C'est le grand soir. Fribourg-Gottéron accueille Bienne pour le premier match de la saison 2010-11, avec Ciaccio devant les buts et... Simon Gamache dans ses rangs! Un vieux litige opposant le Canadien surnuméraire de Berne à Shawn Heins, la cohabitation s'annonce chaude à Saint-Léonard.
Abracadabra. Etranger surnuméraire désigné à Berne, Simon Gamache (29 ans) s'installe aujourd'hui pour une pige de seize jours dans le vestiaire des Dragons. Un bon coup pour Serge Pelletier qui recherchait un renfort étranger intérimaire, mais une opération peu conventionnelle, autorisée en Suisse par des règlements de transferts souvent décriés... Cette arrivée pose également une autre question: comment la cohabitation entre Gamache et Heins, ennemis jurés, va-t-elle se dérouler. En quarts de finale des play-off 2008, le Bernois avait sauté à la gorge du Fribourgeois et écopé de deux matches de suspension. Depuis, les deux Canadiens se regardaient en chiens de faïence. Provocations, insultes et mauvais coups ont marqué les derbies des Zaehringen.
«Mieux avec que contre»
Avant d'annoncer l'arrivée de Gamache à ses Dragons hier matin, Serge Pelletier a appelé Shawn Heins dans son bureau. «En apprenant la nouvelle, Heins a bien ri», dit l'entraîneur avant de poursuivre: «Quand un joueur dérange une équipe, c'est mieux de l'avoir avec plutôt que contre... En tout cas, on ne va pas les asseoir l'un à côté de l'autre dans le vestiaire.»Shawn Heins (37 ans) était moins disert que son entraîneur: «Je peux répondre à toutes les questions que vous voulez, sauf si elles concernent Gamache... Je ne fais aucun commentaire sur le sujet.»
«Sans arrière-pensée»
Simon Gamache effectuera son premier entraînement sur la glace fribourgeoise ce matin. Très aimable au bout du fil, hier après-midi, l'attaquant soulignait: «Tout s'est fait très vite. Et c'est une situation gagnante pour tout le monde: pour Berne parce que je joue, pour moi aussi et pour Fribourg parce qu'il cherchait quelqu'un. Il existe une belle rivalité entre les deux clubs, sur la glace. Mais là, il est question de travail. Je suis un professionnel. Je vais porter le maillot d'un autre club et je vais tout donner. Quand une partie de hockey commence, un joueur se donne toujours à 100%, à fond. Sans arrière-pensée. Un joueur n'a qu'un seul objec- tif: obtenir la victoire. Cela va avec l'amour du sport.»
Ensemble à Chicago
Dans la plupart des patinoires du pays, le blond québécois n'est pas le plus aimé. Appréhende-t-il son baptême du feu avec le maillot des Dragons? «Non, pas vraiment. Je n'ai aucun mauvais feeling avec les fans. Je vais tout donner.» Et d'évoquer ce contentieux, notamment avec Shawn Heins. «Ce qui se passe sur la glace reste sur la glace. Le hockey est ainsi fait qu'il y a de l'intensité, de l'émotion. Déranger l'adversaire fait aussi partie du jeu. Et puis, avec Shawn, nous avons déjà joué ensemble à Chicago (Wolves, AHL, 2003-2004). ça fait longtemps, c'est vrai... La morale de cette histoire c'est qu'un professionnel, à ce niveau, doit apprendre à jouer avec n'importe qui. Et chacun le sait. C'est aussi pour ça que nous avons choisi le hockey.»
PATRICIA MORAND