"Sous un maillot qui se porte avec fierté, si tu le portes; il faudra le mouiller !" Fan's Club Fribourg Gottéron

14 octobre 2017

«J’ai toujours rêvé de jouer avec Julien Sprunger»


Axel Simic
Age. 18 ans
Domicile. Gumefens
Formation. Maturité fédérale
Taille. 1,74 m
Poids. 76 kg
Poste. Attaquant
Club actuel. Lausanne Hockey Club (LNA)
Parcours. HC Bulle-la Gruyère (jusqu’à 9 ans, en piccolo), Fribourg-Gottéron (jusqu’à 15 ans, minitop), Lausanne HC (jusqu’à 16 ans novices et juniors élites), Blainville-Boisbriand Armada puis Moncton Wildcats (jusqu’à 17 ans, LHJMQ, Canada), Lausanne HC (depuis août 2017, LNA)




Depuis le début de la saison, Axel Simic est régulièrement aligné en LNA avec le Lausanne Hockey Club. Le Gruérien de 18 ans bénéficie d’un temps de glace conséquent pour son âge. Il évolue également dans les situations spéciales.

Aucun moyen de se tromper de propriété: des cannes de hockey et un but sont appuyées contre la façade. Un jeune homme ouvre la porte de la maison familiale avec un large sourire. Lui, c’est Axel Simic. En ce début de championnat, le Gruérien domicilié à Gumefens a fait sa place au sein du contingent du Lausanne Hockey Club. Le jeune homme de 18 ans, expatrié au Canada durant une saison, a pris le temps de raconter son quotidien rythmé par le sport d’élite et les études. Avant de rencontrer son ancien club Fribourg-Gottéron, demain à Malley (15 h 45), il a détaillé ses ambitions et fait part de ses craintes à la suite du changement ‘‘surprise’’ de l’entraîneur Dan Ratushny ce mercredi.

Après une saison en demi-teinte au Canada, en Ligue junior majeure du Québec (LHJMQ), vous patinez depuis trois mois avec les professionnels du LHC. Comment expliquer cette progression?

Je suis moi-même surpris de la tournure des événements. Je souhaitais rester deux ans outre-Atlantique pour apprendre certaines facettes du hockey nord-américain. Puis, revenir au pays – en LNA ou en LNB – selon les possibilités. Mais rien ne s’est passé comme prévu et j’ai changé de club à Noël. Alors, en fin de saison, je n’ai pas eu d’autre choix que de rentrer en Suisse. Au bénéfice d’un contrat de formation avec Lausanne, j’ai commencé la préparation estivale avec les juniors élites. Enfin, j’ai intégré la première équipe au début août lors du camp d’entraînement à Villars. Depuis, je n’ai plus quitté l’alignement.

Vous dites ne pas avoir eu le choix de rentrer au pays. Pour quelles raisons?

Il y a uniquement deux joueurs européens qui peuvent griffer la glace dans la LHJMQ. Etant donné que le club a terminé le championnat en fond de classement, il peut «drafter» (sélectionner) un premier choix. Je serais alors devenu surnuméraire.

Que retenez-vous de cette expérience?

Humainement, j’ai perfectionné mon anglais tout en faisant de belles connaissances. Il faut dire que j’ai vécu dans une famille d’accueil exceptionnelle. Sur le plan sportif, j’ai appris à jouer plus rapidement et donc à prendre les informations avant de recevoir le puck. A cause des surfaces de jeu sensiblement réduites, le contact physique y est permanent. Je me frottais sans arrêt à des gars cinq à dix kilos plus lourds que moi. Finalement, j’ai compris que je devais être constant et performer à chaque match pour ne pas être relégué en tribunes.

Quelles sont les différences avec le jeu en Suisse?

Déjà, nous jouons une soixantaine de matches en saison régulière, contre une quarantaine ici en juniors élites. La réputation des joueurs européens, techniques et mobiles, fait des jaloux auprès des jeunes joueurs canadiens. Car avec ce rythme de compétition, nous n’avions pas le temps de travailler les bases. L’analyse vidéo prend alors le dessus. Ce dernier aspect est d’ailleurs bien plus présent que dans les clubs helvétiques. Enfin, la concurrence est infernale. Le coach n’avait pas de patience et n’hésitait pas à moduler ces lignes à la moindre erreur individuelle d’un joueur.

A Lausanne, vous avez un temps de glace inespéré (moyenne de 11’ 01” par match) pour un jeune de votre âge. En êtes-vous conscient?

Oui, bien sûr. Tout ce qui m’arrive n’est que du bonus. Je me donne à fond aux entraînements et je pense avoir une bonne éthique de travail. J’amène de l’énergie, du trafic sur le but et un bon forechecking pour récupérer la rondelle. Toutefois, je patine encore avec les juniors élites. C’est essentiel pour ma progression, car je n’ai pas du tout le même rôle à endosser. Je peux porter le puck, installer un power-play et assumer beaucoup plus de responsabilités.

