15 octobre 2014

Qu'est-ce qu'un bon coach?

A part ça, quand un entraîneur est viré, c'est toujours la question. Etait-il trop gentil, trop dur? © Alain Wicht/La Liberté


Hans Kossmann avait fini probablement par l'oublier. Mais un entraîneur doit aimer son équipe de la même façon que votre copine vous aime…

Titre de l'entretien donné par Hans Kossmann à Planetehockey.com après son licenciement: «J'ai peut-être été trop gentil». Lui, oui, peut-être trop gentil. Ce qui expliquerait les défaites de Gottéron et donc son limogeage, prévisible soit dit en passant avant même le début du championnat.

Kossmann pense avoir été trop tendre avec ses joueurs? Les joueurs qui sont tombés sur cette déclaration ont dû choper un sacré fou rire. Après trois saisons, Hans aura réussi enfin à les amuser. Ouf, c'était moins une!

A part ça, quand un entraîneur est viré, c'est toujours la question. Etait-il trop  gentil, trop dur? Ces histoires de gentil et de pas gentil, moi, me courent sur le haricot. Qu'est-ce que la gentillesse vient foutre là-dedans? Un coach n'a pas à être gentil ou méchant, on lui demande juste d'être bon. Encore faut-il savoir ce qu'est un bon coach…

Vous le savez, vous? Moi pas. Même que je pourrais devenir président de Gottéron, tant j'ignore ce qu'est un bon coach. Mais attendez, ne zappez pas, j'ai quand même ma petite idée.

Un bon coach, je suppose, est un capitaine. Or à quoi reconnaît-on un grand capitaine? Déjà à ce qu’il ne se trompe pas d’ennemi, qu'il lie son destin à ses soldats et joue contre ses adversaires plutôt que contre sa propre troupe.

Les coaches qui se plantent, ça n'a jamais manqué. Et tous ceux que j'ai vus passer un peu partout avaient ceci en commun: ils se méfiaient davantage de leurs joueurs que de leurs adversaires.

Un grand capitaine, j'imagine, aime ses joueurs. Et quand je dis aimer, ça n'a rien à avoir avec le fait d'être gentil. Capable d'avoir des colères de dieu antique, mais doué aussi de sentiments plus doux, il doit aimer ses gars de la même manière que votre copine ou votre femme vous aime.

Oui, pareil: tout le temps sur votre dos, toujours à vous faire des remarques, à vous corriger, à mettre le doigt sur vos lacunes, à vous bousculer, ainsi qu'à vous encourager, à vous rassurer, à vous rendre plus ambitieux, bref à chercher sans cesse à vous améliorer.

Pénible, hein? Pourtant, bizarrement, vous en redemandez. Parce que votre belle vous est dévouée et sait vous murmurer à l'oreille, de temps en temps, que vous êtes son bébé d'amour!

Le mélange d'autorité et de souplesse, de rigueur et de flair, de bon sens et de fantaisie, d'assurance et de doutes qu'exige le boulot d'entraîneur. Fichu métier. Vous dirigez une vingtaine de types qui jouent tous mieux que vous et devez leur dire comment jouer.

N'était que ça! Il faut par-dessus le marché leur montrer comment vivre, et si possible comment vivre ensemble. Un bon coach, au fond, n'est peut-être rien d'autre qu'un entraîneur de vie. Parce que le sport, c'est la vie même.

Tiens, encore un truc commun aux coaches qui finissent par lasser: ce sont des monomaniaques, en général, qui savent tout du hockey et pas grand-chose du reste. Or un bon coach, je crois, se doit d'être un homme complet.

Il peut vous parler aussi bien de hockey que d'un vin, d'un voyage, d'un livre, d'un film, d'une femme ou d'un grand-père bien-aimé. Entraîneur de vie, quoi! Et éveilleur d'envie: sachant que la joie de jouer est la meilleure des solutions pour une équipe, il est ce type pour qui vous irez vous entraîner avec le sourire.

Gerd Zenhäusern est-il le «bon coach» dont Fribourg a besoin? S'il ne l'est déjà, il semble avoir pas mal de qualités pour le devenir. Ah oui, parce que j'oubliais de le dire: on ne naît pas bon coach, on le devient. Au cas où, Arno Del Curto, Kevin Schläpfer et Chris McSorley ne se sont pas faits en un jour.

Pascal Bertschy