Julien Sprunger (à gauche) et Thibaut Monnet aux Jeux olympiques de Vancouver en 2010Keystone
Le 16e de finale de Coupe de Suisse entre Sierre et Fribourg-Gottéron (2-8), dimanche à la patinoire de Graben, a aussi constitué une réunion entre amis.
Ainsi, le gardien fribourgeois Connor Hughes (24 ans), dont la licence B a été cédée au club valaisan de Swiss League, a démontré à ses futurs coéquipiers qu’il serait une option fiable lorsqu’il sera appelé à offrir une soirée de congé à Remo Giovannini, le portier No 1. «Avec le directoire sierrois, nous avons planifié les présences de Connor avec le HCS, explique l’entraîneur des Dragons Christian Dubé, qui a pu constater que la patinoire de la Cité du Soleil n’avait pas subi de lifting depuis qu’il y avait donné ses premiers coups de patins au début des années 80. Hughes livrera tout bientôt son premier match avec l’équipe de Dany Gelinas.»
Ainsi aussi, à quelques reprises, deux anciens complices se sont retrouvés au coude à coude lors des engagements.
Dans les rangs fribourgeois, l’ailier droit Julien Sprunger (34 ans), figure identitaire de Saint-Léonard, puis de la BCF Arena, depuis 2002.
Dans les rangs sierrois, l’ailier gauche Thibaut Monnet (38 ans), qui amorce sa première saison au sein de l’organisation du Valais central après avoir bourlingué à travers le pays, soulevant notamment trois trophées (dont celui de champion d’Europe) avec les ZSC Lions. «Il nous a fait faire des kilomètres, sourit Philippe, son papa. On est content qu’il se soit rapproché de la maison, à Martigny.»
Aujourd’hui vétérans, les deux hommes ont souvent partagé le même vestiaire, à Fribourg et en équipe de Suisse. Alors que Monnet patinait au centre, ils avaient souvent évolué sur la même triplette offensive sous la houlette du sélectionneur Ralph Krueger. Co-chambreurs, ils étaient également inséparables à l’extérieur de la patinoire. En 2007, aux Mondiaux de Moscou, on les avait notamment croisés en mode shopping à proximité de la Place Rouge.
Mondiaux de Moscou en 2007
Thibaut Monnet et Julien Sprunger jouent les touristes sur la Place Rouge.
DR
«Nous avions développé une complicité dans le jeu et dans la vie, se souvient Julien Sprunger, qui a eu l’occasion d’échanger quelques mots avec Monnet lors de la période d’échauffement et lors de quelques mises en jeu. Avec le temps et le déroulement de nos carrières respectives, les contacts se sont un peu amenuisés. Mais ce fut un plaisir de le revoir.» Il ajoute: «Et de savoir qu’il est heureux.»
Leurs parcours sportifs ont pris des virages différents. Tandis que Sprunger s’est établi comme un clubiste des temps modernes à Fribourg, Monnet n’est pas parvenu à conserver une place de travail en National League. «Avec un zeste de recul, explique-t-il, je pense que ma lourde blessure subie avec Ambri a constitué un tournant. Quand tu restes à l’écart du jeu pendant plusieurs mois après tes trente ans, ce n’est pas facile de revenir au plus haut niveau.» Mais l’ancien junior du HC Martigny n’est pas aigri pour autant. «Au contraire, je me considère comme un privilégié. J’ai peut-être un peu ralenti, mais mon plaisir, lui, est intact.»
«Je connais bien Thibaut, reprend Sprunger. Il m’a dit exactement la même chose. Sa lueur dans ses yeux accréditait ses mots. C’est cool de voir que sa passion n’a pas pris de rides.» Mais le grand No 86, dont le contrat avec Fribourg-Gottéron arrivera à échéance au terme de la saison 2022-2023, serait-il prêt à emprunter la même voie que le nouvel attaquant du HC Sierre. «Euh, je ne me suis pas vraiment posé la question.»
Emmanuel Favre