A 18 ans, vous êtes au crépuscule de votre carrière et votre marge de progression est importante. Quelles sont vos objectifs, vos rêves?

Comme tout joueur de hockey, je songe à la NHL (il soupire un court instant). Mais pour y parvenir, j’ai encore beaucoup de choses à apprendre et à prouver. A court terme, je souhaite confirmer ma place en LNA en obtenant un contrat professionnel. Mais aussi participer aux championnats du monde juniors à Buffalo, du 26 décembre au 7 janvier. Enfin, d’ici trois à quatre saisons, j’aimerais avoir un rôle important au sein du club tout en évoluant avec l’équipe nationale.

L’entraîneur Dan Ratushny vous accordait de la confiance et du temps de jeu. Ne craignez-vous pas un revirement de situation avec Yves Sarault, le nouvel nommé?

Non, je ne crains pas ce nouveau contexte. Je suis optimiste, bien que je ne sache pas encore exactement quel sera mon temps de jeu. Le nouveau coach ne m’a donné aucune garantie à ce sujet. Cependant, cela ne me poserait aucun problème de patiner avec les juniors élites. A mon âge, le plus important est de jouer. Je vais toutefois me battre pour garder ma place et montrer que je mérite du temps de glace en LNA.

Le LHC tourne au ralenti en ce début de championnat. Comment expliquer ce manque de résultat?

Les joueurs étrangers sont neutralisés par nos adversaires. Nous, les Suisses, devons faire la différence. Nous avons également perdu trois rencontres en prolongation. De plus, nous comptons deux matches de retard sur certains de nos concurrents directs.

Alors comment inverser la tendance?

Yves (Sarault) nous a confié vouloir apporter une certaine structure tactique, sans tout chambouler. Il n’y a pas lieu de paniquer. Le système a fait ses preuves la saison passée, il s’agit donc de retrouver nos principes de jeu et de se concentrer sur les détails. Soyons plus attentifs et actifs défensivement, tout en développant notre jouerie et notre créativité offensive.

Un retour à Fribourg-Gottéron est-il envisageable à terme?

On ne sait jamais de quoi l’avenir sera fait, donc je ne dis pas non. En tout cas, cela me ferait chaud au cœur d’être contacté. Et puis, j’ai toujours rêvé de jouer avec Julien Sprunger. Alors qu’il se remettait de blessure, Julien était venu s’entraîner avec nous (moskitos de Gottéron). A ce moment-là, il m’a véritablement marqué. J’ai trouvé son attitude très humble et cool. A mes yeux, il était une véritable star.

«Rassurer mes parents»

Pour un jeune talent, il n’est pas toujours facile de concilier formation académique et sport d’élite. Alors, une fois sa scolarité obligatoire terminée, Axel Simic a choisi d’intégrer le CSEL (Centre Sport-Etudes de Lausanne). «Quand je jouais dans le mouvement junior de Fribourg-Gottéron, je partais tôt le matin pour aller en cours ou à  l’entraînement. Je rentrais chaque soir lessivé, vers 22 heures. Ce rythme était devenu impossible à suivre pour moi.» Le canton ne disposant alors pas de réelles structures sport-études, la Direction de l’instruction publique, de la culture et du sport a mis en place des mesures d’aides pour les espoirs et talents (Sports-Arts-Formation). Il s’agit d’aménagements au niveau des horaires dans le but de faciliter la coordination entre l’école et la carrière sportive ou artistique. Mais cette structure ne peut pas être comparée avec celle du voisin vaudois.

Horaires adaptés à la situation sportive

Alors, plusieurs Fribourgeois se sont expatriés vers la capitale olympique. Grâce au CSEL, le club lausannois attire et encadre les talents romands. Le suivi entre l’école privée qu’il fréquente, le CSEL, le club et les parents y est permanent: «J’appelle régulièrement la directrice d’Axel pour savoir comment il se comporte, mais aussi pour la planification. Puis, je recherche un feedback sportif auprès de Jan Alston, directeur technique du LHC», assure Jean-Marc Gerber, directeur du centre sport-études. Alors, quand la question de l’exil a été évoquée, l’attaquant n’a pas hésité. «J’avais besoin de changer de structure sportive et voir autre chose. Le CSEL m’a plu tout de suite et il a surtout rassuré mes parents (rires).»

Le joueur profite en effet de cours d’appuis, de coa-ching individuel, de devoirs surveillés en plus d’un psychologue au sein même du complexe. «Mon horaire a été totalement adapté à ma situation sportive. Ainsi, je peux rentrer au centre vers 16 heures et faire mes devoirs sous le contrôle de professeurs. Je consacre ensuite beaucoup de temps à la régénération», détaille Axel Simic. Mais le choix de quitter le cocon familial et de sortir de sa zone de confort, à l’âge de 15 ans, n’est pas chose aisée pour un adolescent. «Axel a toujours été bien encadré par ses parents. Mais il a également mûri et emmagasiné de la confiance à la suite de son année au Canada», conclut Jean-Marc Gerber. Ne dit-on pas que les voyages forment la jeunesse?

Real Raemy