Il manque encore quelque chose à ce Gottéron 2014. Par Alex
Mené 3-1 par Kloten en demi-finale des play-off, Gottéron ne cesse de répéter qu’il est la meilleure équipe sur la glace. Un discours plutôt inquiétant.
Fribourg-Gottéron avait pour ambition de faire mieux que la saison dernière. Après sa défaite en finale contre Berne et quelques transferts qu’il pensait judicieux, le Dragon se voyait bien soulever enfin ce trophée derrière lequel il patine depuis son accession en ligue A il y a 34 ans. Une deuxième place en saison régulière sans forcer, un quart de finale contre le modeste Ambri-Piotta «poutsé» en quatre matches, le plan se déroulait à merveille… jusqu’à cette demi-finale face à Kloten.
Contre un adversaire qui ne manque pas d’arguments, les Fribourgeois sont en train de se casser les dents. Pire, après leur défaite de jeudi, ils se retrouvent au bord du précipice. Menés 1-3 dans la série, ils n’ont plus le droit à l’erreur. Une formule pour le moins paradoxale quand on songe aux innombrables bévues commises par les Dragons depuis le début de la demi-finale.
«C’est rageant»
Hier matin à Saint-Léonard, joueurs et entraîneurs ont cherché à positiver. «On est la meilleure équipe sur la glace. Depuis le début de la série, on s’est créé 67 occasions contre 47 à Kloten. Notre power-play est efficace avec 28% de réussite. Mais à la fin, c’est Kloten qui gagne. C’est rageant pour un entraîneur», avoue Hans Kossmann.
Un sentiment d’impuissance qu’on retrouve dans la bouche de Marc Abplanalp. «On a eu des occasions, mais la chance n’est pas avec nous. Il ne faut pas changer grand-chose. Il faut juste continuer à travailler fort pour provoquer cette chance.» Lâché par son gardien, plombé par un système défensif laxiste et pénalisé par une offensive pas assez tranchante, Gottéron a pourtant beaucoup à corriger. «On peut s’améliorer dans les trois domaines», reconnaît l’entraîneur des Dragons.
Kloten en veut davantage
Malmené par Davos en quart de finale, Kloten avait su réagir en optant pour une tactique plus attentiste. Gottéron n’aurait-il pas intérêt à changer de méthode, quitte à jouer contre nature? «On peut attendre l’adversaire, mais pour cela, il faut que l’autre équipe attaque», réagit René Matte, l’entraîneur assistant, qui estime que Gottéron «a tout ce qu’il faut pour gagner».
Si le discours se veut résolument optimiste, le fameux «body language» (le langage corporel) est autrement plus alarmant. Cette saison, les Dragons n’ont pas le sens du sacrifice. Ni en défense, où ils ont lâchement abandonné Benjamin Conz, ni en attaque où ils sont bien peu nombreux à aller devant le but, «là où ça fait mal» pour reprendre l’expression chère aux hockeyeurs. «On pourrait être plus compact devant notre but. On peut aussi s’aider davantage, mais il est faux de dire qu’on se repose les uns sur les autres», assure Abplanalp, qui préfère s’en prendre aux arbitres. «Ils ne nous laissent rien faire», regrette-t-il.
L’efficacité de Kloten, le manque de réussite, les détails, les sautes de concentration, les arbitres, la chance,etc. Gottéron vivrait dans le déni qu’il ne tiendrait pas un autre discours. Inquiétant. Il reste quelques heures aux Dragons, aveuglés par leur domination territoriale mais stérile, pour se rendre compte que si Kloten mène dans cette série, c’est juste parce qu’il en veut plus. Tout simplement.
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AU PROGRAMME :
FR-GOTTÉRON - KLOTEN FLYERS
«Tout le monde doit faire plus»
Fribourg-Gottéron. Mené 3-1 dans la série, les Dragons se retrouvent dos au mur. «On se crée des occasions, mais on pèche à la concrétisation, analyse Hans Kossmann. C’est rageant pour un entraîneur. Il faut s’appliquer pour soigner les détails. Tout le monde doit faire un peu plus.» Hier matin, l’entraînement sur glace était optionnel pour les joueurs. Un choix surprenant lorsqu’on se retrouve mené 3-1 dans une série, non? «Allez voir à Genève, Zurich ou Kloten: vous verrez bien qu’ils ne sont pas non plus tous sur la glace!», réagit Kossmann plutôt courroucé qu’on ose s’interroger sur son choix. «Si j’ai procédé ainsi, c’est pour donner la priorité à la régénération. La semaine a été chargée et on a encore trois matches en cinq jours qui nous attendent.»
Kloten Flyers. Les Zurichois sont en position de force. Après leur belle réaction de jeudi (5-2), ils ont trois balles de match dans leur poche. Pour s’éviter des sueurs froides, les Aviateurs tenteront de plier la série dès ce soir. «Kloten joue bien. Il trouve toujours une réponse», lâche Kossmann.
Infirmerie. Le gardien Kevin Huber, qui a relayé Benjamin Conz jeudi durant le dernier tiers, souffre d’une cheville. «Il va devoir porter une attelle durant quatre semai-nes. Sa saison est terminée», annonce Kossmann, qui inscrira le nom d’Urban Leimbacher demain sur la feuille de match. Absent jeudi à Kloten, Jérémie Kamerzin est encore incertain. Il a rechaussé les patins quelques minutes hier matin. «Une décision sera prise le jour du match», précise Kossmann. Rien de nouveau à Kloten: Du Bois et Stoop sont blessés. Tous les autres se sont entraînés normalement hier matin à l’exception de Jenni et von Gunten qui tiendront néanmoins leur place ce soir.
Sous la loupe. Hans Kossmann doit-il amener du sang frais dans son équipe en titularisant le colosse Jurcina ou en relançant Lauper ou Brügger? Le coach fribourgeois va se laisser encore quelques heures de réflexion. «J’ai un jour pour y réfléchir», disait hier Kossmann. «Il serait peut-être bien de changer quelque chose, mais en même temps il me semble difficile de reprocher quelque chose à l’un de nos quatre étrangers…» Sortir Hagman, Pouliot, Mauldin ou Kwiatkowski ne garantirait en effet aucune plus-value aux Dragons. A moins qu’un bon électrochoc…
Chaud. Après des semaines de mutisme, DuPont et Mueller ont retrouvé le chemin des filets jeudi. Un sursaut dont se serait bien passé Gottéron.
Froid. Comme Benjamin Conz. Depuis le début de la série, le gardien jurassien, peu aidé par ses coéquipiers, perd clairement son duel à distance avec Martin Gerber.
Glacé. 0 but, 0 assist et seulement 8 tirs au but en quatre matches: Julien Sprunger, décisif en quart de finale contre Ambri, passe complètement à côté de sa demi-finale des play-off. Il est grand temps de se réveiller.
François Rossier