La grogne populaire monte à Fribourg. Longtemps conciliants, les supporters de Gottéron commencent à montrer leurs premiers signes de mécontentement après la fessée reçue par leur équipe favorite vendredi sur la glace de Lausanne (6-0). Les Dragons, treizièmes de National League avec 8 petits points en 10 rencontres, restent sur 4 défaites de rang. Trop pour une partie du public.
À leur arrivée à la BCF Arena après le revers concédé à Lausanne, ils ont été accueillis par deux banderoles virulentes. «Un public en deuil pour une équipe sans orgueil» et «Joueurs, entraîneurs, dirigeants: tous responsables», était-il écrit. La fronde s’est également organisée sur les réseaux sociaux.
Un internaute a décidé de créer un groupe Facebook pour réclamer la réintégration de Christian Dubé juste après le revers concédé vendredi à la Vaudoise aréna. Intitulé «Pour un retour de Christian Dubé», il compte déjà plus d’une cinquantaine d’adhérents.
Une frange du public souhaite la démission de Gerd Zenhäusern
«Pour que Christian Dubé revienne sur le banc comme entraîneur principal de Gottéron et qu’on lui donne carte blanche! Le seul qui avait un vrai projet pour cette équipe», a écrit le fondateur du groupe en guise de description.
Un participant anonyme a lancé le sondage suivant: «Que souhaitez-vous pour notre club?». Les quatre choix de réponse étaient les suivants: Retour de Christian Dubé, Pas de changement, Autre entraîneur, Démission de Gerd Zenhäusern. À l’heure d’écrire ces lignes, le départ de l’actuel directeur sportif récolte 53% des suffrages, contre 36% pour le retour de l’ancien entraîneur.
Le nombre de votants étant très faible comparativement à celui des supporters du club, ce sondage ne permet de tirer aucune conclusion. Néanmoins, le désaccord entre une frange du public et la stratégie de Fribourg-Gottéron est perceptible.
Une question demeure: un hypothétique retour de Christian Dubé, démis de ses fonctions en mai, est-il crédible? Bien qu’il soit probablement attaché à une équipe qu’il a bâtie et encore sous contrat, cela semble bien improbable. À moins d'un grand coup de sac.
Au cours des dernières heures, une frange des supporters de Gottéron a clairement manifesté son ras-le-bol et sa colère en raison du début de saison complètement raté de leur équipe préférée. Des sentiments que les fans rencontrés dans les travées de la BCF Arena ont rapidement exprimé.
«Descente aux enfers»
«Les résultats ne suivent pas, c'est une certitude, peste Jonathan. L'équipe ne jouait pas si mal lors des premiers matches, puis ça a été la descente aux enfers. Au début de la saison, on ne s'attendait pas à être treizièmes après onze journées de championnat.»
Car malgré le succès laborieux conquis samedi soir face aux Biancoblù, le capitaine Julien Sprunger et ses coéquipiers restent scotchés à l'avant-dernière place du classement de National League. Une bien mauvaise surprise, qui semble s'expliquer.
«Tout n'a pas été fait de manière juste par rapport à Andrei Bykov, estime Sébastien. Et Christian Dubé, on l'aime ou on ne l'aime pas, mais c'était quand même un teigneux, qui ne lâchait rien et qui donnait le 100%. Je n'ai pas l'impression que ce soit toujours le cas à tous les étages, notamment au niveau des dirigeants. Je trouve qu'à Gottéron, on se contente un peu de ce qu'on a.»
Cet ancien abonné prend l'exemple du discours tenu par la direction fribourgeoise au terme de la précédente saison, après l'élimination des Dragons en demi-finales des play-off contre le Lausanne HC.
Christian Dubé plébiscité
«Ils se sont félicités d'avoir fait rentrer de l'argent dans les caisses, rappelle-t-il. Oui, l'argent est nécessaire pour faire tourner un club comme Gottéron. Mais à un moment donné, il n'y a pas que ça. À Genève, Jan Cadieux a dit à ses gars dès le premier jour qu'il voulait gagner le titre. Et ils l'ont eu (ndlr: en 2023). À Fribourg, on est un peu le club des éternels losers.»
L'annonce du renvoi de Christian Dubé, remplacé par Pat Emond pour une unique saison, et l'arrivée prévue à l'été 2025 du coach suédois Roger Rönnberg n'ont guère été comprises par le public fribourgeois. Du moins, la formule concoctée.
«Pas mal de gens appréhendaient ce changement d'entraîneur», souffle Quentin. Sébastien va même plus loin: «Je me suis tout de suite dit que cette année de transition n'allait pas marcher.»
Alors dans pareilles circonstances, tous les regards se tournent vers le banc et l'entraîneur, en l'occurrence Pat Emond. «C'est plus facile de mettre une personne à la porte que 25 joueurs, poursuit Sébastien. Personnellement, je pense que le problème vient de la direction. Mais je reste également persuadé qu'aller rechercher Christian Dubé serait la solution.»
Dans les couloirs de l'ancien Saint-Léonard, ils étaient d'ailleurs beaucoup à partager cette opinion samedi soir. «Honnêtement, je pense que ce serait une bonne chose, reconnaît Quentin. Je serais pour, mais je doute que ce soit quelque chose qui puisse se faire.»
Malgré l'entame de championnat catastrophique et la crise sportive dans laquelle Gottéron se trouve, l'antre des Dragons continue de faire le plein match après match. Face à Ambri, les 9119 spectateurs de la BCF Arena, longtemps crispés, sont passés par toutes les émotions, la joie et le soulagement prenant finalement le pas sur la colère.
Colère comprise
«Je peux comprendre que les fans grondent un peu et qu'ils aimeraient des résultats positifs, reprend Jonathan. Mais pour moi, un fan doit être là dans la victoire comme dans la défaite. Il doit soutenir son équipe et la motiver plutôt que la pousser encore davantage au fond du trou.»
Tout l'inverse des bâches déployées devant la patinoire fribourgeoise, qui ont toutefois possiblement eu l'effet escompté. «Je comprends ce mécontentement, lance Quentin. Les banderoles ont peut-être poussé les joueurs dans le bon sens ou touché leur orgueil. À voir, mais je pense qu'elles ont pu être un élément déclencheur.»
Suite de la réponse mardi soir (coup d'envoi à 19h45), lors de la réception des Allemands de Straubing en Ligue des champions. Avec, à la fin de la partie, les mêmes scènes de communion entre le public et les joueurs fribourgeois que celles aperçues samedi?
Ruben Steiger