Roger Rönnberg se trouve entre deux mondes - et pourtant sur une seule planète: celle du hockey sur glace. Oui, on pourrait le qualifier sans trembler de «nerd du hockey». Le Suédois le dit en souriant, assis dans le salon de la patinoire de Frölundaborg après un entraînement, attablé devant une assiette de boulettes de viande, les fameux «köttbullar». La définition d'un nerd est celle d'une personne qui se concentre tellement sur une chose qu'elle en oublie le monde qui l'entoure. Alors oui, «RR» est concentré sur une chose: le hockey. Mais sur deux équipes en même temps.
Dès la fin du dernier mois de mai, Fribourg annonce, en même temps que le licenciement de Christian Dubé, l'engagement de Rpger Rönnberg. À partir de la saison 2025/26 et avec un contrat de trois ans. Il reste cependant encore l'entraîneur de Frölunda et va entamer sa douzième saison au sein du mythique club suédois, basé à Göteborg. Du côté de Gottéron, le président Hubert Waeber n'a pas caché qu'il aurait préféré avoir le Suédois tout de suite à la bande. Mais Roger Rönnberg a ses principes: «Je ne romprais jamais un contrat. Que ce soit Fribourg ou Toronto qui m'appelle». Ainsi, le club qui l'engage connaît immédiatement ses valeurs et sa philosophie.
Il est rare qu'un changement d'entraîneur soit rendu public plus d'un an avant son entrée en fonction. Des mois avant que Frölunda ne joue la Coupe Spengler durant la semaine de Nouvel-An 2023, le Suédois avait déjà fait face à des rumeurs sur une arrivée en Suisse et de nombreuses questions à son sujet. C'est pourquoi le technicien de 53 ans a voulu clarifier les choses et mettre fin aux spéculations. Son discours de bienvenue à l'équipe pour le début de l'entraînement à Göteborg contenait ainsi en même temps un message d'adieu. Une situation étrange.
Mais contrairement à Fribourg, Frölunda se porte bien. «Un sentiment extraordinaire», dit «RR». Le club, avec lequel Roger Rönnberg a remporté deux fois le championnat (2016, 2019), occupe actuellement la deuxième place. La situation de départ, inconfortable, a semble-t-il donné un surplus de motivation à l'équipe. Cela avait déjà été le cas lors de l'annonce du départ de la légende du club Joel Lundqvist (42 ans) après 14 ans de service! «Mais je ne veux pas devenir trop émotionnel ou sentimental», souligne d'abord le headcoach de Frölunda.
Les matchs de Fribourg au lieu de Netflix les soirs de congé
Néanmoins, sa signature en Suisse a changé beaucoup de choses dans son esprit: «J'apprécie encore plus chaque jour ici en Suède, car je sais que la fin arrive. Quand je me réveille le matin, je me dis que c'est mon dernier 30 octobre ici. Cela ne m'était jamais arrivé, j'étais toujours engagé pour plusieurs saisons». Il apprécie encore plus les petites choses, les moments autour des matches. Et il a encore une chance de remporter le titre avec Frölunda.
Malgré ce grand objectif en vue, Gottéron est déjà présent dans l'esprit de Roger Rönnberg. «Il est impossible que je ne m'occupe que du championnat suédois. Je fais mes devoirs pendant mes soirées de libre». Au lieu de regarder Netflix, il analyse les matches de Fribourg. «Pour avoir une compréhension toujours plus grande du hockey suisse».
Le nouvel entraîneur des Dragons est plein d'énergie, il attache énormément d'importance à sa mission future. Et, en même temps il prend comme un défi le fait de changer la culture et la mentalité du club pour former une équipe capable de gagner. «C'est un processus. Mais ce n'est pas une excuse pour ne pas trouver quand même des moyens de gagner des matches». Mais Roger Rönnberg ne veut pas seulement gagner des matches - il veut bien plus. Le premier titre de champion, tant attendu dans l'histoire du club.
«J'ai déjà trouvé sur Google Maps l'endroit pour fêter le titre», dit-il avec enthousiasme. Où? «Devant la cathédrale». La cathédrale Saint-Nicolas est un symbole de la ville de Fribourg et le Suédois se voit bien installer une scène devant. Le futur entraîneur de Gottéron ne veut pas détailler le timing de sa prophétie et préciser si ce sera dans deux, cinq ou neuf ans. La date de la fête n'est pas connue, mais le carton d'invitation est déjà prêt.
Nicole Vandenbrouck