"Sous un maillot qui se porte avec fierté, si tu le portes; il faudra le mouiller !" Fan's Club Fribourg Gottéron

9 septembre 2010

Julien Sprunger, capitaine et père


Papa d'un petit garçon né lundi soir, l'attaquant de 24 ans s'est vu confier les clés de la maison Fribourg-Gottéron, dont il est le nouveau capitaine. Le jeune homme ne craint pas les responsabilités, sur comme en dehors de la glace. Interview.

Les yeux sont rougis. Vitreux. Cernés. Et la bière qu'il a descendue quelques minutes auparavant dans les vestiaires, pour célébrer comme il se doit les anniversaires de Valentin Wirz et Lukas Gerber, n'y est pour rien. Julien Sprunger (24 ans) est un homme en manque de sommeil. Pas d'affection. Papa d'un petit garçon né lundi soir, l'attaquant de Fribourg-Gottéron se partage entre l'hôpital, la patinoire, un téléphone portable qui ne fait que sonner et, accessoirement, sa maison, où il passe en coup de vent. Pour dormir, quand il ne doit pas confectionner les faire-part. Une nouvelle vie commence. Un nouveau championnat aussi.Vendredi, pour le compte de la 1re journée de ligue A, les Dragons version 2010/11 reçoivent Bienne. Jeune capitaine d'une équipe qui, plus que partout ailleurs, génère énormément d'attentes, Sprunger entend faire face à ses nouvelles responsabilités. Sur la glace comme en dehors. Interview.

Julien Sprunger, le jeune papa que vous êtes se sent-il un homme nouveau?
Nouveau, non, dans la mesure où ma femme et le bébé sont toujours à l'hôpital et que mon quotidien n'a pas encore vraiment changé. Mais depuis lundi soir, j'avoue ne pas dormir beaucoup. J'ai hâte de les voir tous deux à la maison.

Quel genre de père serez-vous?
Je suis quelqu'un de très casanier, très famille. Je me sens bien chez moi et j'entends y passer le plus de temps possible. Avec le bébé. C'est un choix personnel, mais, avec Elsa, nous avons toujours voulu avoir un enfant assez tôt. Elsa a mis ses études entre parenthèses. Moi, je vis mes plus belles années et j'ai tout de même du temps pendant la journée. Nous trouvions que le moment était idéal. Bien sûr, les jours de match seront parfois pénibles, mais nous allons nous organiser.

Vous êtes fatigué. Mais comment va la santé?
Elle est bonne. Les deux dernières années ont été un peu pénibles. J'ai manqué de nombreux mois. Mais, cet été, j'ai enfin pu suivre une préparation normale. J'avais notamment besoin de me refaire une base physique. Pendant les matches amicaux, je n'ai pas eu le rendement que l'on peut attendre de moi, mais la préparation et le championnat sont deux choses bien différentes.

Vous ne ressentez plus aucune douleur à la nuque ou au dos?
Plus du tout. Mais c'est le cas depuis que j'ai recommencé la compétition, l'automne dernier. Depuis, j'ai disputé les Jeux olympiques, les quarts de finale des play-off, j'ai subi des charges quand même assez appuyées, mais rien n'a bougé.

Dans «La Liberté» d'hier, Larry Huras, l'entraîneur de Berne, estime que la saison de Fribourg-Gottéron dépendra énormément des performances du duo Sprunger-Bykov. Qu'en pensez-vous?
Il ne faut pas se le cacher: Andreï (Bykov) et moi-même sommes des joueurs sur lesquels le club mise beaucoup. On me l'a fait comprendre quand j'ai prolongé mon contrat. Mais c'est ce que je voulais aussi! Quand nous entrons sur la glace, ce n'est pas pour tenir le 0-0, mais pour faire la différence. A nous de gagner en constance. Mais il ne faut pas oublier que nous sommes 22 dans un vestiaire. Les gardiens sont particulièrement importants. Nous connaissons la valeur de Huet et Ciaccio. S'ils sont en forme, alors nous savons que nous avons de bonnes chances de nous imposer. Jeannin et Heins sont aussi des joueurs majeurs.

Mais la triplette que vous formez avec Bykov et Plüss a-t-elle encore une marge de progression?
C'est vrai que, gentiment, on commence à être connu... Et qu'il n'y a pas forcément les plus tendres en face... Mais c'est un bon challenge. Notre chance, c'est que notre ligne est un peu différente des autres. On essaie de surprendre, de créer. Il y a de l'inventivité, et pas forcément de schéma tactique précis. De toute façon, avec Andreï, impossible d'avoir un quelconque schéma! Il va tellement vite, est tellement à l'aise avec le puck qu'il faut savoir réagir à chacun de ses changements de direction et improviser. N'oublions pas Beni. On en parle peut-être un peu moins, mais c'est un gros travailleur qui nous complète bien.

Quand, en janvier dernier, vous avez prolongé votre contrat, Daniel Baudin a dit qu'il vous confiait les clés de la maison. Cet été, Serge Pelletier vous a encore nommé capitaine. N'est-ce pas beaucoup pour un homme aussi jeune?
Je suis jeune, c'est vrai, mais seulement sur ma carte d'identité. Je suis depuis longtemps à Gottéron, et j'ai eu la chance de vivre le très très bas et le très très haut de l'histoire de ce club. Mine de rien, j'ai quand même accumulé beaucoup d'expérience, c'est pourquoi je pense pouvoir me permettre de donner des conseils à des gens qui ont le même âge que moi. C'est aussi le message que voulait faire passer l'entraîneur quand il m'a nommé capitaine.

Prenez-vous votre nouveau rôle à coeur?
Bien sûr, même si je ne pense pas être quelqu'un de différent! Je suis conscient d'être l'image du club, le jeune qui veut aller de l'avant. Je suis surtout le porte-parole des joueurs, ou un intermédiaire. Sur la glace, je dois montrer l'exemple. S'il faut me coucher devant le puck, je le ferai. Mais, comme je l'ai déjà dit, ça ne change pas grand-chose. Capitaine ou non, je continuerai toujours à demander conseils à Shawn Heins, Sandy (Jeannin) ou Beni (Plüss), des joueurs plus expérimentés que moi.