Une période de changements s’ouvre pour Michel Volet et Gottéron.?
Image: FLORIAN CELLA
Michel Volet n'était pas à Malley hier soir. Désigné, pour la seconde fois – il l’avait déjà été en février 2013 suite au décès de son ami Laurent Haymoz – président ad interim de FR Gottéron en novembre dernier, après la démission de Charles Phillot, cet authentique Vaudois de Payerne (48 ans) est pris par d’autres occupations. Et c’est peut-être mieux ainsi, surtout si les choses devaient mal tourner pour son équipe. «Tous les membres de ma famille, sourit ce patron d’une boîte de placement de personnel, sont de vrais supporters du LHC. Du coup, ils me considèrent tous un peu comme un traître.»
Michel Volet, il ne faut pas être trop sensible et émotif pour être président de Gottéron ces temps-ci…
Il ne faut surtout pas être un fan, je crois, pour occuper, où que ce soit, cette fonction. Pendant les matches, je suis plutôt calme en apparence, mais à l’intérieur c’est tout autre chose. Cela dit, je me force à garder une certaine distance avec les événements, même si c’est parfois compliqué.
Le scénario de la récente défaite de Gottéron à Genève semble un petit résumé de cette saison, non?
C’est vrai, nous sommes passés par tous les états d’âme mardi. Mais il y a tout de même une grosse différence: au terme de cet exercice, je suis sûr que Gottéron quittera la glace en vainqueur.
Gottéron se présente à Malley avec 19 points de retard sur le LHC alors queil y a un an, il en comptait 12 de plus…
On pourrait dès lors penser que d’un côté on a fait tout juste et de l’autre tout faux. La réalité n’est pas si simple et je ne crois pas qu’il y ait une telle différence entre les deux clubs aujourd’hui. De même que le LHC et Gottéron étaient déjà plus proches l’un de l’autre que ne le disait alors le classement. Cela dit, je tiens d’ores et déjà à féliciter le LHC pour sa magnifique saison. Et ses dirigeants d’avoir su amener ce club-là où il est. Ses supporters le méritent.
En tant que Vaudois, ce derby a-t-il une saveur particulière?
Oh oui! Comme je vous l’ai dit, on me considère comme un traître au sein de ma famille, mais quand nos deux clubs ne sont pas opposés, j’ai toujours un œil et le cœur dirigés vers Lausanne.
Quelles conséquences pourraient avoir pour Gottéron une non-participation aux play-off?
Ce serait avant tout une énorme déception pour tous nos supporters et tous ceux qui nous soutiennent. Mais, sur le plan financier, il n’y aurait pas de répercussions dramatiques, puisque notre budget est fait sans l’apport des recettes liées aux séries.
D’accord, mais un échec coûterait quand même de l’argent, non?
Bien sûr et nous avons déjà approfondi la question. Globalement, il faudrait compter avec environ 100 000 francs de rentrées en moins. En termes d’image aussi, Gottéron en prendra un coup. Mais je ne vois pas que des désavantages à une telle issue…
Pardon?
Une participation au tour de relégation mettrait fin aux attentes démesurées de ces dernières années. Je m’explique. Il est temps de nous remettre en phase avec notre vrai potentiel. La réalité sportive et économique d’une ville et d’un canton comme Fribourg n’est pas celle que nous avons connue ces dernières années. Recruter des stars à prix d’or fait désormais partie d’un passé révolu. A l’avenir, Gottéron ne sera donc plus la tirelire du hockey romand! C’est, j’en suis persuadé, ce que les gens attendent de nous.
Gottéron a-t-il vécu au-dessus de ses moyens?
Non, car nous n’avons jamais dépensé de l’argent que nous n’avions pas. Malgré cela, je ne cache pas que notre situation financière est extrêmement compliquée. Même en cas de qualification pour les play-off, nous ne serons pas dans les chiffres noirs.
Vous avez toutefois la chance de pouvoir compter sur deux importants sponsors, non?
Sans ces deux entreprises (BCF et Groupe E), Gottéron n’existerait probablement plus depuis 2007. Il est en revanche erroné d’imaginer qu’elles versent aujourd’hui des millions dans nos caisses. D’ailleurs, même si l’un d’eux venait à nous quitter, son départ ne mettrait pas en péril l’avenir du club.
Vouloir changer de politique demandera du temps. L’ensemble des joueurs a encore un contrat valable pour la saison prochaine au moins, sauf erreur...
Il n’est pas interdit de penser que certains d’entre eux ne seront plus là dans quelques mois…
Avez-vous l’impression que le club a peu à peu perdu son identité régionale, ces valeurs – travail et humilité – qui étaient sa marque?
Au risque de me mettre à dos de nombreux supporters fribourgeois, je dois répondre par l’affirmative. Que le club revienne à ces valeurs et retrouve une façon de faire conforme à l’état d’esprit de Fribourg est l’un de mes projets prioritaires.
Concrètement, quelles mesures allez-vous prendre?
En premier lieu, il s’agira de mettre en place une véritable direction sportive, liée à l’engagement d’un directeur technique, à même de soulager le travail de notre coach, Gerd Zenhäusern. Ensuite, je souhaite que Gottéron développe à nouveau un beau jeu en favorisant le développement et l’éclosion de jeunes éléments. Du cru et d’ailleurs. Des objectifs pour lesquels Gerd Zenhäusern me semble être plus que jamais l’homme de la situation.
Les ambitions seront-elles donc revues à la baisse?
Je ne vois pas les choses comme cela. Gottéron restera toujours un club ambitieux, avec des objectifs élevés. Mais, comme me le disait mon ami Laurent Haymoz, le titre oui, mais pas à n’importe quel prix. Et je suis certain que l’on peut titiller les meilleurs avec une telle politique si elle est bien menée.