Jean Lussier (ici en 1980), joueur canandien du HC Fribourg-Gottéron de 1978 à 1984. © Jean-Jacques Robert
Cette semaine, jeunes ou moins jeunes lecteurs, nous vous invitons à un modeste voyage dans le temps. Allez hop, c'est parti!
Choses qui n'existent plus: les patinoires non couvertes, les matches se disputant sous d'abondantes chutes de neige, les championnats qui se terminent à la mi-février, les promotions et les relégations à la fin de chaque saison.
La sobre élégance des maillots, aussi, de même que les entraîneurs-joueurs, les matches nuls, l'arbitrage à deux et l'étranger dont on voyait au premier coup de patin qu'il s'agissait d'un étranger.
L'obligation d'écouter la radio ou d'attendre le journal du lendemain pour connaître tous les résultats. Les cannes en bois qui gèlent, les soirs de froid sibérien, et se brisent pour un rien.
Les joueurs canadiens moustachus
Le thé au rhum servi aux joueurs à chaque pause, quand ce n'est pas du rhum accompagné d'une goutte de thé. Les Canadiens à moustache tels Jean Cusson, Gaëtan Boucher, Bernard Gagnon, Jean Gagnon, Jean Lussier, Dan Poulin, Gaston Gingras, Mel Bridgman, Mike Bullard, etc.
Les fumeurs et les nuages de fumée quasi «tchernobylesques» dans les patinoires couvertes. Les casques Jofa tout légers comme celui de Jean Lussier à Fribourg, casques qu'on trouverait aujourd'hui inadéquats pour protéger un enfant de quatre ans circulant en trois-roues dans un square désert.
Arosa champion suisse. Les gardiens ne portant pas de masque. Les Augustins et ses joyeux spectateurs, sur les gradins, qui font la fondue. La ligue B bien plus emballante, certaines années, que la ligue A. Des joueurs de ligue B titulaires en équipe nationale. Un capitaine aussi parfait que René Huguenin à La Chaux-de-Fonds.
La Rolba qui assure le spectacle
Choses qui n'existent vraiment plus du tout: les patinoires qui, pour certains chocs au sommet, accueillent beaucoup plus de monde qu'elles ne peuvent en contenir. Les retransmissions télévisées qui diffusent non pas des spots publicitaires, entre les tiers-temps, mais le parcours complet de la Rolba sur la glace. La présence en LNA de clubs comme Ajoie et Herisau. La bonne franquette.
Choses qui n'existaient pas autrefois: les patinoires chauffées, les normes de sécurité, la laideur des maillots, les spectacles qui précèdent les matches, la bière à cinq francs ou plus.
Les Suisses qui jouent en Amérique, les agents, les consultants, les statistiques, les champions qui totalisent plus de mille matches en carrière.
Les commotions cérébrales, ainsi que les loges V.I.P. et les boutiques pour fans. L'arbitrage à quatre, les décisions prises après consultation des images vidéo, les prolongations en cas de score nul, les étrangers moins bons que des types du troisième bloc.
Merci à la page 241 du TeleText
Choses qui n'auraient pas pu exister avant: Swisscom TV, alias Teleclub, et la page 241 du TeleText. La possibilité de ranger le Lausanne HC parmi les clubs sérieux.
Les spectateurs qui arrivent cinq minutes après le début du match et ceux qui partent dix minutes avant la fin. Le public comptant de nombreuses spectatrices qui, hélas, sont en général déjà accompagnées.
Choses qui existeront toujours: Ambri, Langnau, Arno Del Curto et la Coupe Spengler. Les bratwurst du Kleinholz à Olten, Paul-André Cadieux et la présence d'au moins un joueur nommé Aeschlimann ou Hoffmann en ligue nationale.
Les chäs-brägu de l'Ilfis à Langnau, l'intense lumière qui inonde l'anneau, la victoire, la défaite, les émotions qui tiennent chaud, le bonheur des enfants.
Sans oublier cet amour du hockey qui est peut-être plus grand encore que le hockey lui-même.
Pascal Bertschy