"Sous un maillot qui se porte avec fierté, si tu le portes; il faudra le mouiller !" Fan's Club Fribourg Gottéron

3 mars 2013

Finis ton assiette, sinon c’est «Cœur de Dragon»!


A peine enregistré, le nouvel hymne officiel du HC Fribourg-Gottéron est déjà diffusé dans les cellules de Guantánamo, pour briser psychologiquement les détenus. Décryptage.

Finis ton jambon, sinon c’est «Cœur de Dragon»! Grâce au nouvel hymne officiel de Fribourg-Gottéron, composé par le groupe gruérien Catillon, des générations de petits Fribourgeois vont filer droit. Ecouter «Cœur de Dragon», c’est la punition ultime, de celles qui bouleversent les destins et font basculer des vies. L’être humain n’est pas programmé pour résister à «Cœur de Dragon». En réaction, il fera tout ce qui est en son pouvoir pour que cesse la féroce litanie. Essayez-la à l’heure des repas, quand le petit commence à triturer le haricot flétri, à dessiner des sillons dans la sauce figée, quand il rechigne à gober la cornette tiède en marmonnant un pitoyable «ai plus faim».

Généralement, quelques mesures suffisent. Le résultat est spectaculaire. L’assiette est avalée en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, léchée, ripolinée. Dans l’enchaînement, tout en implorant la grâce du DJ, il remplit fissa le lave-vaisselle, sort le chien, déblaye la neige et insiste pour rembourser, avec intérêts, son argent de poche de la semaine.

«Cœur de Dragon» a dès sa première diffusion, eu des effets dévastateurs. C’était la semaine dernière à Saint-Léonard, lors de la rencontre Gottéron-Kloten. A 4-0, les hockeyeurs fribourgeois ont levé le pied, de peur d’en mettre un cinquième et de se manger une fois encore l’infernal refrain. Déjà, la CIA exploite le phénomène. A Guantánamo, dit-on, elle utilise «Cœur de Dragon» à plein volume pour briser psychologiquement les détenus récalcitrants.

Rien d’étonnant à cela, tant l’œuvre de Catillon inspire la crainte et la fascination. Tout y est: la fureur, l’émotion de la foule, la brutalité et la férocité du hockey sur glace. Jamais ce sport n’avait été magnifié en chanson avec autant de pertinence. Il y a trente ans, le regretté Cabaret Chaud 7 («Avec Gaston, ça vaut des ronds, Gottéron») avait placé la barre très haut. Mais «Cœur de Dragon» boxe dans la catégorie supérieure. On entend déjà les mauvaises langues affirmer que les arrangements sonnent comme ceux des Musclés sur le plateau du Club Dorothée, que les trois accords que n’aurait pas renié Jon Bon Jovi ne s’écoutent plus que dans quelques bars d’altitude sur la rive gauche de la vallée du Rhône, ou que Radio Fribourg a déjà sélectionné le titre pour sa playlist faramineuse. Mais qu’importe. L’essentiel est ailleurs.

«Cœur de Dragon», c’est d’abord cette intro percussions-cris du public-guitare qui vous plonge instantanément dans l’ambiance incandescente de Saint-Léonard. Pas le temps de reprendre ses esprits que cette voix nasillarde juste ce qu’il faut, au bord de se noyer, vous saisit aux tripes. Et le barde déroule. Premier couplet, première baffe, magistrale:

Fendre la glace
Toujours plus fort
Pour gagner des places
Pas peur de l’effort
Pas besoin de discours
Car ici c’est Fribourg

On reste en apnée pour le refrain. Tiens, prend ça dans ta gueule:
Cœur de dragon
Toujours champion
Cœur de dragon
Allez! Allez! Gottéron
Une ultime respiration, plus romantique avant le final, scandé, et non plus chanté. L’apogée d’une dramaturgie savamment orchestrée:
L’union c’est notre force
Et notre esprit est féroce
Gottéron est le vainqueur
Et l’élu de nos cœurs
Allons fans Allons
Tous derrière Gottéron

(Scandé) Une voix, un cœur
Une ville, un canton
Tout le monde à peur
D’affronter Gottéron



Sauf respect pour nos amis musiciens gruériens: des Catillon, on en a brûlées pour moins que ça.


Vincent Chobaz