"Sous un maillot qui se porte avec fierté, si tu le portes; il faudra le mouiller !" Fan's Club Fribourg Gottéron

16 avril 2024

Fribourg Gottéron doit se regarder dans la glace

 

Les eaux du Gottéron n’ont pas cessé de couler. Mais l’élimination des hockeyeurs fribourgeois, en demi-finale des play-off contre Lausanne, a brutalement soufflé le feu du Dragon. Non, ce n’est pas non plus en 2024 que le club sera champion pour la première fois de son histoire. Mais ce coup-ci, la désillusion fait plus mal que d’autres. Parce qu’avant ce dénouement amer, c’est tout un canton qui y a cru très fort. Les supporters les plus mordus ont pris congé de leurs favoris, samedi après-midi à la BCF Arena, dans une ambiance bon-enfant mi-raisin.

«La déception est à la hauteur des attentes, mesure Gerd Zenhäusern, directeur sportif depuis le 1ᵉʳ mars. Les résultats étaient là, avec un jeu agréable et efficace, on a senti une énergie positive dans l’équipe et autour du club. Mais on avait l’espoir de faire encore mieux.»

Depuis le verdict, trois gros dodos – «ou petits» selon l’entraîneur Christian Dubé – n’ont pas suffi à dissiper la frustration. «On reste sur un sentiment désagréable. Cette élimination constitue un gros échec, parce qu’on a senti pendant toute la saison qu’on se donnait les chances d’y croire, avec un groupe très soudé et un gros potentiel, ressasse le capitaine Julien Sprunger. Et finalement, après un quart très serré contre Lugano (ndlr: victoire 4-3), on n’a jamais réussi à passer l’épaule contre Lausanne. On n’a pas pris une gifle, parce que les matches étaient équilibrés. Mais quand on perd une série 4-1, ça montre qu’il manque un truc.»

Ce fameux petit truc si difficile à cerner, qui crée d’immenses différences et «fait trembler les bâtons au moment de prendre les tirs», pour reprendre l’expression du coach assistant Pat Emond. «Est-ce une question mentale, de profondeur de banc?, s’interroge Julien Sprunger. A nous de travailler encore et de nous poser les bonnes questions.» Des entretiens individuels vont être menés avec tous les joueurs, d’une part par le staff technique, d’autre part par la direction sportive. Puis le président Hubert Waeber et le directeur général John Gobbi consulteront leurs ouailles. Pour quelles conclusions?

«A nous d’aller creuser maintenant, de retourner chaque pierre pour comprendre le pourquoi du comment et de revenir plus forts, résume Gerd Zenhäusern. Il ne s’agit pas de désigner un ou deux fautifs, mais de savoir si nous avons la qualité nécessaire pour franchir un cap et de faire en sorte que l’équipe ressorte grandie de cet échec.»

Echec. Le mot, qui revient dans bien des bouches, agresse les oreilles de Christian Dubé. «Ce serait bizarre de dire que je ne suis pas satisfait, alors qu’on a établi le record de points du club cette saison, rétorque le technicien. Est-ce que j’ai fait des erreurs? Probablement, ce sera aussi aux joueurs de le dire. Mais si on me dit après une saison historique et une élimination en demi-finale des play-off qu’il s’agit d’un échec pour un coach, ben voilà, je ne suis pas de cet avis. Le groupe a bien évolué depuis l’année passée et il va encore le faire. C’est ma quatorzième saison ici (ndlr: il y a raccroché ses patins en 2015 pour devenir directeur sportif) et je vois plein de choses avancer. On est sur une pente ascendante et on va continuer à pousser.»

Une chose est sûre. Le Canadien, longtemps omnipotent au sein du club après avoir aussi coiffé la casquette d’entraîneur à l’automne 2019, semble fragilisé. Les échanges internes des semaines à venir diront à quel point. «On va discuter, mais la question n’est actuellement pas sur la table, coupe le président Hubert Waeber. Il a un contrat jusqu’en 2025 et il ne faut pas oublier de le juger sur le budget qui est à sa disposition.»

D’autres jugements pourraient suinter, dans les jours à venir. Par rapport au printemps passé, lorsque Christian Dubé était encore directeur sportif, la donne a changé. «Quand l’entraîneur est aussi la personne qui décide de ton avenir, c’est plus délicat d’aborder certains sujets, note Gerd Zenhäusern. Avec la séparation des pouvoirs, c’est clair que la critique est plus facile. J’espère que les joueurs vont être le plus franc possible, parce que c’est comme ça qu’on avance. On est tous dans le même bateau, on a tous besoin de s’améliorer. Mais si on se cache les choses, si chacun pense qu’il n’est pas le responsable, cela n’ira pas.»

Le rideau est tombé samedi sur la BCF Arena. Pendant ce temps-là, juste en face à la halle St-Léonard, les basketteurs de Fribourg-Olympic effectuaient un pas de plus en direction de leur 22e titre de champion de Suisse.

Simon Meier

lematin.ch