3 novembre 2024

Borgman le fantôme, Mottet toujours muet, Schmid au point mort

 

L'antre des Dragons ne fait d'ailleurs plus peur à personne cette saison (six défaites en dix sorties), si ce n'est peut-être au fidèle public fribourgeois. Car ce qui lui est globalement présenté sur la glace depuis le début de l'exercice se rapproche davantage des films d'horreur que du hockey de haut de tableau.

C'est vite vu: depuis le début de cette cuvée 2024-2025, la formation de Pat Emond a perdu précisément deux tiers de ses rencontres de National League (12 sur 18 sorties) et n'a réussi à enchaîner deux résultats positifs qu'à une seule reprise (victoire contre Lugano le 19 octobre, puis à Ajoie trois jours plus tard).

Bien en deçà des attentes, ce début de championnat médiocre est la résultante d'erreurs commises à tous les niveaux au sein du club. Sur la glace, trois joueurs symbolisent pleinement la crise dans laquelle se trouvent actuellement les Dragons.

Andreas Borgman

L'arrière suédois n'a certes jamais été présenté comme le nouveau Henrik Tömmernes du championnat de Suisse lorsqu'il a rejoint Fribourg-Gottéron à l'été 2023. Mais son palmarès (champion de SHL et d'AHL), son expérience (55 apparitions en NHL) et son profil (défenseur physique polyvalent) avaient suscité la curiosité à son arrivée.

Auteur d'une première saison encourageante sur les bords de la Sarine (27 unités en 63 présences), le joueur de 29 ans n'est pas parvenu à enchaîner en ce début d'exercice. Quand il n'est pas effacé dans le jeu, il se distingue par des mauvaises relances. Il ne remplit pas son rôle de leader et enchaîne les apparitions anonymes (deux points, -5).

Killian Mottet

Killian Mottet, c'était 367 points (dont 164 buts) en 629 matches de National League au coup d'envoi de la présente saison. Plus qu'honorable, ce bilan n'a guère gonflé après les 18 premières sorties de l'exercice de l'ailier fribourgeois. Ce dernier, auteur seulement de trois assists, offre pour l'heure des performances indignes de son statut.

Preuve du malaise existant, le No 71 des Dragons, parfois teigneux sur la glace, n'a écopé d'aucune pénalité. Cette invisibilité lui aurait assurément coûté un petit tour (habituel) au bout du banc ou en qualité de treizième attaquant au temps de Christian Dubé.

L'émotion est extrêmement palpable sur le visage de Killian Mottet. Le No 71 a la gorge serrée, il en perd ses mots. Au sortir du match entre Gottéron et Kloten son 18e de la saison en National League sans but, le Fribourgeois est très marqué par sa situation. D'abord, c'est pourtant la frustration qui l'emporte.

Après son interview donnée à «Radio Fribourg» et questionnée sur son manque de réussite depuis le début de la saison devant la cage, Killian Mottet lâche un immense soupir – pas par exaspération pour la question, mais plutôt par la situation dans laquelle il est embourbée. «Comme je ne suis plus à la radio, je peux le dire en bon français: Ça me fait royalement chier de ne pas pouvoir aider l'équipe de cette manière.»

La période creuse de Killian Mottet est comme le Beaujolais nouveau: elle arrive une fois par année. Mais cette saison, elle semble se prolonger inutilement pour le Dragon, qui a quand même marqué à 4 reprises en Champions Hockey League. Pas suffisant. «Je me pose plein de questions, avoue l'attaquant. C'est frustrant et je suis déçu.» Tous les fans de Gottéron savent que leur joueur marche à la confiance. Lui aussi, d'ailleurs: «Il faut que je me bouge le cul pour marquer le premier car je pense que, d'une fois que c'est le cas, ce sera parti.»

En attendant, Killian Mottet doit mettre son poing dans sa poche, et aider son équipe autrement. «Il faut que défensivement, je sois bon», analyse-t-il. Pourtant, il n'arrive pas à trouver la cause à tous ses problèmes. «Je regarde les vidéos, les matches et mes stats, souffle-t-il. Je n'ai rien changé. Mais à l'inverse, je devrais peut-être tout modifier. Tenter totalement autre chose, voire prendre une canne pour droitier.» Si «Kiki» a momentanément perdu son sens du but, ce n'est au moins pas le cas de son humour.

À Radio Fribourg il y a quelques jours, le No 71 expliquait être suivi par quelqu'un. Un coach mental? «Ça fait 5 ans que je suis suivi par une psychologue, précise-t-il. Ça m'aide énormément mais c'est sur la glace que ça se passe. Ce n'est pas ma psy qui va marquer des buts pour moi.» Toutefois, en parler lui fait surgir énormément d'émotions: «Il ne faut pas se cacher de voir quelqu'un… On est des êtres humains… (Il s'interrompt, il a la gorge serrée) Ça me touche.»

Killian Mottet sait pourtant qu'il ne peut et ne doit rien lâcher. «Il faut penser positif, précise-t-il. Demain (ndlr: vendredi), je serai de retour à l'entraînement, je vais mettre des buts à l'entraînement et je vais tout faire pour que ça rentre en match.»

Heureusement pour lui, il est bien entouré par le staff de Gottéron, Pat Emond en première ligne. «Kiki n'est pas dans une situation facile, concède son entraîneur. Il travaille fort et se procure des chances.» Le coach des Dragons sait aussi qu'avec lui, il doit parfois communiquer différemment. «Il sait qu'il est sous pression mais il n'est pas question que je lui crie dessus car il a une personnalité différente.»

Pat Emond essaie donc de l'aider comme il peut. Mais à nouveau, ce n'est pas lui qui peut inscrire le premier but de Killian Mottet en National League cette saison. Une fois que cette première pierre à l'édifice sera posée peut-être déjà samedi face à Zurich, le Fribourgeois jouera sans aucun doute de manière bien plus détachée.

Sandro Schmid

À 24 ans, l'attaquant originaire de Morat marque le pas. Après son explosion en 2021-2022 (30 points en 59 parties) et sa confirmation la saison suivante (23 unités en 51 sorties), Sandro Schmid voit sa progression stagner depuis de nombreux mois.

Problème? Le No 71 des Dragons, formé au club, est en fin de contrat au terme de la saison actuelle. S'il entend signer un nouveau bail intéressant, à la BCF Arena ou ailleurs, le Fribourgeois va devoir urgemment passer la vitesse supérieure et prendre ses responsabilités. Car, jusqu'à présent, il n'a été décisif qu'au cours de trois parties (un but contre Ajoie, une passe face à Davos et un doublé devant Lugano).

Matthias Davet

Chris Geiger

blick.ch & lematin.ch