"Sous un maillot qui se porte avec fierté, si tu le portes; il faudra le mouiller !" Fan's Club Fribourg Gottéron

4 avril 2025

Avant d'égaliser, Yannick Rathgeb a eu un coup de génie

 

Bien avant le but décisif de Julien Sprunger lors de la deuxième prolongation, il s'était passé bien des choses lors de la fin du temps réglementaire. La bousculade entre Christoph Bertschy et Kevin Pasche a évidemment fait beaucoup parler. Les arbitres auraient-ils dû interrompre le jeu? C'est bien possible. Mais Geoff Ward n'a pas voulu trop s'attarder sur cette scène. «Comme le puck est ressorti, on ne peut de toute façon rien changer», a remarqué le coach du Lausanne HC.

Entre cette scène et le 2-2 de Yannick Rathgeb, les Lausannois auraient tout à fait pu plier l'affaire et remporter ce troisième acte. Sur un puck contré par la défense, Ahti Oksanen est parti en contre alors que Reto Berra avait déserté sa cage. Marcus Sörensen et Yannick Rathgeb sont partis à sa poursuite. Mais c'est le Suédois qui a semblé donner les coups de patins les plus appuyés pour fondre sur l'ailier finlandais et empêcher qu'il ne marque dans la cage vide. Une poignée de secondes plus tard, Yannick Rathgeb marquait le 2-2.

Mais comment Marcus Sörensen a-t-il bien pu effectuer un backcheck aussi incroyable lui qui, il ne faut pas se mentir, n'est pas toujours l'employé du mois au moment où le repli défensif est au programme? Au premier abord, on pourrait croire que Yannick Rathgeb coupe son effort. Mais le No 27 a décidé de propulser son coéquipier avec sa canne pour lui permettre de rattraper Ahti Oksanen in extremis, comme le montrent les images au sommet de cet article.

Le joueur nordique de la Vaudoise aréna aurait-il fait trembler les filets s'il n'avait pas eu le retour de la fusée Sörensen? Impossible à dire puisqu'il se situait dans une position excentrée. Mais la probabilité était tout de même grande.

Après cette soirée qui a vu Fribourg égaliser en revenant de nulle part, les Fribourgeois retiendront sans doute le but égalisateur de Yannick Rathgeb et celui de la victoire signé Julien Sprunger. Mais ce coup de génie défensif du No 27 n'a pas forcément moins de valeur au moment de l'addition finale.

Sprunger a envoyé tout le monde au lit à 23h58

Le héros inattendu

Linden Vey a été appelé pour remplacer au patin levé Lukas Wallmark dont la fin de saison a été annoncée par Fribourg Gottéron en matinée. C'est lui qui a pris place au centre de la première ligne avec Marcus Sörensen et Sandro Schmid à ses côtés. Après une vingtaine de minutes d'adaptation, la triplette a tourné de mieux en mieux pour se montrer particulièrement à son avantage sur l'ensemble de la rencontre. Vey, lui, a été terriblement précieux en remportant 19 de ses 30 engagements (63%). Du Wallmark dans le texte.

Le tournant

Alors que Lausanne paraissait avoir fait le plus dur, le club de la Vaudoise aréna a écopé successivement de deux pénalités permettant aux Dragons de disposer de 46 secondes à 5 contre 3. C'est avec un homme et demi de plus sur la glace que les Dragons ont pu inscrire le 2-1. Jason Fuchs, premier pénalisé, venait en effet de terminer sa pénalité. Le but de Samuel Walser a remis Fribourg Gottéron dans le match au moment où il semblait lui filer entre les gants.

Le tournant (2)

Ahti Oksanen semblait filer vers un but dans la cage vide. Mais c'était sans compter sur un retour fulgurant de Marcus Sörensen qui a semblé backchecker comme si sa vie en dépendait. Il y a de ça, bien sûr. Mais il y a également un petit coup de pouce (et de canne) signé Yannick Rathgeb. Ce même Rathgeb qui égalisera un instant plus tard. Difficile de faire plus grand tournant dans une rencontre.

