Pourquoi, bon sang, le hockey suisse ne propose-t-il pas une fenêtre de transferts? Pourquoi ne s'inspire-t-il pas d’un modèle qui fonctionne très bien dans le monde du football et dans le sport nord-américain?
Pour tous les acteurs, des joueurs aux directeurs sportifs en passant par les agents, tout serait plus simple, plus transparent et plus loyal si la ligue interdisait toute tractation pour la saison suivante avant le 1er janvier. Cette date passée, un directeur sportif serait autorisé à contacter et à négocier un contrat avec un joueur d’une autre équipe.
Quand j’étais hockeyeur, les top joueurs commençaient à être courtisés vers le mois de novembre et, généralement, les contrats étaient signés en décembre. Quand j’étais passé de Lugano à Berne en 2002, j’avais finalisé l’accord avec le SCB le 24 décembre 2001 alors que je me trouvais à Davos avec le Team Canada pour y disputer la Coupe Spengler. Pour l’anecdote, on avait réussi à garder le secret et, en play-off, on avait éliminé Berne dans un duel musclé au cours duquel Martin Steinegger, le capitaine du SCB qui avait eu écho de mon arrivée, m’avait arraché la tête. On en parle encore quand on se croise…
Le culte du secret
Il était d’ailleurs important de ne pas ébruiter ces accords car cela ne plaisait pas à nos dirigeants. A Lugano, mon coéquipier Gian-Marco Crameri avait été privé d’une série de play-off contre Zurich car des médias avaient dévoilé qu’il jouerait avec le «Z» la saison suivante.
Aujourd’hui, on évolue dans un cadre qui n’est pas raisonnable. Actuellement, un directeur sportif ne discute pas avec des top joueurs et des agents pour préparer la saison 2025-2026 car l’essentiel du job est fait. Il planche sur la campagne 2026-2027.
Des erreurs coûteuses
Dans une telle situation, on court le risque de faire des erreurs qui peuvent coûter des centaines de milliers de francs au club. On a à peine le temps d’évaluer un joueur de son équipe qu’il faut déjà envisager de prolonger son contrat si on ne veut pas se le faire piquer. Et il faut analyser des profils qui seront disponibles dans deux ans sans vraiment savoir comment le gars va se développer.
Pour faire simple, on se marche sur la tête
Une vraie fenêtre de transferts, avec de vraies règles et de vraies sanctions pour ceux qui ne les respectent pas réduirait ce risque d’erreurs et mettrait tout le monde sur un pied d’égalité.
Christian Dubé