Hockey • En tête après 23 journées, Gottéron veut garder sa première place.Réaliste? «La Liberté» donne son avis. Kossmann, Cadieux et Del Curto aussi.
OUI
... parce que l’équipe est plus forte sur le papier. Kossmann n’est pas dupe. «Pour être un bon entraîneur, il faut de bons joueurs», dit-il. Et de bons joueurs, Gottéron n’en manque pas. N’est-il pas le grand gagnant du «mercato» estival? Dubé, Gamache, Rosa, trois noms qui font rêver. Barinka a apporté du poids en défense, alors que, dans ce contingent parsemé d’étoiles, Vauclair et Cadieux sont deux indispensables cols bleus. «Plus encore que les transferts, c’est la meilleure répartition des rôles qui fait la force de cette équipe. Chacun a une tâche bien précise et l’accepte», observe Cadieux père.
NON
... parce que la SBP va s’essouffler. Sprunger (27 points) et Bykov (27) sur le podium, Plüss (22) dans le top 10: il y a belle lurette que Gottéron n’avait pas été aussi bien représenté au classement des compteurs. La «SBP» fait des étincelles. Mais combien de temps tiendra-t-elle ce rythme effréné? La question vaut surtout pour Sprunger et Bykov, qui vont passer toute la semaine avec l’équipe de Suisse. «Le risque de fatigue est réel. Mais si tel était le cas, Dubé, Gamache, Jeannin ou encore Rosa prendraient le relais, fait remarquer Del Curto. Mama mia! Fribourg n’a pas de souci à se faire sur ce plan-là.»
OUI
... parce que les leaders ne peuvent que monter en puissance. Les statistiques sont implacables. Dubé? Deux buts seulement depuis le début de la saison. Certes, l’ancien attaquant de Berne est plus un créateur qu’un finisseur, il est passé par l’infirmerie, mais quand même... Gamache et Rosa? Moins décisifs que lors de leur premier passage à Saint-Léonard. Jeannin? Poursuivi par les bobos, le Neuchâtelois n’a pas encore patiné à son meilleur niveau. Et que dire de Heins, qui n’a plus la même influence que par le passé? Bref, tous les leaders de Gottéron n’ont pas encore montré leur visage le plus séduisant. Une excellente nouvelle.
NON
... parce que Gottéron ne sera pas épargné par les blessures. Certes, Gottéron a eu son lot de pépins, Kossmann ayant notamment dû composer avec les blessures de deux joueurs de centre parmi les plus expérimentés de LNA, Jeannin et Dubé. Mais en comparaison avec d’autres équipes, Kloten ou encore Genève-Servette par exemple, les Dragons ont été relativement épargnés. Sera-ce toujours le cas? «Les absences ne sont jamais une excuse, avertit Del Curto. Est-ce que Gottéron a souffert de la suspension de Heins? Non. Quand il manque des joueurs importants mais que l’équipe continue de gagner, c’est toujours bon signe.» La preuve que le collectif est plus fort que les individualités.
OUI
... parce que l’équipe s’est forgé un état d’esprit conquérant. Il est fini le temps où le Dragon se réjouissait de participer aux play-off. Aujourd’hui, il est ambitieux. Mieux, il paraît qu’il ne supporte plus la défaite. «Les joueurs ont pris goût à la victoire. Et au plaisir qui va avec. Ils vont se battre pour rester dans cette bonne dynamique», assure Kossmann. Un bonheur qui n’a pas échappé à Del Curto:«On voit que cette équipe a du plaisir à jouer ensemble. On retrouve l’esprit des copains (réd:en français dans le texte!) qui a fait la force de Gottéron par le passé.»
NON
... parce que Cristobal Huet va redescendre sur terre. Une fiche statistique de 93,9 % d’arrêts, seulement 1,73 but encaissé par match en moyenne et déjà trois blanchissages: le gardien français aura de la peine à tenir ce rythme. Mais nos interlocuteurs sont unanimes. Huet est un gardien solide. Avec lui, Gottéron peut aller loin. «Notre façon de jouer aide Huet. L’équipe est confiante et cela facilite son job. Son talent fait souvent la différence», apprécie Kossmann. Pas avantagé à ce poste-clé lorsqu’il était à la tête de Gottéron, Cadieux se montre lui aussi positif: «Avoir un grand gardien, c’est toujours ce qui fait la différence. Et Gottéron l’a.»
OUI
... parce que les joueurs ont adhéré au discours de l’entraîneur. Kossmann le dit volontiers:«Le plus dur a été d’installer une nouvelle attitude de travail. Tout le monde était réceptif. Au début, bien sûr, certains étaient sceptiques, mais, comme tous les joueurs, une fois que les résultats sont arrivés, ils ont dit: ah oui, ça marche. Aujourd’hui, les joueurs ont confiance en moi.» Cadieux confirme l’importance des succès dans une équipe: «Quand tu es premier du classement, c’est plus facile d’être exigeant avec tes joueurs. Sans être rabat-joie et négatif, tu peux critiquer et soigner les détails.»
NON
... parce que les équipes adverses vont s’adapter et que la pression va augmenter. Si Gottéron est bien parti, il le doit aussi à la mansuétude de ses adversaires, qui l’ont sans aucun doute sous-estimé. L’effet de surprise ne fonctionnera plus à la reprise. «Les autres équipes vont focaliser leurs efforts contre nous. Ils vont venir plus fort. Il sera difficile de poursuivre sur cette lancée, mais nous aussi, nous pouvons nous améliorer», affirme Kossmann. Les Dragons vont également devoir gérer la pression qui va se faire de plus en plus forte à mesure que les play-off vont approcher. «Jusqu’ici, l’équipe a bien géré. La grosse tête n’est pas venue. Elle ne va pas venir maintenant.»
OUI
... parce que le bateau ne va pas couler deux fois. Il y a un an déjà, Gottéron avait pris un départ canon. Avant que le navire fribourgeois ne se saborde et coule. Cette mésaventure ne se répétera pas. «Il n’y a jamais de garantie, c’est ça le sport. Mais on est sur la bonne voie, on a pris de bonnes habitudes», lâche Kossmann qui, à l’inverse de son prédécesseur, n’aura pas à pallier les départs de Gamache et Rosa, dont les piges avaient pris fin après quelques semaines.
NON
... parce que la concurrence interne va être compliquée à gérer. Afanasenkov devrait être rétabli en janvier. A partir de là, Gottéron comptera cinq étrangers. Il va donc devoir vivre avec une nouvelle concurrence. «La saison passée, il y avait plusieurs joueurs assis (réd:dans les tribunes). Cela a amené un esprit négatif dans le groupe. Une équipe, c’est un gros puzzle à gérer», constate Cadieux. Après avoir minimisé le problème, en évoquant notamment les blessures qui vont réduire sa marge de manœuvre, Kossmann a rappelé les bienfaits de la rivalité: «Les joueurs ne doivent pas se sentir dans une zone de confort. Il faut de la concurrence dans une équipe!» Les futurs surnuméraires l’accepteront-ils? I