À 21h41, la majorité des spectateurs de la BCF Arena s'est sans doute dit qu'il aurait mieux valu passer son samedi soir d'une tout autre manière, avec un bon restaurant ou devant une série. Sur la glace, Fribourg était mené d'un but par Berne, qui était en train de réaliser le coup parfait sur la terre du rival. La défense avait tenu le choc jusque-là et Marc Marchon avait délivré le banc et le kop visiteurs à la 57e minute. Avant cela, quasi rien à se mettre sous la dent, tant la rencontre était fermée.
Et pourtant, Gottéron a montré qu'il n'était pas mort, loin de là. Avec son filet désert, Sandro Schmid a d'abord égalisé d'un tir parfait entre les deux ronds d'engagement, à 88 secondes de la sirène finale. «Sur ce coup, je dois remercier Lars Leuenberger (ndlr: l'entraîneur-assistant), s'exclame Roger Rönnberg, coach des Dragons. C'est lui qui est responsable du jeu à 6 contre 5. Je vais lui offrir une bière ce soir.»
L'humour d'Attilio Biasca
Dans la foulée et alors que tout le monde ou presque se préparait à disputer une prolongation, Attilio Biasca, 22 ans, a surgi. En deux temps, il est parvenu à loger une rondelle qui traînait hors de portée de Sandro Zurkirchen et d'offrir la victoire aux Dragons… à 26 secondes de la fin. «Oui, j'aurais pu la soulever la première fois, mais je me suis dit que la deuxième tentative serait meilleure», se marre le héros du soir.
Au moment où le puck a franchi la ligne, la BCF Arena a chaviré dans le bonheur. «J'avais peur que la patinoire s'écroule, sourit Christoph Bertschy. Il y avait tellement de bruit que je ne veux pas connaître le nombre de décibels.» Le No 22 est d'ailleurs le premier à sauter dans les bras d'Attilio Biasca au moment de la célébration. «Et de l'autre côté du plexiglas, j'ai vu certains de mes potes… C'était incroyable», souffle le Singinois.
Une scène… dont ne se souvient pas son jeune coéquipier, buteur décisif. «C'est une émotion que je n'ai jamais ressentie auparavant et j'ai eu un black-out après cette réussite, révèle celui qui a débarqué de Zoug cet été. Rien que d'en parler, ça me donne la chair de poule.» On ne peut que l'imaginer.
Une ambiance de folie
Roger Rönnberg explique qu'après le match et à l'intérieur du vestiaire, la nouvelle recrue Kyle Rau, pas encore prêt pour cette rencontre, était sous le choc. «Il a vu ce match et m'a dit: 'Tu es sûr qu'on est au milieu de la saison? Un samedi soir?' Je lui ai répondu que oui, c'était normal. Et c'est ce qui fait que cet endroit est spécial.»
Même s'il s'agit de son 15e match à la BCF Arena à la tête de Fribourg Gottéron, le coach suédois est toujours ébahi par l'ambiance sur le plateau de Saint-Léonard. «Au moment de l'égalisation, j'étais tout autant fou que les fans, rigole-t-il. Cette enceinte continue de me surprendre, soir après soir. Je ne pense pas qu'on puisse trouver un autre endroit comparable en Europe.» Surtout après un tel scénario.
Quant à Attilio Biasca, il ne prévoit pas de fêter plus que tant. «Je vais faire un peu de vélo et profiter un peu avec l'équipe», tempère-t-il. Les quelques packs de Cardinal dans les mains de Marcus Sörensen et Andrea Glauser qui passent derrière lors des interviews semblent toutefois dire les choses un peu différemment.
Matthias Davet