Les play-offs sont une aubaine pour les talents ignorés, les valeureux attaquants, les non-conformistes et les barbes grises. Car quand un joueur star se blesse, ils saisissent l'occasion, se montrent et parviennent souvent à compenser son absence.
Pas de top-scoreur
Non, la perte d'un ou plusieurs éléments clés durant les play-offs n'est pas une raison de sombrer dans la dépression. Si un hockeyeur est absent pour cause de blessure ou suspension, mais que les 20 autres joueurs de champ plus le gardien de but augmentent leur performance de 10% ou plus, afin de compenser son absence, on obtient alors une équipe plus performante.
Gottéron le prouve sur la glace. Après les deux premiers matchs du quart de finale face à Berne, les Fribourgeois ont perdu sur blessure Jacob de la Rose, troisième meilleur marqueur. Ils composent aussi sans leur meilleur buteur Lucas Wallmark, blessé lors de l'acte deux de la demi-finale contre Lausanne.
Mais ce n'est pas un problème. Fribourg-Gottéron a éliminé le troisième de la saison régulière en sept matchs et mène actuellement 3-2 dans sa série face au LHC. En cas de victoire ce jeudi à domicile, les Dragons disputeront une cinquième finale, après celles de 1992, 1993, 1994 et 2013, toutes perdues. Cela, juste parce que des talents ignorés, de valeureux attaquants, des non-conformistes et des barbes grises ont endossé les responsabilités.
Un quatuor Dorthe-Walser-Rathgeb-Sprunger
Le talent ignoré des Fribourgeois se nomme Jan Dorthe, 19 ans. C'est un junior formé au club, de retour en Suisse au printemps dernier après une année d'apprentissage en Suède. Qu'il puisse faire la différence dans les prolongations d'une demi-finale de play-offs semblait aussi improbable qu'un retour de Dino Stecher, le gardien des finales de 1992, 1993 et 1994.
Et pourtant, c'est bien lui qui a inscrit samedi dernier le but de la victoire à la 82e minute de l'acte quatre contre Lausanne. Ce n'était que son troisième match de play-offs. Auparavant, Jan Dorthe n'avait marqué que deux buts en 36 rencontres de saison régulière. Il ne joue les parties décisives que depuis que Lucas Wallmark et Jacob de la Rose sont absents.
Samuel Walser est un attaquant valeureux. Traduction: il ne rechigne pas à défendre et est même payé pour cela. En raison de ses obligations défensives, il n'a inscrit qu'un seul but cette saison en qualification. Or il en est déjà à quatre en douze matchs de play-offs. Parce qu'il parvient à assumer les responsabilités offensives nouvellement attribuées depuis la perte des deux attaquants étrangers. Il est possible que Patrick Fischer le sélectionne avec la Nati pour la deuxième fois de sa carrière pour un Mondial, après celui de 2016.
A Fribourg, le non-conformiste se nomme Yannick Rathgeb. En saison régulière, le défenseur a été temporairement forcé par son entraîneur Patrick Emond à suivre les matchs depuis les tribunes. Le nouveau coach Lars Leuenberger a corrigé cette folie et voici qu'en play-offs, Rathgeb déchire la ligne bleue. En onze matchs, il a déjà marqué plus de buts (4) qu'en 44 rencontres de qualification (3). Sans pour autant négliger ses obligations défensives. Son bilan «+/-» est en effet meilleur en play-offs (+6) qu'en saison régulière (+1).
Enfin, la barbe grise fribourgeoise n'est autre que celle du capitaine Julien Sprunger, 39 ans depuis le mois de janvier. Plus dominant en play-offs (12 matchs/7 points) qu'en qualification (52 matchs /23 poins), il rappelle Jaromir Jagr ou Gil Montandon.
Klaus Zaugg