En expédiant Fribourg-Gottéron directement en demi-finale de la Coupe Spengler, la victoire des hockeyeurs finlandais de Kärpät Oulu sur les Tchèques du Dynamo Pardubice, samedi soir, a offert une plage de répit au personnel du chalet fribourgeois de Davos. Dimanche aux alentours de midi, et pour la première fois depuis le début de la compétition jeudi, l’atmosphère était un peu moins effervescente dans le chaleureux édifice provisoire érigé à côté de la Vaillant Arena. Un coup d’œil sur la liste des réservations pour la soirée suffisait toutefois à comprendre que la pause n’était que de courte durée, avant le grand retour en piste des Dragons ce lundi.
A deux pas de là, au stand de Hot Fondue paré aux couleurs du Gruyère AOP, on reprenait aussi son souffle. «Je pense qu’on a servi 400 à 450 hot fondues rien que le premier jour», estiment Jérome Voisard et Marc Roubaty. «Comme c’était le seul jour de match assuré pour Gottéron, il y a eu une vague de Fribourgeois. Ils devaient représenter 80% du public entre ici et la patinoire.» Les fans allemands des Tigres de Straubing se sont aussi montrés très friands de fondue, semble-t-il, de même qu’un certain nombre de Canadiens culinairement aventureux.
Chalet bondé
Véritables ambassades fribourgeoises au cœur du territoire davosien, le chalet et le stand à fondue ont donc rempli leur office en propageant la bonne parole du canton noir et blanc. Reste que la grande majorité de leur clientèle est, jusqu’à présent, arrivée en ligne directe depuis Fribourg. Selon les estimations d’Albert Kruker, directeur de l’organisation touristique Destination Davos Klosters, la Coupe Spengler devrait attirer cette année environ 100 000 spectateurs, dont quelque 20 000 Fribourgeois venus soutenir leur équipe-phare.
De fait, la présence des supporters des Dragons a été très visible ce week-end dans la station grisonne, bien que les joueurs de Gottéron n’aient pas disputé de match samedi et dimanche. Après la victoire des Finlandais d’Oulu samedi soir, le chalet fribourgeois était littéralement bondé et de nombreux amateurs de fondue formaient une file d’attente devant ses portes.
Arrivés vendredi à Davos, Maxime Maendly, Anthony Berger et Nicolas Tissot sont quand même parvenus à décrocher le graal: une réservation pour seize personnes à 20 h 45. «Débarquer ici dans un endroit où tu ne mets généralement jamais les pieds et tomber sur 3500 Fribourgeois, c’est juste génial», s’exclame Anthony Berger. «Il y a un tel engouement pour cette Spengler, c’est vraiment hors normes. On prend un tel plaisir à être là!»
Chants de victoire
Pour Pierre-Alain Morard, directeur de l’Union fribourgeoise du tourisme (UFT), l’opération séduction mise sur pied en marge du tournoi davosien est jusqu’ici une franche réussite. Doté d’une capacité de 120 places réparties entre 20 tables, le chalet fribourgeois est devenu une véritable attraction. «L’ambiance est chaleureuse et bon enfant. Plus on avance dans la soirée, plus ça devient animé. Vendredi, les gens ont chanté pour la victoire de Gottéron», salue-t-il.
Pour servir en moyenne 600 fondues par jour, il faut un personnel rodé et efficace. Il a été fourni par le HC Fribourg-Gottéron et son manager gastronomie Frédéric Andrey. Travaillant déjà régulièrement à la BCF Arena, Celina Belhocine et Margaux Beccarelli se sont ainsi joyeusement portées volontaires pour venir servir les clients du chalet fribourgeois. «Les gens sont vraiment sympas. Pour la plupart, ce sont des fans de Gottéron que nous avions déjà croisés à Fribourg. Par rapport à ce que nous voyons à la BCF Arena, on est davantage dans une ambiance montagnarde. C’est un peu comme si nous étions à la montagne avec des Fribourgeois», sourient les deux jeunes femmes, qui peuvent aussi profiter un peu de leur séjour davosien et assister à une partie des rencontres à la Vaillant Arena grâce à des billets fournis par l’organisation.
Partyschlager sous cantine
Si le chalet fribourgeois se veut une ode à la culture et au terroir, certains fans des Dragons lui font parfois des infidélités en allant s’encanailler sous la Fanzelt, la grande fanzone-cantine érigée spécialement pour la Coupe Spengler à côté de la patinoire du HC Davos. Dans une ambiance survoltée, des centaines de fans y suivent les matches de leurs équipes favorites entre deux interludes festifs au son des tubes de Peter Wackel et d’autres stars du Partyschlager.
Vendredi soir, elle était bondée lorsque a retenti la sonnerie finale du match victorieux de Gottéron contre Kärpät Oulu. Les supporters des différentes équipes en lice s’y mélangent sans heurts et dans une joyeuse ambiance d’après-ski. La plupart des fans saluent cette atmosphère détendue, où les rivalités parfois exacerbées du championnat n’ont plus leur place.
Une anecdote racontée par Guy Page, venu à Davos avec un maillot de Gottéron ayant appartenu à son oncle, l’illustre parfaitement: «Jeudi en places debout, un trafic de boissons s’est mis en place», explique-t-il. «Tu appelles le gaillard qui est tout en bas devant la glace et tu lui dis que tu aimerais huit bières. Tu balances un billet de 50 francs qui passe de main en main jusqu’en bas, et on te renvoie ta commande avec la monnaie dans un carton. Je ne pense pas que ce serait possible pendant un match de championnat…»
Frontières effacées
«Tu peux discuter avec n’importe quel supporter, même un Bernois, il n’y a aucun problème», renchérit Pascal Defferrard, croisé un peu plus loin. «On boit une bière tranquille et tout va bien. Il y a un côté beaucoup plus familial que dans le championnat.»
Comment ça, le hockey pourrait donc former une grande famille transcendant les limites cantonales? Peut-être. Ce qui est certain, c’est que tous les supporters de Gottéron ne sont pas fribourgeois. Rencontrés vendredi devant la Vaillant Arena, Beat Bächler et Manuela «Manu» Christen sont soleurois et fans inconditionnels depuis bien longtemps. «En ce qui me concerne, c’est à cause de Slava (Bykov, ndlr)», sourit Manu. Beat, lui, est tombé dans la marmite des Dragons il y a une trentaine d’années, lorsqu’un cousin l’a emmené à la patinoire. Assistant régulièrement aux matches à la BCF Arena, c’est tout naturellement qu’ils ont fait étape au chalet fribourgeois samedi.
Marc-Roland Zoellig