Invité à parler d’un joueur qu’il ne connaît en réalité que depuis quelques semaines, Roger Rönnberg a laissé échapper un soupir… d’admiration. C’était mardi soir, à Berne, après une victoire fribourgeoise éclatante et surtout, le 800e point de Julien Sprunger dans l’élite. «Nous avons un capitaine impressionnant!» a lancé l’entraîneur suédois.
Le héros de la soirée, auteur d’un but superbe - le 403e de sa carrière en National League – a pris la suite de son coach devant les micros. Un exercice auquel il s’est prêté, au bas mot, autant de fois que de matches disputés dans l’élite (1127). D’abord en allemand pour Radio Freiburg, puis face aux journalistes francophones. Large sourire aux lèvres, le capitaine brillait d’une joie particulière: celle d’avoir humilié le SCB, le grand rival, mêlée à celle d’avoir atteint cette barre mythique. Et ce, dès le match suivant la cérémonie d’hommage à son ami Andrei Bykov - où il s’était bien gardé d’éclipser la vedette.
Avec ses 800 points, Julien Sprunger rejoint un cercle restreint. Seuls quatre joueurs le devancent dans l’histoire du championnat: Peter Jaks (894 points; 487 buts/407 assists), Gil Montandon (859; 417/442), Christian Dubé (839; 251/588) et Reto von Arx (816; 265/551). Son plus proche poursuivant encore en activité et ainsi, susceptible de le dépasser d’ici quelques années, se nomme Lino Martschini. Le Zougois est 23e du classement «all-time» avec 595 points (259/336), à 32 ans. Il reste du chemin.
Répéter que Julien Sprunger est impressionnant n’a rien d’original. Mais c’est une évidence, comme l’a bien saisi son entraîneur: par sa régularité, sa capacité à adapter son jeu à un hockey devenu plus rapide au fil des saisons et par ce flair éternel devant les cages adverses, Julien Sprunger est une légende. Et il se gardera bien de le souligner. Lorsqu’on lui demande, sourire en coin, quand viendront les 900 points, il balaie aussitôt la question pour recentrer sur le collectif: «Une chose après l’autre. Nous avons encore du pain sur la planche et beaucoup de progrès à effectuer.»
Car au fond, ce qui guide Julien Sprunger dépasse ses propres statistiques. Plus que ses buts, c’est une dernière mission qui l’anime. Son ami Andrei Bykov ne lui a-t-il pas tracé la voie, samedi dernier? «Le prochain numéro retiré sera celui d’un champion de Suisse. Le 86.» Ne reste «plus qu’à».
Jonas Ruffieux