Entre mensonges et mutisme, il est difficile d'y voir clair avec Fribourg-Gottéron. Une chose est sûre: le gardien Sébastien Caron s'en va en Russie à Tcheliabinsk. Il a pris sa décision quand il a su que les dirigeants fribourgeois cherchaient à engager Cristobal Huet qui pourrait être rapidement naturalisé suisse.
Le camp d'entraînement et les deux matches - qui se sont soldés par deux défaites - de cette semaine au Tessin ont accouché d'une énorme surprise. Comme «La Liberté» le laissait entendre dans son édition de samedi, Sébastien Caron ne portera en effet plus le maillot de Fribourg-Gottéron, malgré un contrat valable une saison. Après plusieurs jours de mensonges des différentes parties impliquées, la nouvelle a été officialisée hier après midi sur le site internet du Traktor Tcheliabinsk. Caron s'est engagé pour une année avec le club russe de KHL.Que s'est-il donc passé pour que le Québécois s'en aille si précipitamment? «Cette semaine au Tessin, j'ai entendu que le club voulait Cristobal Huet, ça ne me tentait donc pas de rester. J'ai alors contacté mon agent afin qu'il trouve une solution», raconte Caron.
Mensonges et discrétion
Demain, au moment de s'envoler pour la région de l'Oural, Caron aura sans doute une pensée émue en se remémorant les trois saisons passées sur les bords de la Sarine. «La situation n'est pas facile. Je suis déçu de partir. J'adore la ville, j'ai beaucoup d'amis ici à Fribourg et j'étais prêt pour une nouvelle saison, mais je comprends aussi le contexte. Huet va devenir Suisse et c'est une belle opportunité pour Gottéron. Je ne suis pas perdant dans l'histoire. Fribourg est aussi gagnant. Tout le monde est content», estime le Québécois.Du côté de Fribourg-Gottéron, on se montre beaucoup moins bavard. Longtemps silencieux, Serge Pelletier n'a réagi à nos appels qu'en début de soirée. Au bout du fil, l'entraîneur et directeur sportif des Dragons a semblé plutôt emprunté. Niant l'évidence en refusant de confirmer le départ de Caron, le Canado-Suisse est resté très mystérieux. «Des choses ont changé ces derniers jours...», commence-t-il avant de s'arrêter. Selon lui, Caron n'a pas été poussé à partir. «On n'a mis personne dehors», se contente-t-il de répondre. «C'est une décision d'affaire et tout n'est pas réglé. Je dois attendre, vous devez attendre, tout le monde doit attendre...»
Pas de panique
En dehors des petits secrets qui accompagnent toutes les transactions et des mensonges que ne se sont pas gênés de lâcher Pelletier et Caron ces derniers jours, un constat s'impose: à trois semaines de la reprise du championnat, Fribourg-Gottéron n'a que le jeune Damiano Ciaccio sous contrat pour défendre ses filets. Faut-il s'en inquiéter? Non, si l'on ose croire le directeur sportif. «Je ne suis pas en panique», lâche Pelletier avec son accent québécois.Une réponse qui laisse supposer que le club de Saint-Léonard a assuré ses arrières. Cristobal Huet n'a peut-être pas encore paraphé son contrat, mais le Français a sans doute donné son accord oral aux Dragons. Si la tendance se confirme dans les prochaines heures, Gottéron pourrait bien avoir réalisé une jolie opération. Gardien fragile et moins dominant que par le passé, Caron ne faisait en effet plus l'unanimité dans le vestiaire. Avec Huet, le club de Saint-Léonard récupérerait un leader doté d'une expérience riche de 289 matches en NHL.
Huet bientôt Suisse?
Agé de bientôt 35 ans, le Français n'entre plus dans les plans de Chicago malgré un contrat valable encore deux ans. Les Blackhawks, qui cherchent à s'en débarrasser afin d'alléger leur masse salariale, seraient ainsi prêts à racheter son contrat qui atteint les 5,625 millions de dollars annuels. Autre gros avantage pour Gottéron si la transaction s'effectue, Huet est marié à une Suissesse depuis de nombreuses années. Il pourrait donc demander une naturalisation facilitée et permettre ainsi à Gottéron d'aligner quatre joueurs de champ étrangers. Tout ça reste cependant au conditionnel. En attendant que Gottéron veuille bien sortir de son silence et communiquer sur ce changement pour le moins inattendu.