Mardi, lors du «media day» organisé par Fribourg Gottéron, personne n'a semblé prêter attention à la date, mais ce 11 mars était un anniversaire. En effet, cela faisait pile 17 ans que Fribourg Gottéron avait remporté sa seule série de play-off face à Berne. Des acteurs présents sur la glace de Saint-Léonard ce soir-là, plus aucun ne chaussera ses patins ce vendredi soir dans la PostFinance Arena.
«Pas même Julien Sprunger?», questionne Christoph Bertschy. La mémoire de l'attaquant des Dragons n'est pas mauvaise, à un détail près. Le No 86 était suspendu pour ce match. «Je pensais qu'il était là, rigole Christoph Bertschy. J'ai l'image du jour où il marque après avoir tapé sa canne sur la glace de rage quelques secondes avant.» Cette scène s'est déroulée un an plus tard contre Zurich le jour d'un autre exploit de la bande à Serge Pelletier.
«Des héros»
Si la mémoire du No 28 des Dragons est aussi précise, c'est qu'il était aux premières loges lors de la victoire face à Berne. Ou aux premiers gradins, pour être précis. «Je me rappelle parfaitement de cette soirée, lance-t-il. J'étais juste là.» Depuis le secteur VIP qui surplombe le virage des supporters, il pointe du doigt l'endroit précis. «J'étais dans le secteur des enfants avec mes copains de l'équipe, sourit-il. J'avais quoi? Une douzaine d'années.» Treize pour être exact. «Mais j'ai de sacrés souvenirs, rigole-t-il. On avait l'impression que les gars sur la glace étaient des héros. C'était fou.»
Fribourgeois comme Christoph Bertschy, Tristan Scherwey était également dans la patinoire des Dragons ce soir-là. À l'évocation de cette soirée, il hausse la voix. «Gil Montandon! Gil Montandon en prolongation, je m'en souviens parfaitement. C'est un moment que je n'oublierai jamais!» Au contraire de l'autre international suisse, le No 10 de Berne était un rien plus tiraillé. «Je venais de partir de Fribourg pour le SCB après l'école obligatoire, se souvient-il. J'étais forcément reconnaissant de l'opportunité que l'on me donnait là-bas… Et dans le même temps, je suis Fribourgeois.»
S'il se souvient avec autant de précision du but de Gil Montandon, c'est parce que, lui aussi, était bien placé. «J'avais trouvé un endroit entre les places assises et les places debout et la vue était parfaite. Je connais bien ses fils pour avoir beaucoup joué avec eux. Alors forcément, quand tu le vois marquer ce but si important, cela ne peut que te faire quelque chose.»
Un modèle nommé Gil Montandon
Tristan Scherwey plonge encore plus loin dans ses souvenirs. «Juste avant ce match décisif, je me rappelle avoir lu une interview de Gil Montandon. Il disait que le plus beau était encore à venir. Et juste après, il qualifie Gottéron. C'est comme s'il avait donné le signal à toute son équipe. Comme il avait quitté dans un premier temps Fribourg pour Berne, je m'identifiais beaucoup à lui.»
En 2008, les deux attaquants n'avaient déjà pas le même maillot. Comme ce soir. Mais ils ont tous deux vécu des émotions folles. «Avec Tristan, nous n'avons pas de contacts réguliers par message, détaille Christoph Bertschy. Mais à chaque fois que nous voyons, c'est comme si on avait toujours été ensemble. C'est une des personnes qui a le plus pris de nouvelles de moi après mon départ de Berne pour aller aux États-Unis.» Mais dès ce vendredi soir, l'amitié sera mise de côté. «On reprendra contact après la série», sourit Tristan Scherwey.
Grégory Beaud