"Sous un maillot qui se porte avec fierté, si tu le portes; il faudra le mouiller !" Fan's Club Fribourg Gottéron

30 mars 2016

Messieurs les commentateurs de la RTS pourraient-ils cesser de nous gâcher les matchs de hockey ?



Les guignols de l'info du hockey 
(Lausanne Sport VS SC Bern)
C'est seulement sur RTS Sport !



J'aurais pu prévenir beaucoup de critiques en jouant à l'esprit sérieux et en tentant d'analyser par exemple la faiblesse des analyses ou des questionnements dans les domaines politique, social, judiciaire, culturel ou médiatique. Cela m'aurait permis d'échapper à ma "beaufitude" et d'obtenir sans doute aussi l'assentiment de mon épouse lassée de mes billets "sportifs" !

Mais je persiste dans ma résolution initiale car je ne vois pas de raison de ne pas traduire sur mon blog l'agacement que j'extériorise parfois dans des tweets annonçant que je regarde le match, que j'ai coupé le son pour échapper aux commentaires et qu'ainsi je jouis de Beethoven sur des exploits techniques à l'écran.

On pourrait soutenir que les commentaires sont périphériques et que, si on a cette qualité bien utile de l'indifférence, on ne fait pas attention à eux en se concentrant sur les images. Mais ce n'est pas possible. En tout cas, moi je n'y parviens pas.

Le seul critère étant, pour moi, que notre vision et notre attention ne soient pas détournées de l'essentiel qui est l'image - j'ose dire qu'on ne regarde pas seulement une image mais qu'elle est tellement signifiante et "parlante" en elle-même qu'on l'écoute -, tout ce qui vient inutilement et avec profusion nous empêcher de focaliser sur elle est malvenu.

Au risque d'apparaître, sur ce plan comme sur d'autres, pour ce que je suis : fièrement passéiste, je continue à juger absurde cette tendance qui a commencé il y a des années et a mis fin au commentateur unique. Ce dernier, même quand il n'était pas le meilleur ou au meilleur, ne gênait jamais par son monologue purement explicatif au point de nous saouler d'informations inutiles et de digressions sans intérêt. Il ne pouvait pas occulter l'image qui était plus forte que sa solitude. Il aidait au lieu de déranger.

Cette perversion médiatique, une fois engagée, a continué de plus belle et, comme souvent avec le conformisme français, est devenue un rituel frôlant le grotesque pour ne pas dire qu'il y tombe.

La RTS a poussé à son paroxysme ce ridicule à tel point que je me demande quand le processus s'arrêtera. N'aura-t-on pas un jour autant de commentateurs, d'analystes, d'hommes ou de femmes de terrain et de consultants, pour un même match, que de joueurs ? Autant constater que dorénavant l'image n'est plus ce qu'on doit regarder en priorité mais ce qui mérite d'être étouffé, écrasé parce que n'importe quel plumitif, avec son verbe volubile et imparfait, vaudrait mieux qu'elle !

Une digression sur Roland Garros où d'insupportables commentateurs dégoulinent durant les échanges me tenterait trop mais restons proche du puck !

Je souffre trop de la médiocrité de la plupart sur le plan du vocabulaire et de l'oralité pour revenir sur ce que j'ai souvent dénoncé. On m'a confirmé que ces qualités d'expression n'avaient pas la moindre importance pour les choix de sorte que, pour reprendre l'exemple des présents au bord du terrain, un Jean-Marc Rossier, ou Marc-André Berset au questionnement inepte, est privilégié au détriment d'un John Nicolet.

Que se passe-t-il quand, en règle générale, un journaliste et un ancien hockeyeur, en relation avec un tiers chargé du terrain, s'adonnent à leur activité principale qui est d'enivrer le téléspectateur pour le laisser à la fin du match aussi abruti et épuisé que les valeureux combattants sur le terrain ? Le consultant répète ce qu'a dit le journaliste et nous avons donc droit à des échanges qui sont d'une pauvreté absolue puisque, dans la même minute, l'un et l'autre, avec un enthousiasme feint, sont incapables d'offrir un apport autonome. Chacun est le perroquet de l'autre.

Et le comble est que de plus en plus le téléspectateur est expulsé du spectacle puisque le trio au complet mène une conversation, rit de ses propres saillies et se désintéresse totalement de ce qui devrait être sa seule tâche : justifier son utilité par sa qualité. Il a son monde et nous entrave dans l'appréhension du nôtre.

Je ne me fais aucune illusion. On va multiplier ces calamités médiatiques parce que le mythe du travail en équipe a fait beaucoup de mal et va continuer à dévaster. Il faut être plusieurs à cumuler des vices plutôt qu'être seul avec sa vertu !

La langue française sera de plus en plus malmenée et la volubilité profuse et trop souvent contente d'elle continuera à nous exaspérer. On considérera que le hockey ne mérite pas mieux !

Il y a pourtant des irremplaçables, des personnalités qui tranchent et dont on regrette qu'elles ne soient pas assez mises à l'honneur par rapport à la place insensée concédée à la masse des remplaçables. En totale subjectivité assumée mais aussi évaluation technique et intellectuelle, je songe, ici ou là, à Laurent Bastardoz, Pascal Droz, Philippe Ducarroz, ou encore Philippe von Burg.

Une prière modeste. Je ne demande presque rien. Que certains commentateurs ne me gâchent pas les matchs et me laissent face aux images ! Elles disent plus et mieux qu'eux !

Nous sommes assez grands pour savoir si un but a été marqué ou non.

Egger Ph.