On ne saura jamais si la présence de Daniel Audette avec Fribourg pour la Coupe Spengler est liée au départ de Chris DiDomenico. Étourderie de journaliste qui oublie de poser LA question centrale. Car les deux hommes partagent, outre la nationalité canadienne, le port du No 88. C’est donc avec «son» chiffre que le Québécois évolue sous le maillot des Dragons. Comme à Lausanne et Ajoie.
Toujours est-il que sa montée à Davos s’est négociée sur le tard. Gerd Zenhäusern, directeur sportif des Dragons a eu du mal à trouver des renforts pour la Coupe Spengler. «Je crois qu’il y a eu des discussions entre les deux clubs pour savoir si c’était possible, nous a-t-il expliqué. Ensuite, Kloten m’a demandé si je voulais venir jouer.» La réponse n’a pas tardé. «Bien sûr, rigole-t-il. C’est toujours un bon moment de jouer à Davos. L’environnement est génial et le tournoi très compétitif. Cela ne se refuse pas.»
En tant que joueur canadien, il aurait également pu être sélectionné par la sélection nationale pour jouer à Davos. A-t-il eu le choix? «La question ne s’est jamais posée en ces termes. Fribourg m’a contacté et j’ai accepté.» Daniel Audette n’avait pas envie d’effacer l’affront de l’élimination prématurée des Canadiens la saison dernière. «Je veux faire mieux avec Fribourg. C’est un bel objectif également. Nous sommes déjà en demi-finales et peut-être mieux.»
Avec Fribourg Gottéron, l’attaquant n’a pas eu beaucoup de temps à s’adapter à un nouvel entraîneur. Cela tombe bien puisque ses éphémères coéquipiers sont, eux aussi, en phase de découverte avec Lars Leuenberger, nommé voici une semaine seulement. «C’est vrai que j’ai été logé à la même enseigne, rigole-t-il. C’est intéressant de vivre cela depuis l’intérieur, car Fribourg est aussi en train de vivre un nouveau départ.» Une adaptation compliquée avec ses nouveaux coéquipiers? «On parle tous la même langue: le hockey sur glace. Donc cela rend tout assez facile. C’est presque plus compliqué d’arriver dans l’hôtel en ne connaissant presque personne plutôt que sur la glace (rires).»
Une vitrine
L’attaquant est en fin de contrat à Kloten. Cette Coupe Spengler est aussi une vitrine pour lui en vue de la suite de sa carrière. «C’est une belle opportunité pour démontrer ce que je sais faire, précise-t-il. Mais c’est surtout cool de jouer du hockey compétitif. Depuis que je suis jeune, j’ai l’habitude de jouer les play-off, mais rarement des tournois. Ce format est extrêmement intéressant.»
Avec son club de Kloten, Daniel Audette vite également une période faste. «Les gens sont peut-être surpris, rigole-t-il. Mais nous sommes confiants dans notre système et cela semble nous réussir pour le moment.» Avec 57 points, les banlieusards sont solidement accrochés à la cinquième place. «Nous avons de très hautes attentes pour la suite, car nous sommes convaincus de la manière dont nous travaillons.»
Dans le Grand Zurich, Daniel Audette a retrouvé deux vieilles connaissances: Niko Ojamäki et Miro Altonen. Avec les deux hommes, il a vécu l’une de ses meilleures saisons en carrière dans le championnat de KHL. «Miro m’a beaucoup parlé avant que je signe, précise-t-il. Je pense qu’il a également parlé au directeur sportif. C’est sûr que l’alchimie qui existe entre eux et moi nous aide à avoir de bons résultats. Nous nous entendons très bien sur la glace, mais également en dehors.»
Rudiments de finnois
En tant que joueur canadien, il avoue n’avoir aucune peine à cohabiter avec les deux Finlandais. «Ce sont des gens qui peuvent paraître gênés au premier abord, constate-t-il. Mais dès que tu les connais un peu mieux, tout est plus simple. Ce d’autant plus que nous avons trois profils très complémentaires.» Les deux Nordiques ont même appris des rudiments de finnois à celui qui les aide à vivre une saison réussie. «Je ne suis pas sûr d’avoir le droit de dire en interviews les mots que je ne connais dans cette langue (rires).»
En attendant, il pourra se contenter du français avec une partie du vestiaire qu’il partage le temps d’une semaine.
Grégory Beaud