Des écharpes insultant les supporters de Gottéron refont surface à Berne. Mais personne ne bouge...
Entre supporters de Fribourg-Gottéron et du CP Berne, les noms d’oiseaux ont l’habitude de voler. Sur leur rivalité historique, les deux camps semblent capables de broder sans fin. Y compris des écharpes. Ainsi, samedi soir, à la fin de l’acte II de la finale des play-off, qui se jouait à Berne, les téléspectateurs ont pu voir à l’écran deux partisans du SCB déployer chacun une pièce de tissu portant une insulte. «Gottéron, fils de p...» «Fribourgeois, trous du c....» L’image, bien que furtive, a fait réagir des fans fribourgeois sur les réseaux sociaux, y compris sur la page de «La Liberté».
Ces écharpes vont-elles refaire leur apparition ce soir? De mémoire de suiveurs du hockey sur glace, cela fait plusieurs années qu’elles circulent. En toute impunité, apparemment. «Pour qu’il y ait une sanction, il faut qu’il y ait une plainte», justifie Ueli Schwarz, directeur du sport d’élite à la Fédération suisse de hockey sur glace. Or, pour ce qui concerne le match de samedi, «c’est vous qui m’apprenez la présence de ces écharpes. De notre côté, nous n’avons reçu aucune indication, ni des deux clubs, ni des arbitres.»
D’après le règlement de la Fédération pour l’ordre et la sécurité, néanmoins, ces écharpes relèvent d’un «comportement inconvenant». Sont notamment considérés comme tel, «l'exhibition de banderoles ou bannières au contenu raciste, sexiste ou infamant, les chants et les paroles au contenu raciste ou infamant». En cas d’infraction dénoncée, le juge unique est saisi, explique Ueli Schwarz. La sanction qu’il prononce peut aller jusqu’au retrait de la licence du club.
Cela n’est jamais arrivé jusqu’ici. Pire, entre les Zaehringen, ces écharpes d’insultes aux Fribourgeois – qu’on trouve d’ailleurs en vente sur internet – semblent faire partie du folklore. «J’en ai marre de cette histoire de rivalité entre Fribourg et Berne», lâche Marc Lüthi. Ces écharpes, le manager général du CP Berne les connaît, le club en a déjà confisqué - sans toutefois sanctionner leurs propriétaires. Broutilles, que tout cela...
«Bien sûr, elles sont insultantes et moches, mais en matière de sécurité, nous avons d’autres priorités», soupire pour sa part Raphaël Berger, directeur du HC Fribourg-Gottéron. Qui ajoute que les fans du Dragon ne sont pas tous non plus des enfants de chœur. «Et vouloir aller enlever ces écharpes dans la foule créerait plus de problèmes qu’autre chose.»
Roger Schneeberger refuse cette forme de banalisation. «Ces insultes ne sont pas tolérables, car elles suscitent de la haine», estime le secrétaire général de la Conférence des directeurs cantonaux de justice et police. «Et une telle action risque de provoquer des réactions du camp adverse.»
Alors, que faire? Aujourd'hui, il incombe au club recevant de faire la chasse aux écharpes injurieuses; les autorités civiles ne peuvent rien faire, explique M. Schneeberger. Mais grâce au futur concordat intercantonal instituant des mesures contre la violence lors de manifestations sportives, les cantons pourront soumettre la tenue de matches à des conditions. Et infliger des sanctions au club qui laisserait ses fans arborer des banderoles ou des écharpes insultantes. Entre autres pénalités possibles, l’obligation d’interdire d’entrée les coupables, ou la fermeture d'un secteur de la patinoire.
Le Grand Conseil bernois a accepté ce nouveau concordat le 20 mars dernier. Comme le délai référendaire court toujours, la date de son entrée en vigueur n’est pas connue. Pour sa part, Fribourg ne s’est pas encore prononcé. I
Serge Gumy