Déclassés 4-0 par Berne, les Fribourgeois sont plus résignés que jamais. «Quand je vois ça, je deviens malade», s’inquiète Zenhäusern. Gottéron passera Noël sous la barre.
Le derby des Zaehringen a duré 77 secondes. Un engagement sur la droite de Conz, un slap de Rüfenacht, la lumière rouge qui s’allume, 0-1 pour Berne, rideau. Rideau? Oui, rideau. Sonnés, les Fribourgeois n’ont pas esquissé la moindre réaction. Les erreurs se sont enchaînées, les buts se sont accumulés… Bref, un non-match. Mais le plus grave dans tout cela n’est pas tant de perdre contre Berne, une machine, solide et bien huilée, qui va faire encore beaucoup de dégâts cette saison. Non, le plus grave, est l’absence de réaction des Fribourgeois. Malgré la tournure des événements, malgré les insultes des fans bernois, malgré une situation de plus en plus critique au classement, le cardiogramme du Dragon est resté désespérément plat.
Plus encore que le score final, ce sont les statistiques qui traduisent le mieux la résignation et l’impuissance des hommes de Gerd Zenhäusern. En dépit d’un score largement déficitaire (0-3), Gottéron n’a tiré que deux fois (!) en direction du gardien Bührer durant tout le deuxième tiers (17 à 36 sur l’ensemble du match). Une misère, surtout si l’on songe que les Fribourgeois ont eu l’opportunité de jouer durant quatre minutes avec un homme de plus sur la glace…
Rien de positif
«Cela fait longtemps qu’on n’a pas joué un si mauvais match. On ne mérite tout simplement pas de gagner», lâche un Christian Dubé sans concession. «Il y a beaucoup de frustration. On entraîne un schéma de jeu durant la semaine et en match, on est incapable de suivre notre plan.» Un constat que l’on retrouve dans la bouche de l’entraîneur Gerd Zenhäusern. «J’ai la rage. Je n’arrive pas à comprendre comment on peut pareillement se laisser aller. En match, c’est la panique. Chacun essaie son petit truc…», soupire-t-il. «Quand je vois ça, je deviens malade!»
Si tous les Fribourgeois ont relevé les mérites de Berne - «la meilleure équipe que j’ai vue cette saison», assure Zenhäusern -, aucun n’a cherché à minimiser les faiblesses de Gottéron. «On a manqué d’intensité et d’intelligence, regrette Benjamin Conz. On commet toujours les mêmes erreurs. On n’arrive pas à jouer correctement durant 60 minutes.»
Difficile après un tel match de s’accrocher à quelques certitudes. Il est même difficile de trouver un point positif. «Il n’y en a pas», estime Zenhäusern. Dubé, lui, préfère manier l’ironie: «On ne pourra pas faire pire que ça!»
Pas de plaisir
Après cette huitième défaite en dix matches, couplée à la victoire de Bienne sur Kloten, la situation empire encore pour les Dragons. Quel que soit le résultat du match de ce soir à Zoug (voir ci-contre), Gottéron est d’ores et déjà condamné à passer Noël sous la barre. Cela suffira-t-il à provoquer cet électrochoc tant attendu? «La barre commence à s’éloigner. Il est temps d’en prendre conscience. C’est fini la rigolade», lâche Conz. «J’ai l’impression que tout le monde n’a pas compris la gravité de la situation», lui fait écho son coach.
Sans émotion et sans envie sur la glace, les Fribourgeois semblent ne plus prendre aucun plaisir à jouer. «Dans un tel match, je n’ai pas de plaisir. Je sais que c’est grave de dire une chose pareille, mais il ne sert à rien de se voiler la face», estime Dubé. Si on accepte ce genre de défaites, on est foutu», n’hésite pas à dire Gerd Zenhäusern, qui a «poussé une gueulée» dans le vestiaire après le premier tiers. Sans succès.
Après un tel naufrage et des discours aussi inquiétants, une seule question se pose désormais: Dragon, as-tu encore du cœur?
La série noire se poursuit
Coup de cochon. Décidément, cette saison est maudite pour les Dragons. Après Tambellini, Mauldin, Abplanalp, Plüss, Dubé, Vauclair, Monnet, Ness et Bykov, un Dragon a encore dû jeter l’éponge hier en cours de match. Le défenseur Jérémie Kamerzin a quitté la glace après 15 minutes et n’est plus revenu. Déjà absent 11 matches en raison d’une blessure à un bras, le Valaisan, qui subira une IRM ce matin, reprend donc le chemin de l’infirmerie. En espérant qu’il y restera moins longtemps que la première fois.
Coup d’œil. Il aura fallu attendre plus de trois mois pour voir Saint-Léonard faire le plein. Hier, pour la première fois de la saison, Gottéron n’a pas eu besoin d’ouvrir ses guichets. Les 6700 billets avaient tous trouvé preneur avant la rencontre. Les supporters fribourgeois ont marqué l’«événement» en réalisant un «tifo». Sur la bâche, on pouvait lire: «Malgré les soucis, la souffrance et la douleur, toujours présent». Vite assommés par le scénario catastrophe, ils ont semblé aussi résignés que leurs joueurs préférés. Reviendront-ils encore après le triste spectacle d’hier? Réponse le 2 janvier pour le premier match de l’année 2015. FR
François Rossier