"Sous un maillot qui se porte avec fierté, si tu le portes; il faudra le mouiller !" Fan's Club Fribourg Gottéron

17 septembre 2024

Est-ce l'année ou jamais pour Fribourg-Gottéron ?

 

Candidat au titre depuis de nombreuses années en National League, Fribourg-Gottéron attend toujours désespérément le 1er trophée de son histoire. Alors que les cadres suisses prennent de l'âge, les Dragons feraient bien de ne pas laisser leur fenêtre de tir se refermer... Avant la reprise, deux fameux anciens joueurs du club, Olivier Keller et Pascal Schaller, nous livrent leurs impressions.

Julien Sprunger est désormais orphelin de son compère Andreï Bykov, qui a raccroché ses patins en fin de saison passée (et qui aurait pu se voir offrir une meilleure fin par son club de toujours, mais ça, c'est une autre histoire...). Pour l'ensemble de son oeuvre, le capitaine fribourgeois mériterait vraiment de décrocher le titre. Récompense qui serait également légitime pour tout un canton amoureux du hockey.

"C'est tout le mal qu'on souhaite à Sprunger", acquiesce Olivier Keller, défenseur du HCFG de 1993 à 1999. "J'espère pour lui qu'il va tout casser cette saison", ajoute le Genevois de 53 ans.

Est-ce même l'année ou jamais pour Fribourg-Gottéron, alors que ses vieux briscards Reto Berra (37 ans), Raphael Diaz (38), Chris DiDomenico (35) et Sprunger (38) s'approchent de la fin? "C'est bizarre que ce club ne soit pas encore devenu champion, car depuis plusieurs années, tout est réuni pour qu'il y parvienne", constate Keller.

En ce sens, l'important engouement populaire entourant Gottéron constituerait-il une arme à double tranchant, paralysant les Dragons au pire moment? "A Fribourg, on rêve du titre depuis très longtemps, admet Pascal Schaller, attaquant de Gottéron entre 1987 et 2001. Cette attente peut augmenter la pression".

LE MERCATO: L'effectif n'a pas subi de gros changements. A souligner tout de même l'arrivée de Yannick Rathgeb, auteur de 29 points la saison passée avec le HC Bienne. L'ex-joueur de Bridgeport en AHL est l'un des meilleurs arrières offensifs de la ligue.

C'est surtout derrière le banc que Gottéron connaît son plus gros changement: Pat Emond a pris la relève de Christian Dubé. Le Canadien, qui a conduit GE-Servette en finale en 2021, assure l'intérim jusqu'à la venue du Suédois Roger Rönnberg, l'entraîneur de Frölunda, la saison prochaine.

"Je n'ai vraiment pas compris cette stratégie, qui met une certaine pression sur Emond, assène Keller. Le groupe va-t-il le suivre, alors qu'on sait qu'il n'est là que pour un an?" Selon Schaller, Emond est un coach aimant le dialogue et ouvert d'esprit, des caractéristiques dont Fribourg avait grandement besoin.

LES GARDIENS: Berra reste sur un Mondial mitigé à titre personnel (1 seul match joué). Au niveau national, l'ex-portier de Colorado reste une référence. Mais le Zurichois porte le but quasiment sur ses seules épaules: son second, Bryan Rüegger (23 ans), est en effet peu expérimenté. Sur le papier, Gottéron semble donc fragile à ce poste, surtout en cas de blessure ou de méforme de son no1.

"Berra est une tour, mais tu dois avoir 2 bons gardiens pour aller au bout", acquiesce Keller. "Ce sera important de le décharger par moments, ajoute Schaller. Car avec la Ligue des champions et la Coupe Spengler, le travail ne manquera pas. Rüegger a du potentiel mais aura une certaine pression, car les exigences seront là au niveau des résultats".

LES DÉFENSEURS: Fribourg peut se targuer d'avoir du beau monde dans ce compartiment de jeu. Le Suédois Andreas Borgman et l'Américain Ryan Gunderson sont toujours de la partie, ainsi que Diaz, champion en 2021 avec Zoug. Benoît Jecker a pour sa part pris de la bouteille en disputant ses premiers matches internationaux l'hiver dernier.

Surtout, l'arrivée de Rathgeb permet d'étoffer encore davantage le power-play. Enfin, Dave Sutter, longtemps ennuyé par une pubalgie en 2023/24, sait aussi comment gagner. Le Valaisan de 1m95 a été sacré en 2018 avec Zurich.

"La défense, très expérimentée et bien fournie en bons joueurs suisses, est le point fort de Fribourg, estime Schaller. Et Rathgeb amène une certaine stabilité".

LES ATTAQUANTS: Là aussi, Gottéron a de quoi bomber le torse. Le Suédois Marcus Sörensen, meilleur compteur de la dernière saison régulière, ses compatriotes Jacob de la Rose et Lucas Wallmark, le Canadien DiDomenico et son tempérament chaud bouillant; sans oublier Sprunger, Killian Mottet et surtout Christoph Bertschy, qui a hissé presque à lui tout seul la Suisse en demi-finales lors du dernier Championnat du monde face à l'Allemagne: tous ces joueurs ont les qualités requises pour emmener Gottéron sur le toit de la ligue.

Pour Keller, il s'agira toutefois de ne pas répéter les mêmes schémas qu'en 2023/24. "Sörensen a réussi une saison régulière incroyable avant de devenir un fantôme en playoffs. Il faudra que les leaders prennent davantage leurs responsabilités quand ça compte vraiment".

"Sprunger peut toujours faire des étincelles, clame pour sa part Schaller. DiDomenico apporte beaucoup d'émotions et d'énergie. Et Bertschy fait partie des meilleurs Suisses. C'est peut-être le joueur le plus complet de notre championnat".

QUELS OBJECTIFS ?

Le titre est évidemment l'objectif déclaré de Gottéron. Mais... "Chaque année, c'est pareil. L'équipe n'y arrive pas en playoffs. C'est mentalement que le bât blesse", argue Keller. Après l'élimination en 5 manches face à Lausanne ce printemps en demi-finales, "les attentes seront encore plus élevées que l'année passée", pense pour sa part Schaller.

Alors que toutes les planètes sont alignées pour enfin récolter un 1er sacre - patinoire moderne, budget conséquent, effectif de qualité -, Fribourg-Gottéron, s'il laisse passer sa chance, pourrait bien devoir attendre longtemps avant de se retrouver dans une pareille position. Car l'après-Sprunger ne sera pas si facile à construire. C'est donc (encore) l'année ou jamais...

rts.ch