Ancien attaquant de Gottéron et Berne, Gil Montandon a raccroché les patins en 2009. Avec 1070 matches de ligue A à son actif, il a écrit de longues pages du hockey suisse. Durant ces play-off, il partage ses impressions pour «La Liberté».
«Sur le plan émotionnel, Gottéron n’a pas encore lancé ses play-off. C’est le contexte qui me fait dire ça. René Matte a beau jeu d’affirmer que la série contre Ambri n’a pas été si facile que ça – que pourrait-il dire d’autre dans sa position? –, mais on ne m’enlèvera pas l’idée que les Tessinois ont rendu la vie facile aux Fribourgeois. Les trois autres demi-finalistes ont dû se battre pour en arriver là, pas Gottéron. Si vous ajoutez à ça neuf jours de pause – c’est beaucoup –, vous arrivez à la conclusion que pour l’équipe de Kossmann, les play-off commencent ce soir.»
Sur le papier, cette affiche Gottéron-Kloten promet. Je n’aurais pas été si catégorique si les Fribourgeois avaient dû affronter Lausanne. Après la série contre Zurich, le LHC aurait débarqué à Saint-Léonard complètement cuit. Mettre autant d’émotions et d’énergie durant sept matches, c’est remarquable, mais terriblement usant. Lausanne n’aurait pas pu présenter le même visage en demi.
Contre Kloten, par contre, c’est du 50-50. Après la saison régulière, unseul petit point séparait ces deux clubs. Et ce n’est pas un hasard. Si tuadditionnes la valeur intrinsèque des vingt joueurs majeurs de chaqueéquipe, les totaux seront àpeu près identiques. Kloten patine beaucoup, Fribourg aussi. Les Zurichois ne basent pas leur jeu sur le physique, ont des étrangers qui tiennent la route et un gardien qui ena vud’autres. Autant de caractéristiquestrès proches de celles de Gottéron.
Côté fribourgeois, il faudra se mettre à niveau, celui d’un adversaire qui a dû cravacher pour passer les quarts en remportant quatre matches de rang et qui compte tout de même cinq vice-champions du monde dans ses rangs. Mais je pense que Gottéron a les arguments pour contrer les Zurichois. Pour autant qu’il ne se repose pas sur le seul talent de ses joueurs-clé. Car cette fois, ça ne suffirait pas.
En quarts, Fribourg a inscrit près dela moitié de ses buts en situation spéciale. A la ramasse, les joueurs d’Ambri avaient toujours ce petit temps de retard ou ce manque de lucidité dans le placement qui te pousse à commettre la faute. Je n’imagine pasKloten leur offrir autant d’occasions d’évoluer avec un homme de plus sur la glace. Kossmann devra donc trouver des solutions à cinq contre cinq.
En résumé, Kloten est un client sérieux pour des Fribourgeois qui n’auront pas d’autres choix que de mettre tout ce qu’ils ont sur la glace. Mais si tu passes une équipe comme celle-là, tu abordes la finale avec le vent dans le dos. Et ce peut être très bénéfique à Gottéron.»
Gil Montandon