Jeudi, le troisième acte de la demi-finale des play-off de National League entre le Lausanne HC et Fribourg-Gottéron (2-3 ap) a entraîné passablement de remous. Après le match, sur le parvis de la Vaudoise aréna entre ultras du LHC et forces de l'ordre. Mais également durant la rencontre, à l'intérieur de l'enceinte.
L'égalisation des Dragons, tombée en fin de rencontre (59e), a mis le feu aux poudres entre quelques supporters présents dans le kop lausannois et des fans fribourgeois qui avaient pris place dans le secteur 101, celui réservé en grande majorité aux familles des joueurs, qui est situé à proximité du secteur debout.
Un supporter blessé à la tête
«Nous étions en «première ligne», témoigne une spectatrice assise dans l'emplacement en question. Après ce but, des supporters du kop lausannois sont descendus de leur tribune et sont venus en direction de la nôtre. Ils ont dû être retenus par la sécurité.» La raison de leur colère? «Des fans fribourgeois, situés derrière nous, ont naturellement laissé exploser leur joie. Mais certains ont poussé un peu plus loin en les provoquant, ce qui n’a évidemment pas aidé à calmer les tensions.»
Un autre témoin présent dans ce coin de patinoire a également assisté à ces scènes. «Des hommes d'une cinquantaine d'années ont allumé le kop lausannois après l'égalisation, confirme-t-il. Ils ont le droit de manifester leur joie. Mais là, ce n'était franchement pas malin.»
Que s'est-il concrètement passé dans la foulée? «Des échanges d’insultes, quelques gestes obscènes et malheureusement quelques verres lancés, occasionnant une blessure à la tête d’un supporter lausannois, relate notre interlocutrice. Beaucoup de familles ont alors préféré quitter le secteur...»
Notre deuxième observateur corrobore ces faits. «J'ai vu les femmes des joueurs lausannois partir car des enfants pleuraient, souffle-t-il. Il faut dire que des gobelets de bière étaient jetés en l'air dans leur direction.»
Le LHC condamne
Une bonne partie du public présente dans le secteur 101 est toutefois restée jusqu'au terme de la rencontre, qui s'est finalement terminée à 23h59 sur une réussite du capitaine Julien Sprunger pour Fribourg-Gottéron. L'esprit des spectateurs était-il tranquille pour suivre les prolongations?
«À aucun moment nous ne nous sommes sentis en danger… jusqu’à ce qu’un supporter lausannois du secteur VIP vienne nous invectiver, persuadé que nous étions du «mauvais camp», reprend notre spectatrice. Il n'a pas été facile de lui faire comprendre, dans cette ambiance survoltée, que nous étions du côté du LHC. Nous avons alors changé de place par précaution, et tout est rentré dans l'ordre. La sécurité a d'ailleurs fait un excellent travail, et nous serons de retour pour supporter le LHC.»
Selon les différents témoignages récoltés, aucune violence majeure ni mouvement de panique n'a, en effet, été à déplorer grâce à l'intervention des personnes en charge du maintien de l'ordre à l'intérieur de la patinoire de Malley. Malgré la bonne réaction de ses équipes, Chris Wolf condamne ces événements.
«Après le 2-2, où des tensions sont nées entre le kop lausannois et des supporters fribourgeois présents en places assises, je suis allé m’enquérir de la situation, détaille le CEO du club vice-champion de Suisse 2024. J’ai discuté avec mon staff et les supporters qui ont été témoins de comportements inappropriés, et nous avons pris des mesures. Celles-ci ont permis d’apaiser les tensions.»
Reste désormais à voir si cette accalmie se poursuivra mardi prochain à l'occasion du cinquième acte de cette demi-finale 100% romande. Victimes collatérales et dirigeants l'espèrent.
Scènes de violence après le match
Plusieurs dizaines de fans du LHC habillés de noir et portant pour certains capuchon et masque attendent sur le parvis de la Vaudoise aréna. Il est minuit 20 et l’acte III de la demi-finale des play-off et Fribourg vient de s’imposer en deuxième prolongation face à Lausanne.
Devant le regroupement de supporters ultras, une trentaine d’agents de police antiémeute sont répartis, faisant barrage à la route que prendront les quatre cars de spectateurs de Fribourg Gottéron. Les membres des forces de l’ordre portent casque, protections aux jambes aux bras, gilet pare-balles, matraque et tout l’attirail imaginable dans ce type de situation.
Un équipement exagéré? On n’est pas loin de le penser. Mais notre jugement hâtif est rapidement remis à l’ordre lorsque les cars des fans fribourgeois escortés par des motos de la gendarmerie vaudoise prennent le giratoire devant la Vaudoise aréna.
«C’est la police qui vous parle, annonce un membre du déploiement, par mégaphone. Section Ouest, gardez vos distances.» Puis le mégaphone ordonne aux ultras de reculer sans quoi la police utilisera des moyens de contrainte. «Ferme ta g…, fils de p…» répond un mal éduqué. Un autre énergumène la joue moins frontal: «On ne peut pas rentrer chez nous?» au moment où les «Robocop» demandent de ne plus avancer.
Violences physique et verbale à la Vaudoise aréna
Que voulait faire ce groupe d’ultras? Caillasser les cars fribourgeois? C’est une hypothèse. Les ultras fribourgeois ont «chauffé» la Section Ouest durant tout le match et en particulier après le but libérateur de Sprunger à la 94e minute.
Une bouteille passe par-dessus le cordon de police et vient s’écraser à quelques mètres de nous. Deux autres suivent. Des déflagrations (puissants pétards) au nombre de trois éclatent. Une fusée verte part des ultras lausannois en direction de la police et des objets inoffensifs (hampe de drapeau en plastique, notamment) sont lancés.
La situation a été maîtrisée par la police. L’incident devant la Vaudoise aréna a duré moins d’un quart d’heure. Le club a d’ores et déjà condamné ces incivilités et annoncé des mesures.
Chris Geiger