«En play-off, ce ne sont pas les goals que tu marques qui te font gagner des matches, ce sont ceux que tu n’encaisses pas!» © Alain Wicht/La Liberté
Ancien attaquant de Gottéron et Berne, Gil Montandon a raccroché les patins en 2009. Avec 1070 matches de ligue A à son actif, il a écrit de longues pages du hockey suisse. Durant ces play-off, il partage ses impressions pour «La Liberté».
«Allô! Non mais allô, quoi? Ils étaient où les Fribourgeois jeudi à Kloten? Mardi, ils avaient fait tout juste. 48 heures plus tard, tu ne vois plus les mêmes joueurs, plus la même équipe sur la glace. Gonflés comme des ballons de baudruche, ils pouvaient vraiment construire sur cette victoire. Ils pouvaient s’appuyer sur quelques certitudes. Au lieu de ça, ils sont passés au travers. J’ai été vraiment surpris.»
«Je ne sais pas si Fribourg s’est vu trop beau ou trop bon, mais en tout cas, j’ai vu beaucoup de lacunes. Il faut être malin, savoir se contenir. En play-off, ce ne sont pas les goals que tu marques qui te font gagner des matches, ce sont ceux que tu n’encaisses pas! Il faut entrer sur la glace avec l’envie de défendre le 0-0 coûte que coûte. Il faut être prêt à y laisser sa vie. Après, si une opportunité se présente, il faut essayer de la saisir, mais il ne faut surtout pas partir à l’abordage et prendre des risques inconsidérés.»
«Kloten est malin. Certes. Mais je constate surtout que Fribourg n’arrive pas à s’adapter. Il faudrait jouer plus simplement. Un exemple: à un moment donné, Gottéron s’est fait tourner autour. Après une vingtaine de secondes, les Fribourgeois récupèrent enfin le puck. Au lieu de le sortir de la zone défensive, ils essaient de construire quelque chose en dribblant des adversaires. Il faut arrêter de se prendre la tête et dégager ce puck, quitte à concéder un dégagement interdit. Ce n’est pas jouer petit bras, c’est jouer super-malin. Cela casse le momentum de l’adversaire, cela permet de souffler, de se repositionner. En NHL, des défenseurs sont payés des millions de dollars pour dégager des pucks contre le plexiglas. En Suisse, ils sont payés des clopinettes à côté de ces stars et ils essaient de dribbler trois gars. A un moment donné, il faut se montrer pragmatique. Pour jouer simple, il faut être intelligent, mais ce n’est pas donné à tout le monde…»
«Gottéron peut-il s’en sortir? Mathématiquement, le coup est encore jouable. Il ne faut pas s’attendre à une surprise du côté de Kloten, cela fait cinq matches qu’il joue pareil. Il ne sert à rien de sortir la vidéo ou de changer de système maintenant, c’est l’instinct de survie qui va faire la différence. Il faut mettre du noir sous les yeux, se montrer rugueux et livrer une guerre des tranchées.»
«Gottéron n’est pas dans une position hyperconfortable, mais ce n’est pas encore gagné pour Kloten. Les Zurichois se rapprochent de la finale, ils vont commencer à gamberger un peu. En sport, rien n’est jamais donné. Seule la vérité de l’arène fait foi. Fribourg, lui, n’a plus rien à perdre. Il peut ranger sa calculette, car désormais il n’y a plus rien à calculer.»
Gil Montandon