Après avoir touché le fond à Berne vendredi, Fribourg-Gottéron n’a pas réagi à domicile samedi contre Davos. Battus 1-4, les Dragons ont concédé leur troisième revers consécutif et se retrouvent à l’avant-dernier rang de National League. Le coach Pat Emond n’élude pas le mot crise: «Nous y sommes rendus. C’est sûr. Quand on peine à marquer, on peine à gagner. La frustration s’est installée. La période est très tumultueuse.»
Des supporters résignés ont quitté l’enceinte fribourgeoise samedi. Aussi frustrés que les joueurs, incapables de sortir de la spirale négative. «Il n’y a pas grand-chose à garder de cette dernière semaine», reconnaît Nathan Marchon. «Le bilan, c’est trois matches et zéro point! On ne fait pas le job sur la glace. C’est triste et on s’en veut énormément.» Et l’attaquant de rappeler: «Nous avons la chance d’avoir encore les fans derrière nous. Il faut jouer pour eux, pour tous ceux qui nous soutiennent.»
«Vraiment mauvais»
Les Dragons manquent de tout. «C’est vraiment mauvais. Tout semble jouer contre nous», regrette Julien Sprunger. «On n’arrive pas à prendre le momentum. Contre Davos, nous avons aussi un peu de malchance.» Nathan Marchon pense au tir sur le poteau de Gunderson ou à l’arrêt miraculeux d’Hollenstein devant de la Rose. Des détails compte tenu de l’ampleur du désastre.
«Depuis le début de la saison, on ne génère à peu près rien offensivement», déplore Pat Emond. «Il existe dans cette équipe des habilités offensives que nous ne retrouvons pas. Pour marquer, il faut mettre le nez où ça fait mal et tout le monde n’est pas prêt à souffrir.» Le coach, qui reste toujours l’homme de la situation selon des termes répétés par le directeur sportif Gerd Zenhäusern samedi, a-t-il des solutions? «Il faut que tous les joueurs fassent le boulot pour lequel ils ont été embauchés. Qu’ils se regardent dans le miroir. Il faut arrêter de se cacher la tête dans le sable. Tout le monde a une responsabilité. Je peux en endosser une partie, mais je ne vais pas prendre la pression pour tout le monde…»
«Avec ce qu’on a»
«Lors de sept de nos neuf matches, nous n’avons marqué qu’un ou deux buts», reprend Pat Emond. «Les joueurs doivent donner plus. Rathgeb n’a pas joué contre Davos. Si nous avions un contingent plus large, d’autres se seraient retrouvés en tribune. On fait avec ce qu’on a.»
Les Dragons ont déjà eu deux discussions franches, dans l’intimité du vestiaire et sans encadrement. «Si on parle après chaque match, cela n’apporte plus rien», lâche Julien Sprunger qui, en bon capitaine, a montré l’exemple en allant devant le gardien adversaire pour piocher et… inscrire le seul but des siens contre les Grisons. Reste qu’il est difficile d’expliquer le comportement de Gottéron alors que l’équipe n’a pratiquement pas changé.
Sprunger analyse: «Les individualités, deux unités de jeu de puissance qui fonctionnaient, des soirées où nous ne donnions pratiquement rien défensivement, voilà ce qui constituait notre force. C’est un peu notre faiblesse aujourd’hui. Nous n’avons pas commencé avec confiance. Nous sommes confrontés et nous nous sommes vite perdus. Se retrouver dos au mur après neuf journées, cela déstabilise. On a de la peine à trouver des solutions.» Aveu d’impuissance.
Une solidarité évaporée
«J’ai déjà vécu des crises, même pires», poursuit le capitaine. «Après la saison écoulée, nous avions des ambitions. Notre début est catastrophique.» Comment un groupe solidaire a-t-il pu pareillement perdre son caractère? «Après Noël, l’annonce du départ d’Andreï (Bykov, ndlr) avait encore soudé un peu plus l’équipe. Le groupe est le même. On ne peut pas trouver d’excuse ou mettre la faute là-dessus.»
Les changements derrière le banc pourraient avoir influencé la dynamique… «Non», coupe Julien Sprunger. «On peut trouver des explications où on veut… Tout le monde se pose des questions à l’extérieur. Dans l’équipe, nous ne sommes pas dans cette optique. On a un plan de match. Christian Dubé ne mettait pas le puck au fond. Pat Emond ne va pas le faire non plus. Il nous donne les grandes lignes. Après, il y a des manquements dans l’exécution, dans l’intensité et dans la réussite. Dans pas mal de choses. Certaines questions se posent et c’est légitime. Mais ces questions, ce n'est pas à nous de les poser. Nous devons continuer à bosser et à suivre. Si le capitaine du bateau donne la direction et que tout le monde pédale en arrière, on n’arrivera nulle part. On se doit d’aller tous dans la même direction.»
Patricia Morand