L'action

Faute ou pas faute? Christoph Bertschy a bousculé Kevin Pasche avant le 2-2 de Yannick Ratgheb. Mais le staff lausannois n'a pas pu demander aux arbitres d'aller voir la vidéo, puisque le puck était ressorti de la zone entre les deux scènes rendant le recours au coach's challenge impossible. Si le No 28 de la BCF Arena touche en effet le gardien, il a été bien «aidé» par son beau-frère, Andrea Glauser. Une chose semble certaine: cette action ne méritait en tout cas pas de pénalité contre Fribourg Gottéron. Les arbitres auraient-ils dû interrompre le jeu pour signaler un engagement en zone neutre? Cela semblait être l'avis unanime des supporters particulièrement agacés. Et c'est difficile de leur donner tort.

L'info

Michael Raffl n'a pas été en mesure de terminer la rencontre. Touché au visage en début de rencontre par une canne adverse, il est revenu au jeu mais a jeté l'éponge plus tard. Est-ce lié? En temps de play-off, il est toujours hasardeux de spéculer sur les blessures des joueurs. Mais les deux choses ne semblent pas avoir un lien de cause à effet. Toujours est-il que l'Autrichien manquerait cruellement au LHC s'il venait à ne pas pouvoir tenir sa place samedi à Fribourg.

Le chiffre

36'55'. C'est Sandro Schmid qui a eu le plus de temps de glace pour Fribourg Gottéron. Et, plus généralement, ce sont trois attaquants qui ont le plus patiné à Lausanne. Un fait suffisamment rare pour être signalé. Outre le No 73, Linden Vey a patiné durant 35'05'', tandis que Marcus Sörensen a vu son chronomètre s'arrêter à 34'32''.

La stat avancée

57%. Selon NLiceData, Fribourg Gottéron s'est créé 2,77 buts escomptés durant toute la soirée lausannoise contre seulement 2,09 au LHC. Un écart qui reflète finalement la physionomie de la rencontre avec une équipe vaudoise qui a peiné à se défaire du marquage des Dragons.

La stat avancée (2)

0,57 but escompté. Malgré près de 10 minutes de supériorité numérique au total, le Lausanne HC n'a rien montré ou si peu. Bien sûr, on n'oublie pas le but de Ken Jäger avec un homme de plus sur la glace en début de soirée. Mais lors des périodes additionnelles, l'équipe de Geoff Ward a pu jouer six minutes avec un homme de plus sur la glace sans en profiter. Lorsqu'une défaite est à la clé, il ne faut parfois pas chercher trop loin les explications.

Le duel

Si les deux prolongations n'ont pas toujours atteint un niveau incroyable de hockey sur glace, les fans de boxe ont pu assister à un très bel échange entre le Fribourgeois Dave Sutter et le Lausannois Ahti Oksanen (73e). Après un coup de cross du Dragon, le Finlandais a lâché sa canne et a tenté de mettre des coups de poing à son adversaire. Mauvaise idée puisque, assez facilement et avec une belle droite, Dave Sutter a mis à terre le No 29 du LHC.

«On voit que c'est lui qui commence, se défend l'arrière fribourgeois. Je me suis demandé si je devais lâcher les gants, mais je me suis dit que c'était une mauvaise idée si je le faisais et lui pas. J'ai attendu longtemps, puis après je lui ai mis un coup.» Et pas à moitié.

La phrase

«J'ai dit à Julien qu'il aurait pu marquer sur sa première occasion de la prolongation pour nous éviter de jouer jusqu'à minuit. Dave Sutter, défenseur de Fribourg Gottéron, tout sourire après la victoire.»

L'image

Y a-t-il but sur cette action? Si l'on en croit cette image, on pourrait se dire que le puck touche la deuxième ligne et donc que les arbitres auraient dû accorder l'ouverture du score à Fribourg Gottéron. Il va sans dire que ce n'est pas le cas puisque le puck était plusieurs mètres au-dessus du but de Kevin Pasche. Mais l'illusion d'optique valait tout de même une mention dans cet article. 

Hors antenne

Après le match, vous avez pu voir à la télévision les visages soulagés ou frustrés des joueurs des deux camps. Mais ce qu'ils montrent moins à ce moment-là, c'est leur fatigue, pour ne pas laisser croire à leur adversaire qu'ils sont cramés. Devant les journalistes, ils peuvent plus facilement le faire. Héros du soir, Julien Sprunger s'est assis sur le banc en soufflant: «Ça fait du bien».

De l'autre côté, Jason Fuchs, après les interviews télévisées, a détalé aux vestiaires. «Je reviens mais il faut que j'aille enlever mes patins», a crié le No 14 avant, comme promis, de refaire son apparition pour les radios et la presse écrite. Et avec des claquettes au pied.

