Attention aux conclusions hâtives. Fribourg Gottéron a remporté trois victoires de rang (Zoug, Zurich et Lugano) ainsi que la Coupe Spengler avec une seule défaite en quatre matches lors des tirs aux buts contre Pardubice. Mais, au-delà des résultats bruts, il y a une énergie positive qui semble se dégager du vestiaire de la BCF Arena. L'œuf a-t-il fait le Dragon ou le Dragon fait-il l'œuf? Probablement un peu des deux. Voici cinq clés qui expliquent ce renouveau et l'équilibre fragile qui semble avoir été trouvé.
Un état d'esprit positif
«Le moral est une arme de guerre.» C'est Lancelot qui le dit dans la série Kaamelott. Et il est difficile de lui donner tort. Bien sûr, la bonne forme a des racines technico-tactiques que l'on analysera plus tard. Mais avant cela, il faut surtout parler de ce que plusieurs joueurs appellent «une nouvelle voix». Celle de Lars Leuenberger donc. Il ne faut pas avoir fait des études de psychologies poussées pour se rendre compte que les joueurs de Fribourg Gottéron n'étaient pas des plus convaincus par le discours de Pat Emond.
Celui du nouvel entraîneur est-il plus en adéquation avec son vestiaire? Cela semble être clairement le cas. Il suffit de voir la débauche d'énergie des derniers matches pour s'en rendre compte. Non pas que les Dragons ont «joué contre Pat Emond». C'est une théorie à laquelle il est difficile d'accorder trop de sérieux. Mais parlons plutôt de message qui a plus ou moins de facilité à convaincre. Celui de Lars Leuenberger passe bien. Le fait qu'il soit le futur assistant de Roger Rönnberg rend sa position autrement plus tenable que celle de son prédécesseur. C'est une évidence.
Un jeu moins passif
Ne commettons pas l'erreur de vouloir tout mettre sur le dos de Pat Emond. Il a ses torts, mais il n'est pas le seul. Par contre, un constat d'échec clair doit lui être imputé. Au devant de cette saison chargée avec la Champions League, la Coupe Spengler et le championnat, le technicien a voulu ménager sa monture avec un jeu moins énergivore. Mais ses joueurs se sont rapidement transformés en ânes qui n'avaient pas soif (c'est juste une image).
L'idée de base n'était pas forcément stupide. Mais c'était faire abstraction de l'ADN de Fribourg Gottéron. De ce qui avait permis aux Dragons de terminer avec plus de 100 points la saison 2023/2024. La passivité en zone neutre et les pucks «balancés au fond» n'ont jamais convaincu les Dragons et le discours de leur ancien entraîneur n'a pas fait mouche.
Des défenseurs plus impliqués
Double buteur contre Zurich, Dave Sutter paraît revigoré depuis que Lars Leuenberger est en poste. Le futur joueur du GSHC a inscrit 4 de ses 5 points depuis le changement de coach. Sans parler de la bonne impression globale. Il en va de même pour Yannick Rathgeb, buteur à Zoug ou Benoît Jecker, très bon durant la Coupe Spengler. Travailleur de l'ombre, Mauro Dufner profite également d'un vent nouveau pour gratter de belles minutes de jeu. Ce dernier a remplacé numériquement Andreas Borgman, devenu étranger surnuméraire. Et hormis la couleur du passeport, il n'est pas simple de savoir lequel des deux grève le contingent d'étrangers. Le Suédois est le grand perdant du remaniement opéré à la BCF Arena.
Impliquer davantage les arrières est l'une des lignes directrices claires de Lars Leuenberger. Cela saute aux yeux lorsque les Dragons ont le puck en zone offensive. Les permutations sont largement plus nombreuses et il n'est pas rare de voir un défenseur se projeter vers le but pour créer du mouvement. Ce «chaos organisé», comme l'appelle le technicien, permet à tout le monde de participer à la fête. Cela rend l'attaque des Dragons moins prévisible et donc plus difficile à contrer.
Un alignement cohérent
«C'est important que chaque joueur dans mon vestiaire sache pourquoi il est là et ce que j'attends de lui. Cela peut ne pas lui plaire, mais il doit l'accepter.» Fin communicant, Lars Leuenberger met un point d'honneur à faire passer le mieux possible ses messages depuis son arrivée en poste. Mais plus que des discours, le coach saint-gallois est également parvenu à trouver un équilibre dans ses quatre lignes, contrairement à Pat Emond avant lui.
Ainsi, chacune de ses quatre lignes semble avoir une vraie identité et un vrai rôle. La triplette offensive Lilja - Vey - Bertschy est excellente. Le trio Nicolet - Wallmark - Sörensen semble doucement se trouver. En début d'article, il était question «de fragile équilibre» et celui-ci peut rapidement vaciller. Mais en une quinzaine de jours, l'équipe de Fribourg Gottéron paraît plus cohérente qu'elle ne l'a jamais été depuis le début de saison. Cela l'aide à être meilleure.
Un Reto Berra décisif
Depuis le début de saison, le gardien tourne à 90,5% d'arrêts et encaisse 2,35 buts par match. C'est loin de son taux de 92,9% réalisé la saison dernière. Depuis septembre, c'était surtout rare de le voir faire un match parfait, ce d'autant plus qu'il n'était que rarement bien aidé par sa défense. Son craquage monumental à Berne est resté dans les mémoires et venait stigmatiser la frustration de l'expérimenté dernier rempart.
Vendredi soir, après la victoire face à Zurich le jour de son 38e anniversaire, Reto Berra a été longuement rappelé par les fans des Dragons. Façon de lui souhaiter une bonne fête, mais également de valoriser son niveau actuel. Depuis le changement de coach, il a clairement haussé le niveau que ce soit en National League ou durant la Coupe Spengler. Lors des trois matches de championnat, le Zurichois n'a concédé que quatre buts et rendu une fiche de 94,8% d'arrêts (73/77). Avec un portier à ce niveau, Fribourg Gottéron peut voir venir.
Grégory Beaud