"Sous un maillot qui se porte avec fierté, si tu le portes; il faudra le mouiller !" Fan's Club Fribourg Gottéron

29 octobre 2024

En laissant partir Chris DiDomenico, Gerd Zenhäusern joue gros

 

«Le hockey est censé être fun, mais là, ça ne l'est pas.» En une phrase lâchée à «Blick», Chris DiDomenico avait mis sur la place publique tout le malaise qui le rongeait. Jusqu'à cette interview, les rumeurs d'un agacement grandissant chez «DiDo» étaient nombreuses. Mais fallait-il les écouter? Lorsqu'une équipe ne tourne pas rond - et c'est peu dire que c'est le cas sur les bords de la Sarine -, les bruits sont nombreux et les trier n'est pas chose aisée.

Mais en ce jour de début octobre, le désormais ex-attaquant de Fribourg Gottéron en avait parlé ouvertement. Il n'a pas de plaisir. Et quiconque a même vaguement côtoyé l'artiste nord-américain l'aura compris: s'il n'a pas de plaisir, il ne sera pas à niveau. Ce qui était le cas depuis le début de saison.

La raison? Selon nos différentes sources proches du joueur, Chris DiDomenico n'était pas satisfait de la manière de jouer prônée par Pat Emond, promu coach durant l'été. Trop de pucks balancés en fond de zone adverse et une propension à ne jamais les récupérer qui coûtait cher aux Dragons. En un sens, le choix de s'en séparer de la part de Gerd Zenhäusern est logique si l'on considère le spleen du No 88. C'est un moyen de consolider le siège vacillant de son entraîneur.

Quitte ou double

Mais (évidemment qu'il y en a un), Chris DiDomenico était aussi un joueur particulièrement apprécié dans le vestiaire. Un grognard hors de l'intimité de l'équipe, mais un bon camarade unanimement apprécié. Comment son départ va-t-il être accepté par ses anciens coéquipiers? À l'heure où Fribourg Gottéron doit cravacher pour ne pas laisser partir le train, amener une couche d'instabilité supplémentaire est un jeu dangereux.

Et ne parlons même pas de l'esprit qu'insufflait «DiDo», un joueur qui déteste davantage perdre qu'il n'aime gagner. Dans une équipe qui n'est pas réputée pour la force de son caractère, l'Ontarien amenait un supplément d'âme qui aurait pu être le déclencheur de la révolte. En s'en séparant, Gerd Zenhäusern a joué un très gros coup de poker. Bien mal embarqué, il a fait tapis en début de partie (16 matches sur 52).

C'est un quitte ou double personnel également pour celui qui vit sa première saison à ce poste de directeur sportif. Son premier choix fort - se séparer de Christian Dubé au profit de Pat Emond - est doucement en train de se retourner contre lui à mesure que le Dragon fait du hockey sur place. Comment cette nouvelle décision majeure va-t-elle impacter la saison fribourgeoise?

Tournant de la saison?

Ce risque est d'autant plus grand que Gerd Zenhäusern a engagé un joueur dans une voie de garage à Ambri-Piotta: Jakob Lilja. L'ailier n'a inscrit qu'un point en onze matches de saison régulière. Le Suédois vaut bien mieux que cela, c'est évident. Mais à quel point peut-il bonifier Fribourg Gottéron? La semaine dernière, dans le podcast de «La Liberté», le président Hubert Waeber louait les qualités de son homme de terrain en parlant de sa maîtrise des statistiques sur tous les joueurs de la Ligue. En enrôlant le Scandinave, le Valaisan doit être convaincu qu'il en a plus sous les lames que ce qu'il a montré depuis le début de saison. Là aussi, c'est un pari.

Ce lundi, Gerd Zenhäusern a pris plusieurs risques. S'est-il trompé? Après ce début de saison, il est difficile de lui accorder le bénéfice du doute. Surtout qu'après le licenciement de Christian Dubé qui ne se passe pas aussi bien que prévu, il a déjà utilisé un joker. Si la saison de Fribourg Gottéron tourne dans le bon sens, on évoquera ce 28 octobre comme le jour où il a repris le contrôle sur la situation. Les vainqueurs écrivent toujours l'histoire. Dans le cas contraire, on n'a pas fini de parler du départ tumultueux de Chris DiDomenico en pleine tempête.

Grégory Beaud

blick.ch