"Sous un maillot qui se porte avec fierté, si tu le portes; il faudra le mouiller !" Fan's Club Fribourg Gottéron

12 décembre 2024

Rönnberg veut «instaurer une culture de la gagne»

 

Après douze saisons de bons et loyaux services au Frölunda HC, Roger Rönnberg s'apprête à changer de crèmerie au terme de l'exercice en cours. À 53 ans, l'entraîneur suédois va connaître sa toute première expérience à l'étranger en rejoignant Fribourg-Gottéron au printemps prochain.

Le technicien scandinave, deux triomphes nationaux et quatre victoires en Ligue des champions à la tête du club basé à Göteborg, a profité de la trêve internationale pour longuement s'épancher sur sa situation personnelle. Dans la langue de Shakespeare.

«Peut-être pourrons-nous faire l'interview en français dans deux ou trois ans, se marre-t-il. C'est un sacré défi à relever, car c'est une langue tellement différente du suédois. Il faut vraiment que je commence à l'étudier davantage.»

Roger Rönnberg, vous vivez votre douzième et ultime saison à Frölunda. Cette rare longévité rend-elle votre départ plus difficile à vivre ou est-ce une chance de savoir que l'aventure va prendre fin?

Je pense que c'est une bonne chose de savoir qu'il s'agit de ma dernière année. Tout le monde le sait: moi-même, les joueurs, les dirigeants et les fans. Je ressens beaucoup d'énergie, car je veux gagner pour ma dernière saison. Je fais donc tout ce qui est en mon pouvoir, au quotidien, pour aider le club à avoir du succès.

Après tant d'années à Frölunda, pourquoi avoir pris cette décision?

Pour deux raisons. Tout d'abord, je me suis demandé si j'étais en capacité de continuer à développer le club et à le rendre meilleur au cours des cinq prochaines années. Pour la première fois, je n'en étais pas sûr et j'ai pensé qu'un nouvel entraîneur pourrait être bénéfique pour Frölunda. J'ai aussi senti que j'étais prêt à vivre une nouvelle aventure, que j'aimerais relever un nouveau challenge.

Vous avez opté pour le challenge fribourgeois, en l'occurrence. Pour quelles raisons?

J'ai d'abord rencontré Gerd (ndlr: Zenhäusern, le directeur sportif), puis les membres du conseil d'administration. J'ai immédiatement senti qu'il s'agissait de personnes compétentes. Et, le plus important pour moi, de personnes qui partageaient les mêmes valeurs que moi. Le projet que Gerd et l'ensemble de l'organisation m'ont exposé, à savoir changer la culture au sein du club, m'a parlé. Il ne s'agit pas seulement de gagner à court terme, mais d'instaurer une culture de la gagne au sein du club pour les nombreuses années à venir. C'est donc un grand défi qui nous attend, et on a beaucoup de travail devant nous.

Des parallèles entre ce que vous avez bâti à Frölunda et le projet fribourgeois peuvent-ils être tirés?

Oui, c'était exactement la même chose que ce qu'on a créé ici à Göteborg. Il y a douze ans, ma mission était la même: créer une culture de la gagne au sein du club et faire que celui-ci soit un prétendant au titre chaque année. On a été une équipe de premier plan presque chaque année, tout en développant beaucoup de joueurs. Beaucoup de jeunes, mais aussi des plus vieux. Ça exige un travail collectif, de l'ensemble des personnes présentes au sein du club.

Avec votre impressionnant CV, n'auriez-vous pas préféré diriger une équipe de pointe en Suisse? Ou être à la tête d'une sélection nationale ou d'une franchise de NHL?

Non, pas nécessairement. Ce que j'ai aimé ici à Frölunda, c'est travailler sur le long terme, avec les bonnes personnes, afin de construire quelque chose. C'est pouvoir travailler sur le développement des joueurs et des entraîneurs au quotidien, collaborer avec la direction afin de construire une grande équipe que les fans apprécient et dont le style de hockey est attractif et reconnaissable. J'accorde beaucoup d'importance à ces aspects. Le chemin le plus court vers la victoire ne m'intéresse pas.

Dans les colonnes du «Blick», vous avez toutefois confié déjà savoir où vous allez fêter le titre de champion de Suisse. Ne craignez-vous pas que les attentes soient trop grandes?

J'aurai beaucoup de pression, mais je veux gagner. Je sais que ce ne sera pas facile, mais on doit savoir ce que l'on se veut. Il est important de savoir ce que l'on vise. Quant à la passion des supporters pour leurs joueurs et leur équipe, je l'ai vue lors des derniers play-off. Et c'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai voulu signer à Fribourg. Cette ferveur et cette énergie, je veux en faire partie.

Le début de saison de Fribourg-Gottéron n'a pas répondu aux attentes populaires. En tant que futur coach, est-il préférable d'arriver au sortir d'un championnat décevant?

Tout d'abord, croyez-moi, tout le monde à Gottéron veut gagner dès cette saison. D'ailleurs, j'aime bien ce que je vois depuis quelques matches. Après, je ne sais pas s'il y a un bon moment pour arriver dans un club. J'espère que Fribourg connaîtra une bonne fin de saison; ça voudrait dire que les joueurs ont déjà une culture gagnante. Ce serait donc plus facile pour l'avenir. Une chose est sûre: je suis le plus grand fan de Fribourg en Suède.

Vous évoquez l'avenir. À quel point êtes-vous déjà engagé dans votre future fonction?

J'entraîne toujours Frölunda, mais je n'ai plus à m'occuper du recrutement des joueurs, ni de la planification de l'équipe en vue de la saison prochaine avec le directeur sportif. Je peux donc mettre cette énergie sur le projet fribourgeois.

Justement, les Dragons ont récemment recruté Patrik Nemeth, Ludvig Johnson ou encore Attilio Biasca. Avez-vous œuvré sur ces transferts?

Gerd prend et prendra toujours toutes les décisions finales concernant les joueurs. C'est d'ailleurs encore le cas en ce moment. Mais on a, bien sûr, régulièrement des contacts, tard le soir ou dans la nuit. Et on se soutient mutuellement sur les choix effectués. De mon côté, lorsque je regarde les matches de Fribourg, je repère les joueurs susceptibles d'être recrutés par Gottéron.

L'un des enjeux majeurs à venir à la BCF Arena est la prolongation de contrat - ou non - de Julien Sprunger. Espérez-vous conserver le capitaine fribourgeois la saison prochaine?

J'ai toujours admiré Julien Sprunger en tant que joueur. Je l'ai vu évoluer pendant tant d'années. J'aime sa passion et son leadership. En plus, c'est un très bon hockeyeur. Concernant son avenir, ce n'est pas une décision qui me revient. C'est à Gerd d'y répondre. Tout ce que je sais, c'est qu'une discussion à ce sujet aura lieu entre les deux.

Chris Geiger

lematin.ch