De l’avis unanime des joueurs - qui affirment sur tous les tons n’avoir jamais voulu la peau du coach -, le problème ne se résume pas aux méthodes de leur ex-entraîneur. © Aldo Ellena
Jour 1 de l’ère post-Kossmann à Saint-Léonard. Les joueurs disent assumer une part de responsabilité dans le naufrage actuel. «Dernièrement, on a baissé les bras un peu vite. On n’avait plus la même volonté, le même caractère. C’est quelque chose qui n’est pas acceptable» explique Julien Sprunger.
Lundi, 10h à Saint-Léonard. L’annonce du licenciement de Hans Kossmann n’est vieille que de quelques heures et déjà, l’équipe a repris le train-train de l’entraînement. Car le temps presse. A peine le temps de digérer le limogeage du patron qu’il faudra déjà en assurer le service après-vente, sur la glace, face au CP Berne.
Le match de ce soir apportera des premiers éléments de réponse: choc psychologique ou électrocardiogramme plat? Une certitude: Kossmann n’est plus là pour servir de paravent et les joueurs se savent attendus au tournant. «De la pression, il y en avait déjà pas mal avant. Mais c’est clair que le départ de l’entraîneur en ajoute encore. Jusque-là, les médias ont beaucoup parlé de Hans Kossmann. Désormais, ce sont les joueurs qui sont dans la ligne de mire. A nous de répondre présent et de prendre nos responsabilités», avance Julien Sprunger.
Prendre ses responsabilités, se remobiliser, changer d’attitude: voilà le leitmotiv entendu hier devant le vestiaire. «Cette issue, personne ne l’a voulue», assure le capitaine Beni Plüss. «On est encore sur le coup de la déception. Mais on connaît les règles du jeu: le coach est toujours le premier visé. Aujourd’hui, on est tous dans le même bateau. Des erreurs, tout le monde en a commises, les dirigeants, le coach et les joueurs. Mais ce sont ceux qui restent qui doivent sortir le club du trou. Chacun d’entre nous doit se regarder dans un miroir et savoir ce qu’il veut amener à l’équipe.»
«C’est du 50-50»
Ce début de saison raté pèse sur le moral des troupes, bien plus qu’il n’y paraît. Christian Dubé évoque cette spirale négative qui a fini par emporter Kossmann. «Ce n’est jamais plaisant de voir un coach remercié. Mais la manière dont les choses se passaient était difficile pour tout le monde, l’entraîneur, comme les joueurs. En sautant sur la glace, on serre notre canne tellement fort de peur de faire une erreur… C’est la panique. Dans ces conditions, on ne peut pas jouer au hockey. Vous pensez qu’à Rapperswil ou à Kloten, les gars vont s’entraîner le sourire aux lèvres? Quand les résultats ne suivent pas, la pression est là, mais plus le plaisir. On a connu le succès avec Hans ces trois dernières années, mais cette saison, ça n’a pas marché comme on le voulait. Le club a pris une décision. Les joueurs doivent l’accepter et repartir pour décrocher une place en play-off. On est payé pour jouer au hockey et on n’a pas le temps de penser au passé.»
Avant de choisir le remède, il faut pourtant connaître la nature du mal. Et de l’avis unanime des joueurs - qui affirment sur tous les tons n’avoir jamais voulu la peau du coach -, le problème ne se résume pas aux méthodes de leur ex-entraîneur. «C’est du 50-50», soupèse Julien Sprunger. «On sait que c’est un coach qui était souvent sur notre dos, qui ne lâchait rien. Mais sa part de responsabilité n’est pas plus importante que la nôtre. Avec ce potentiel, Gottéron doit gagner davantage de matches. Dernièrement, on a baissé les bras un peu vite. On n’avait plus la même volonté, le même caractère. C’est quelque chose qui n’est pas acceptable. Et sans ça, difficile de construire quelque chose de cohérent.»
Christian Dubé balaie lui aussi d’un revers de manche l’idée selon laquelle le vestiaire fribourgeois aurait le droit de vie ou de mort sur ses entraîneurs. L’attaquant québécois rappelle qu’il a évolué sous les ordres de Huras, Koleff, Van Boxmeer ou Suhonen, «et jamais ces entraîneurs reconnus n’ont fait l’unanimité dans le vestiaire.» Pour Dubé, c’est un faux débat: «Hans est un entraîneur comme les autres: il y a des gars qui l’aiment et d’autres qui ne l’aiment pas. On ne joue pas pour ou contre un coach, mais avec les gars qui patinent à nos côtés.»
Aller à l’essentiel
Comment, par la seule grâce du licenciement de Kossmann, Gottéron va-t-il parvenir à retrouver ses esprits et un jeu défensif digne de ce nom? Dans un premier temps, c’est le duo René Matte/Dany Gelinas qui essuiera les plâtres. Avec une marge de manœuvre quasi nulle. En 36 heures, impossible de peser véritablement sur les événements. Face à Berne, on retrouvera une équipe standard et un système connu. «On a procédé à un état des lieux. Il tient sur une page car il faut aller à l’essentiel. Et l’essentiel, c’est de faire corps», résume Gelinas. «Je ne suis pas Jésus. La pire chose serait d’essayer de tout changer en quelques heures. L’équipe a tout de même gagné des matches ces derniers mois. Contre Berne, c’est l’attitude qui fera la différence.»
Changer d’attitude? Un credo rabâché par Hans Kossmann ces dernières semaines. Avec le succès que l’on sait.
Vincent Chobaz