Imaginez. On vous propose un poste de cadre dans une entreprise, précisant que la place est ad interim, que votre remplaçant va débarquer dans six mois et que vous serez conservé juste sous lui à ce moment. Sur le papier, le job fait rêver.
Sauf qu'en fait, le bateau est à la dérive. Contre toute attente, vous bravez vents et marées et vous réalisez les meilleurs résultats, si ce n'est de l'histoire de l'entreprise, au moins des dix dernières années. C'est exactement ce qui est arrivé à Lars Leuenberger.
Engagé par Fribourg juste avant la Coupe Spengler, «Laser» a mené les Dragons au premier titre de leur histoire en remportant le tournoi davosien. Puis, il a redressé la barre, a réussi à qualifier son équipe directement pour les play-off et n'était qu'à une victoire de la finale. Déjà, bravo.
Mais surtout, c'est la suite qui m'impressionne le plus. À ce moment-là, «LL» a la cote. Pourtant, il retourne dans l'ombre et devient assistant de Roger Rönnberg lorsque le Suédois débarque à la BCF Arena. Habitué à sortir tous les soirs pour répondre aux questions des médias, Lars Leuenberger ne vient désormais qu'un match sur dix, lorsque «Radio Freiburg» souhaite une brève réaction.
Entendons-nous pour autant des bruits venant du vestiaire d'un Lars Leuenberger qui se plaint de sa situation? Non. Professionnel jusqu'au bout des ongles, le Saint-Gallois accepte son rôle. Jusqu'au moment où un club de National League va venir toquer à la porte des Dragons. Là, il devra faire un choix. Mais le jour où Lars Leuenberger décidera de partir, personne à Fribourg n’aura le droit de lui en vouloir: lui n'a jamais fait de bruit, seulement son travail.
Matthias Davet