La note du match

7/10 pour le scénario à rebondissements.


«On s’est dit qu’il fallait tous donner 5% de plus»

Sur un débordement de Ryan Gunderson, Julien Sprunger s'est retrouvé seul dans le slot. Son premier envoi a terminé sa course contre le plexiglas. Mais le flair du chasseur de buts l'a fait bondir pour placer le puck entre le casque et l'épaule de Kevin Pasche pour inscrire le 2-3 décisif. Il était presque minuit lorsque le capitaine des Dragons a mis un terme à la rencontre. On était déjà vendredi lorsqu'il s'est présenté aux interviews.

Julien, comment on se sent après une victoire en double prolongation et un but décisif?

C'est magnifique. On revient de loin. On n’a peut-être pas super bien commencé ce match. On est mené 2-0, mais je pense qu’au final, la victoire est quand même méritée. On a montré un visage, à partir du deuxième tiers, beaucoup plus offensif, beaucoup plus solide. On s’est créé énormément d’occasions, on a été beaucoup vers l’avant, on a été solide défensivement aussi. Sur l’ensemble, on a vraiment mérité cette victoire ici à Lausanne.

Et c’est toi qui marques le but décisif. Le capitaine qui délivre son équipe, c’est un symbole fort?

Ça fait toujours plaisir de trouver le chemin des filets comme ça en prolongation. Après, je crois que c’est à l’image de notre équipe. Depuis le début des play-off, c'est tous les soirs un autre joueur qui est décisif. On voit Rathgeb qui marque à quelques secondes de la fin du match, qui nous remet à 2-2. On a eu une nouvelle difficile ce matin avec l’absence de Lucas Wallmark jusqu’à la fin de la saison. On s’est dit qu’il fallait qu’on travaille en équipe, qu’on donne chacun 5% de plus. Je crois que ça a été le mot d’ordre et on l’a vu tout au long de la soirée.

Deuxième victoire ici. L’extérieur réussit mieux à Fribourg?

On doit utiliser cet avantage de la glace, de gagner à Fribourg. On sait que ce n’est pas facile de gagner ici. On l’a fait deux fois maintenant, donc on sait qu’on s’est mis dans une bonne position. À nous de confirmer à la maison. Je crois que c’est aussi le mot d’ordre: c’est qu’on joue un match numéro 3, un match numéro 7, une prolongation, une première période, c’est un peu égal. On se concentre vraiment sur notre jeu, sur notre système, sur notre base. Je crois qu’on a montré une très grosse solidité mentale ce soir.

Tu es le seul à lever les bras tout de suite sur le but. À quel moment tu vois que le puck est au fond?

Tout de suite, mais j'étais assez bien placé (rires). J’ai loupé le premier shoot. Je sais pas s’il était touché, il rebondit, et ensuite voilà… ça va tellement vite que tu vois un trou, tu essaies, tu shoots, et ça touche son casque. Donc assez rapidement, j’ai vu que le puck était dedans.

Tu avais déjà eu une grosse occasion pendant la prolongation. Tu te dis quoi à ce moment-là? T’es frustré?

Non, pas vraiment. On était très sereins. J’ai eu une grosse occasion, mais il y en a eu d’autres. On a des deux contre un, on a eu des chances de marquer aussi. Mais on a aussi réussi à tuer aussi trois pénalités durant les prolongations. On est resté calmes.

C’est ton but le plus tardif en carrière?

C’est possible, oui. C’est bien possible. Il faut toujours une première à tout, tu vois. Ce n'est jamais trop tard (rires).

Comment l'équipe a-t-elle réagi à l'annonce dans la journée de la fin de saison de Wallmark?

Ce matin, il l’a annoncé à toute l’équipe dans le vestiaire. C’est clair que ça met un petit coup au moral, une petite gifle à tout le monde. On sait que c’est un joueur hyper important qui a été incroyable toute la saison. Devoir se passer de lui, c’est compliqué. Mais après, je crois qu’on a tout de suite senti que ça n’allait pas être un problème dans l’alignement. Linden (ndlr Vey) a pris sa place, Dan (ndlr Ljunggren) a pris la place à Linden. Et puis voilà. Une fois qu’on a commencé à jouer, ça n’a pas vraiment été un souci.

Grégory Beaud

blick.ch