On ne le répétera jamais assez. Peu importe la question posée à Fribourg, la réponse est toujours la même: Julien Sprunger. Et celle donnée ce samedi soir a enlevé une chape de plomb de plusieurs tonnes sur la tête de tout un canton. Est-ce exagéré de dire cela? À peine. Ce samedi soir, au moment où le capitaine des Dragons a vu son essai tromper une quatrième fois Janne Juvonen, tout semblait se liguer contre son équipe.
Après avoir mené 3-0, les Fribourgeois ont multiplié les fautes plus ou moins bêtes pour laisser leur adversaire revenir peu à peu jusqu'à égaliser à 3-3 avant la deuxième pause. «Sur le banc, je voyais qu'on était redevenus négatifs, a remarqué Yannick Rathgeb. C'est dans ces moments qu'il faut donner de l'énergie aux gars.»
Cette réussite d'André Heim a eu le don de faire descendre des sifflets des gradins de la BCF Arena. Deuxième? Oui, car le nom du coach, Pat Emond, n'a pas été accueilli avec des applaudissements par le public local avant la rencontre. Ce samedi soir, Fribourg jouait un match capital, mais l'enjeu pour le coach était peut-être encore plus grand. «Julien a sorti un lapin de son chapeau», image l'entraîneur des Fribourgeois. Vrai, tant le No 86 a glissé le puck dans un angle impossible avec la complicité d'une jambe adverse.
Premier tiers réussi... enfin
S'ils ont gagné, les Fribourgeois ont surtout réussi leur premier tiers-temps. Fait suffisamment rare pour être signalé. Ce score de 3-0 était même une première dans la saison. En effet, les Dragons n'avaient jamais mené après 20 minutes durant cette saison. Pire encore: ils n'avaient marqué qu'un seul but. C'était à Langnau lors du deuxième match de la saison (1-1 après la première période). Sinon? Ils ont été menés à six reprises durant cette première reprise.
«Quand tu passes la soirée à courir après le score, tout est plus difficile, admet Yannick Rathgeb. Physiquement, cela ne change peut-être pas grand-chose. Mais dans la tête, tout est plus compliqué.» Cette bonne entame est intervenue moins de 24 heures après la déculottée reçue à Lausanne (6-0).
«Mieux contrôler les émotions»
«On est rentrés très fort», apprécie Pat Emond. Et même si les bonnes intentions ont été parfois mal canalisées, le coach n'en tient pas rigueur à ses joueurs. «Le patient malade a montré des émotions, remarque le technicien. On avait dit qu'il était important d'avoir des émotions, mais également qu'il fallait mieux les contrôler. Ce que je retiens, c'est que les gars étaient prêts.» Le coach n'a toutefois pas non plus envie de trop s'enthousiasmer après ce succès qui met fin à une série de quatre défaites. «Il faut enchaîner désormais et le groupe a montré qu'il voulait s'en sortir.»
Ce samedi soir, Fribourg n'a peut-être pas balayé tous ses doutes. Loin s'en faut. Mais les Dragons ont prouvé qu'il y avait encore de la vie sous les casques. Vendredi soir, on était en droit d'en douter. À confirmer en Champions League en cours de semaine, mais surtout vendredi prochain à Zoug, un autre «patient malade» en ce début de saison.
Grégory Beaud