En effectuant un bricolage «gotteronesque», Gerd Zenhäusern s'est tapé sur les doigts en voulant réparer quelque chose qui n'était pas cassé. Au moment de se séparer de Christian Dubé pour le remplacer par Pat Emond, le directeur sportif fraichement nommé a pris un sacré risque. Un risque inutile. Après seulement trois mois à la tête de Fribourg Gottéron, Pat Emond a été débarqué.
Le Québécois n'a évidemment pas fait tout juste depuis son intronisation. Mais il était également clair dès les premières minutes qu'il était assis sur un banc éjectable. Il n'y a qu'à l'intérieur des murs de la BCF Arena que personne ne semblait avoir conscience de l'instabilité absolue de cette décision incompréhensible.
Cet été, lorsque les dirigeants de Fribourg Gottéron défendaient cette solution illogique, il ne fallait surtout pas leur parler de saison de transition ni même de bricolage. Ils avaient droit au bénéfice du doute malgré un scepticisme évident. Mais même les hommes de bureaux fribourgeois se sont rendus à l'évidence. C'était une erreur. Ils auraient probablement dû agir plus tôt. En octobre, le constat d'échec était déjà criant.
Mais Pat Emond, dans cette histoire, est surtout la victime consentante. Bien sûr, il a accepté la proposition de Gerd Zenhäusern. Mais comment lui jeter la pierre? Lorsque l'on vous propose l'un des 14 plus prestigieux postes de la Ligue, il est difficile de refuser. Surtout dans une organisation demi-finaliste de National League. Mais l'expérimenté technicien a peut-être sous-estimé la difficulté de ne rester en poste que pour 12 mois non renouvelables. Le directeur sportif aussi.
Il reste à souhaiter pour le dirigeant que son choix d'intérimaire est le bon. Il est du moins on ne peut plus logique. Lars Leuenberger sera en effet l'entraîneur assistant de Roger Rönnberg à compter de la saison prochaine à Fribourg, même si personne ne le confirme pour le moment. Pourquoi d'ailleurs? Ne serait-ce pas un bon moyen d'expliquer qu'en lui donnant les clés du camion durant quelques mois, cela permet de lancer le prochain cycle en douceur. Sera-ce suffisant pour ramener un peu de calme (et de succès) à la BCF Arena?
Aujourd'hui, Fribourg Gottéron paie quoi qu'il arrive les pots cassés par Gerd Zenhäusern au moment de sa session de bricolage estivale. Le club de la BCF Arena a désormais trois entraîneurs sous contrat simultanément, dont un seul travaille. On a connu première saison en poste plus calme pour un directeur sportif.
Au final, ce micmac porte ombrage à l'arrivée prévue de Roger Rönnberg qui, rappelons-le, est une excellente décision. Mais l'entre-deux a été géré à la petite semaine. Et c'est l'échec de Gerd Zenhäusern. Pas celui de Pat Emond.
Grégory Beaud