La scène se déroule dans les coursives de la BCF Arena à l’abri des regards. Après avoir été acclamé - à juste titre - par le public pour son excellente performance contre Lugano (4-0), Reto Berra a reçu les félicitations de Hubert Waeber.
Le président de Fribourg-Gottéron lui a donné une tape sur l’épaule et une sur le torse. Passé ce moment, le gardien s’est dirigé vers le vestiaire sans montrer la moindre émotion. Si ce n’est le sentiment du travail bien fait.
L’image était parlante à plus d’un titre. Pour Reto Berra d’abord. D’une certaine façon, cette absence de joie confirme que le dernier rempart a pleinement conscience que son début de campagne, au même titre que celui de son équipe, est décevant (89,78% d’arrêts en 12 rencontres).
Le bon moment pour relever la tête
Plus que les chiffres, il y a l’impression visuelle. Hormis lors de son blanchissage contre les ZSC Lions (28 septembre), le Zurichois a accordé des buts sur lesquels sa responsabilité était engagée quasiment à chaque partie. Il y avait également eu ce pétage de plomb à Berne (4 octobre) qui avait fait couler beaucoup d'encre.
C’est peu dire que Reto Berra est scruté de près et sous pression ces derniers temps. D’autant plus que Fribourg-Gottéron est la seule formation de National League à s’appuyer sur un seul portier. Contre Lugano samedi, il a répondu présent de la meilleure des manières avec 32 parades, dont plusieurs décisives alors que les Dragons menaient 1-0.
«Sa prestation a rassuré tout le monde, s’est réjoui son entraîneur Pat Emond. Je n’ai jamais été inquiet à son égard. Je savais qu’il allait s’en sortir, mais c’est le timing idéal et c’est le genre de performance qui peut le remettre sur pied.»
Le baromètre de Fribourg-Gottéron
Et les Dragons en ont bien besoin. Une statistique démontre à quel point ils sont dépendants des performances de leur gardien. Cette saison, il n’a dépassé les 91% d’arrêts qu’à cinq reprises. Sur ces cinq parties, les Fribourgeois en ont remporté quatre.
«Il ne faut pas oublier que ça reste le meilleur gardien de la ligue, souligne son défenseur Dave Sutter. C’est une pièce maîtresse de notre équipe. Quand on a un Reto des grands soirs, on sait qu’il va sortir des arrêts décisifs et on gagne en sérénité sur la glace.»
Le constat est sans appel: Reto Berra est le baromètre de Gottéron. Quand il va bien, c’est tout un club qui va bien aussi. Quand il va mal, c’est tout un club qui vacille.
À Fribourg, tout le monde en est conscient. Y compris et surtout Hubert Waeber. «Continue comme ça», lui a-t-il dit lors de leur courte étreinte. Le message est on ne peut plus clair.
Ruben Steiger