11 septembre 2015

Pas de nouvelle patinoire, mais une rénovation


Le vétuste stade fribourgeois, inauguré il y 33 ans, subira un lifting bienvenu, mais ne sera pas remplacé par une nouvelle enceinte. [Daniel Teuscher - EQ]



Selon un article du quotidien fribourgeois La Liberté, paru vendredi, Fribourg-Gottéron ne s'installerait pas dans une nouvelle arène à l'horizon 2019. La piste de la rénovation de Saint-Léonard semble être la solution finale adoptée.

Les informations recueillies par le journal fribourgeois ne sont pour l'instant que des rumeurs, bien que confirmées par plusieurs sources proches du club préférant faire profil bas.

C'est que le sujet est sensible à Fribourg, où les rebondissements se succèdent depuis près de cinq ans, peut-on lire en page 13. Aucun des acteurs principaux du projet, soit Fribourg-Gottéron, la ville, le canton ou l'entreprise Losinger Marazzi, supposée s'occuper des travaux, n'a ainsi accepté de témoigner.

"Seulement" 50 millions de francs

Le nouveau projet prévoit le rehaussement et le réaménagement de la patinoire. Sa capacité serait augmenté à 8'500 places et la fin des travaux est prévue pour 2019, au plus tard. Alors qu'une nouvelle enceinte aurait coûté 100 millions de francs, la piste de la rénovation permettrait de réduire ce montant de moitié et de faire appel à des entreprises régionales.

La Liberté ajoute que les matches du club ne seraient pas perturbés. Le président du club Michel Volet promet une information à la mi-octobre.

Explications

Le dossier de la nouvelle patinoire de Saint-Léonard ressemble de plus en plus à un serpent de mer. Cela fait bien cinq ans qu’il est sur la table des responsables de Fribourg-Gottéron et des autorités politiques du cru, mais aucune solution tangible ne sort du chapeau. Au contraire, esquisses et desseins contrariés se succèdent dans une joyeuse confusion, au point qu’on en vient à douter que le projet se concrétise un jour.

Le dernier rebondissement est spectaculaire. Alors que, depuis deux bonnes années, les acteurs concernés planchent sur un scénario prévoyant l’édification d’une nouvelle enceinte à l’emplacement de l’actuelle deuxième piste de glace, qui serait démontée pour l’occasion, voici qu’ils changent leur fusil d’épaule. Selon les informations de «La Liberté», les dirigeants du club de hockey ont abandonné cette option au profit d’une rénovation de l’actuelle BCF-Arena, la «P82», comme on l’appelle, puisque le bâtiment a été inauguré en 1982.

Ce revirement est confirmé par plusieurs sources, qui s’expriment toutefois toutes sous couvert d’anonymat. Officiellement, autant du côté de Fribourg-Gottéron et de sa «task force» mise en place pour faire avancer le dossier, que de celui de la ville et du canton de Fribourg ou de l’entreprise Losinger Marazzi - pressentie pour réaliser l’ouvrage -, les renseignements à ce sujet tiennent en trois mots: pas de commentaire.

Le dossier de la nouvelle patinoire a connu bien des avatars ces cinq dernières années. Il a longtemps été porté par le promoteur fribourgeois Pascal Kuenlin, qui a esquissé différents schémas. Mais c’est finalement la société Losinger Marazzi qui lui brûle la politesse, avec un concept utilisant l’espace où est située l’actuelle patinoire d’entraînement. Les dirigeants de Fribourg-Gottéron sont sous le charme - le président de l’époque Charles Phillot en tête -, et optent pour cette proposition.

Enormes tensions

La ville de Fribourg, propriétaire du terrain, suit les desiderata du Dragon. La commune martèle toutefois ce message: ce n’est pas aux collectivités publiques de financer des infrastructures sportives professionnelles. Soucieuse en revanche d’en faciliter la réalisation, elle garantit un soutien de 5 millions de francs, auxquels s’ajoute le droit de superficie du sol, d’une valeur estimée à 10 millions de francs. De son côté, le canton promet un subventionnement de 15 millions de francs.

Le projet de Losinger Marazzi prévoit une enceinte de 8500 places (à deux tiers assises), des loges, des restaurants, des locaux administratifs. Son prix est estimé à 100 millions de francs, dont 60 millions pour la patinoire proprement dite. Il serait financé par un investisseur privé, qui louerait les infrastructures au club. Ce dernier élément, qui semble avoir été négligé dans un premier temps, déclenche bientôt une crise. Le prix de location demandé - il se monterait à 2 millions de francs par an - est jugé prohibitif, en particulier par les sponsors de Gottéron. La situation crée d’énormes tensions, qui font partie des causes de la démission de Charles Phillot de la présidence en automne dernier.

C’est à la suite de cet épisode qu’est créée la «task force», qui réunit Albert Michel, président du conseil d’administration de la Banque cantonale de Fribourg, Gaston Baudet, un ancien président de Gottéron, et Claude Gremion, directeur Conseils et stratégie de Groupe E. Son ambition: financer le projet grâce à des partenaires du cru - par exemple en formant une société immobilière ad hoc -, plutôt que par de l’argent extracantonal.

Une question de loyer

Dans l’optique de la «task force», le club ne devrait pas verser un loyer annuel dépassant 200 000 francs - à titre indicatif, il paie actuellement à la ville de Fribourg un montant de 170 000 francs pour l’usage des deux pistes de glace. Ce dessein explicite le repli du club sur un projet de rénovation de la «P82» (évoqué en son temps), moins onéreux que la construction d’un nouvel édifice. Surélevée et réaménagée, la patinoire aurait la capacité d’accueillir 8500 spectateurs - un objectif qui demeure inchangé.

Or cette opération coûterait sans doute moins de 50 millions de francs. Elle pourrait être menée par des entreprises fribourgeoises actives dans le bâtiment. Reste à voir si la société Losinger Marazzi serait partie prenante du projet. A noter que les travaux devraient pouvoir être menés sans perturber l’organisation des matches dans la BCF-Arena. La nouvelle enceinte serait inaugurée au plus tard en 2019.

Encore des inconnues

Autre avantage de ce scénario: il épargne la seconde piste de glace, construite il y a cinq ans seulement. Cela dit, il subsiste bien des inconnues. Ne serait-ce que le plan d’aménagement du site, qui doit être paraphé par la commune voisine, Granges-Paccot. Or cette dernière fait pour l’instant la sourde oreille. «C’est un secteur particulier, qui nécessite une coordination du stationnement et du trafic, très dense. La solution retenue devra satisfaire toutes les parties», indique à ce propos René Schneuwly, syndic de Granges-Paccot.

Le dossier de la nouvelle patinoire semble néanmoins progresser. Michel Volet, le président de Gottéron, a ainsi annoncé mercredi sur les ondes de RadioFR que ses contours seraient dévoilés dans la première quinzaine d’octobre.

FRANÇOIS MAURON