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26 mai 2017

Suissedigital confirme l'exclusivité du hockey suisse



Simon Osterwalder, qui dirige Suissedigital, l’association faîtière qui chapeaute 200 câblo-opérateurs (dont UPC) précise dans une interview accordée au Temps qu'il compte bien utiliser l'exclusivité du hockey sur glace chèrement acquise pour gagner des clients.

«Les téléréseaux doivent redevenir offensifs»

Simon Osterwalder dirige Suissedigital, l’association faîtière qui chapeaute 200 câblo-opérateurs, dont UPC. Il estime que les droits acquis pour les matches de hockey doivent lui permettre de relever la tête face à Swisscom.

Longtemps intouchables sur le marché de la télévision, leur activité de base, les téléréseaux ne cessent de perdre des clients. Les 200 câblo-opérateurs de Suisse, regroupés au sein de l’association Suissedigital, ont perdu 63 000 clients (–2,5%) pour la télévision lors du premier trimestre, selon des chiffres publiés le 3 mai dernier. Dans le même temps, Swisscom TV gagnait 20 000 clients (+8,7%) et Sunrise ne cesse, lui aussi, de progresser sur ce marché.

Mais les téléréseaux comptent se battre. Depuis 2014, Simon Osterwalder dirige Suissedigital, forte de 2,4 millions de clients. Avec la récente acquisition des droits exclusifs pour le Championnat suisse de hockey sur glace (saison 2017-2018), il estime avoir les armes pour inverser cette tendance. Rencontre avec cet ancien joueur de handball professionnel aujourd’hui avocat et qui a notamment rédigé sa thèse sur les droits de retransmission de manifestations sportives.

Le Temps: Swisscom s’est lancé sur le marché de la télévision en 2006, attaquant votre cœur de métier. Vous avez mis beaucoup de temps à réagir…

Simon Osterwalder: Nous savions que Swisscom allait se lancer sur ce marché, car nous l’attaquions déjà sur le marché de l’accès à Internet. Mais nous avons été trop passifs. Nous pensions que nos clients étaient extrêmement satisfaits de nos services. Et nous avons commis plusieurs erreurs lors de la migration de nos clients de l’analogique vers le numérique. Ces erreurs nous ont coûté cher. Mais nous avons appris. Actuellement, vous pouvez disposer d’une offre TV de base, d’un accès à Internet à petit débit et d’un service de téléphonie pour un prix raisonnable.

– Le gros problème des câblo-opérateurs, ce sont les droits exclusifs pour des matches et des films acquis via le rachat de la société Cinetrade…

Oui. UPC avait tenté, cinq ans avant Swisscom, d’acquérir les droits de retransmission de manifestations sportives de foot et de hockey en Suisse. Sans succès. Depuis, nous n’avons cessé d’attaquer en justice les accords d’exclusivité dont bénéficie Swisscom. L’opérateur n’a rien cédé. Nous avons joué très défensif. Désormais, il est temps de redevenir offensifs pour gagner à nouveau des parts de marché en séduisant de nouveaux clients.

– Estimez-vous pouvoir croître à nouveau?

– Oui. Il est normal qu’en tant que nouvel entrant sur le marché de la télévision, Swisscom ait gagné des parts de marché. Et cet opérateur lui-même perd régulièrement des clients en téléphonie fixe, souvent au profit des téléréseaux (ndlr: Suissedigital a gagné 39 400 clients en téléphonie fixe en un an). Et je pense que le fait que nous ayons acquis les droits pour le hockey n’y est pas étranger. Nous sommes plus séduisants. J’ai donc bon espoir que la tendance s’inverse. Nous résisterons à Swisscom. A condition de bien communiquer sur nos offres.

– Mais Suissedigital compte 200 membres, alors que Swisscom parle d’une seule voix. C’est extrêmement compliqué pour vous…

– La tâche est immense, je le reconnais. Si un client potentiel voit une publicité pour son téléréseau local le matin à Renens lorsqu’il part de chez lui, il ne peut se rendre dans un magasin de son câblo-opérateur à Nyon, son lieu de travail, à midi… Alors que Swisscom a une présence nationale. Mais nous nous améliorons. Nous avons ainsi lancé une chaîne sportive, MySports, disponible non seulement chez UPC, mais aussi chez 14 autres membres de Suissedigital. Par ailleurs, le marché se consolide peu à peu, certains téléréseaux sont rachetés, d’autres fusionnent ou unissent leurs forces comme au sein de Net +.

– Quels espoirs faites-vous reposer sur les droits acquis pour le hockey, estimés à 30 millions de francs?

– C’est un atout majeur pour les câblo-opérateurs, vu l’engouement des Suisses pour ce sport. Nous allons vraiment faire la différence en montrant un maximum de matches, de façon exclusive, à nos clients. Je suis très optimiste.

– Swisscom a demandé à pouvoir également retransmettre une partie des matches, ce qu’il n’a pas obtenu…

– Lorsqu’il possédait ces droits, Swisscom en avait verrouillé la diffusion. Au contraire, UPC, qui a obtenu les droits de hockey, les distribue aux mêmes conditions à 14 partenaires permettant ainsi à 2,5 millions de personnes de pouvoir voir les matches de hockey. De plus, Swisscom possède les droits pour le football suisse. Et les matches de play-off (ndlr: tour final) de hockey seront de toute façon retransmis par la SSR. Nous respectons les règles du jeu, tout simplement. Je comprends que notre concurrent ne soit pas satisfait, mais c’est ainsi. Il faudra avoir désormais l’habitude que les téléréseaux soient agressifs.

Anouch Seydtaghia