va s’équilibrer. J’ai bon espoir qu’on redresse la barre et qu’on revienne à un taux d’occupation correct. Ou alors, devrons-nous revoir le système en augmentant le nombre de places assises? Il existe toujours une demande que nous ne pouvons satisfaire.
- Au 31 octobre, la perte avoisinait 700'000 francs selon certaines sources. Craignez-vous le pire pour la fin de saison?
La situation financière est tendue, voire compliquée, mais ce chiffre ne correspond pas à la réalité du jour. Le budget est discuté à chaque fin de mois en fonction des projections que nous pouvons faire au moment présent et jusqu’à la fin de la saison. Nous devons continuellement trouver de nouvelles ressources afin d’équilibrer le budget. Si la baisse d’affluence, qui péjore autant la billetterie que la restauration, se poursuit, nous aurons effectivement de sérieux soucis à la fin de la saison. Mais Gottéron est loin d’une opération de sauvetage. Le pire serait de ne pas disputer les play-off et qu’Hans Kossmann ne retrouve pas d’emploi.
Chaque année, les prévisions établies en novembre font état d’une perte. Nous avons toujours redressé la barre. Cette année, les charges sont évidemment encore plus élevées après un licenciement d’entraîneur.
- Justement, avez-vous des nouvelles d’Hans Kossmann?
Il est à disposition du club. Il vient de partir au Canada pour trois semaines de vacances. Nous savons qu’il aimerait trouver un emploi au plus vite. Il veut travailler et n’entend pas rester inactif.
- Qui est susceptible de reprendre la présidence de Gottéron?
Le sujet n’a pas du tout été abordé pour l’instant. Il sera prochainement à l’ordre du jour d’une séance entre actionnaires (principaux, ndlr) et membres du conseil d’administration. Il n’y a qu’une seule urgence aujourd’hui: la situation sportive actuelle.
Patricia Morand