5 octobre 2017
Interview de Mark French
Planète Hockey vous propose l’interview de Mark French, l'entraîneur à succès du HC Fribourg-Gottéron. A 47 ans, l’Ontarien, passé notamment par les Hershey Bears (AHL) et Medvescak Zagreb (KHL), découvre la National League. Avec 21 points récoltés après 10 journées de championnat, Mark French semble s’être parfaitement adapté à sa nouvelle ligue.
Mark French, si, au début du mois de septembre, nous vous avions proposé 21 points après 10 journées, vous auriez signé ?
C’est un bon départ, évidemment. Mais je ne regarde pas forcément le nombre de points que nous avons, le championnat vient de débuter et cela ne veut encore rien dire. Pour moi, l’évolution de l’équipe et la façon dont elle joue sont des éléments plus importants.
Vous êtes un entraîneur expérimenté, mais vous découvrez notre ligue. Correspond-elle à ce que vous vous étiez imaginé avant d’arriver à Fribourg ?
Oui, je pense. La ligue suisse est connue dans le monde entier, du coup je m’étais déjà fait une idée. Il y a un niveau vraiment élevé ici, le jeu est rapide et les joueurs sont techniquement très au point. Mais je ne suis pas surpris vu que la National League ait très bonne réputation au Canada.
Peut-on comparer la National League à la KHL, que vous avez connue en 2013/14 ?
La KHL est différente. De par la grandeur des pays concernés en KHL, il y a forcément différentes cultures de hockey. On y trouve là-bas des équipes qui jouent des styles de jeu totalement à l’opposé l’une de l’autre, ce qui n’est pas le cas en Suisse. Ici, il n’y a peut-être que le CP Berne qui joue un peu différemment des autres équipes et c’est logique au vu du fait que la Suisse est un petit pays. Sinon, au niveau des capacités des joueurs, la National League est comparable à la KHL.
Comment fait un entraîneur qui arrive en Suisse pour apprendre à connaître sa nouvelle ligue ? Il regarde des centaines de rencontres à la vidéo afin de se faire une idée de ses prochains adversaires?
(Rires)... Non, pas des centaines. Mais j’ai regardé des matches, je dirais une dizaine. Je voulais savoir à quoi m’attendre, découvrir quel club propose quel style de jeu. Ensuite, au fil des matches, on progresse, on apprend à mieux connaître la ligue. Au final, pour moi, mon équipe et son fonctionnement restent la priorité et je préfère y consacrer toute mon attention.
Votre club sortait d’une saison catastrophique. Quelle fut votre première mesure pour redresser la pente ?
Cela a été d’inculquer des valeurs à mes joueurs. Je veux que ces derniers évoluent comme un seul homme sur la glace. Défendre à cinq, attaquer à cinq, le tout avec un juste équilibre.
La défense fonctionne nettement mieux qu’il y a quelques mois (réd : seulement 2.3 buts encaissés par match). Cela reste surprenant alors que le contingent défensif est quasiment la même que la saison dernière, non ?
Tout est une question d’équilibre. J’exige de mes joueurs qu’ils fassent un certain travail défensif, je pense là également aux attaquants. C’est un tout, le comportement général de mes hommes au niveau défensif est devenu meilleur. Et puis, derrière, Barry Brust fait un travail remarquable pour l’instant.
Justement, Barry Brust fut votre gardien à Zagreb. Il était donc en toute logique votre première option pour vous lorsque Reto Berra est parti en NHL ?
Mais ce n’est pas moi qui fait les transferts à Fribourg. Evidemment, lorsque Christian Dubé m’a indiqué son nom, j’ai donné mon avis car je le connaissais et, pour moi, il pouvait être un gardien décisif en Suisse. David Aebischer a lui aussi fait énormément de recherches et d’analyses sur Barry Brust. Au final tout le monde était d’avis que c’était le gardien qu’il nous fallait.
Globalement, l’ambiance d’équipe semble meilleure que l’hiver dernier. Il paraît même que des chants typiquement fribourgeois sont à nouveau joués dans le vestiaire après les victoires. Est-ce vous qui avez initié cela ?
Non pas du tout (rires)... Vous voulez sans douter parler de cette chanson bizarre que les joueurs mettent dans la stéréo après avoir gagné ? Je ne connaissais pas cela pour être honnête. Mais c’est très bien, cela montre que le groupe vit bien ensemble.
Alors que votre club est en tête du classement aujourd’hui, dans quel(s) domaine(s) vos joueurs doivent-ils encore s’améliorer ?
Il y en a plusieurs. Ce n’est pas parce que nous sommes premiers que tout est parfait. Je pense par exemple à la consistance de nos parties et à la régularité. Je l’ai remarqué notamment face à Zoug vendredi dernier (réd : défaite 0-3 à domicile) : mon équipe fait par moments des choses très bien, mais n’arrive pas encore à le faire durant 60 minutes. Je pense que c’est normal de ne pas encore être à 100% après dix journées de championnat. Fribourg doit encore monter en puissance.
Pour votre déplacement à Langnau vendredi, vous pourrez pour la première fois compter sur la présence de cinq étrangers valides. Comment allez-vous gérer la concurrence ?
Cela va dépendre de plusieurs paramètres, comme le nom de l’adversaire ou la forme du jour. Pour moi, cela m’offre de nouvelles possibilités tactiques et je m’en réjouis. Faire un tournus ou donner ma confiance aux quatre mêmes étrangers dépendra de leurs prestations.
Dernière question : certaines rumeurs parlent de l’éventuelle arrivée d’un attaquant suisse à Fribourg. Avez-vous exigé des renforts à votre directeur sportif, Christian Dubé ?
Absolument pas. J’ai 24 joueurs à disposition et déjà assez de travail comme cela pour me soucier en plus des transferts. Je suis content du contingent que j’ai à disposition et j’essaie simplement de travailler au mieux avec ces 24 hommes.